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Elles pourraient ne plus être en mesure de poursuivre leur cheminement

Coupures en francisation: Deux étudiantes se confient

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21 novembre 2024
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Damaris Fernandez vient du Paraguay. Elle a immigré au Québec il y a 1 an et demi. Diana Bustos a pour sa part, quitté sa Colombie natale pour s'établir ici il y a maintenant deux ans. Outre leurs origines latines, Damaris et Diana ont en commun leur désir de s'intégrer à la culture québécoise et d'apprendre les rouages de la langue de Molière. La première était psychologue pour les enfants et les adolescents. La deuxième, commerçante. 

La vie a voulu que ce soit dans Vaudreuil-Soulanges qu'elles aient décidé de s'établir et c'est à travers les cours de francisation offerts par le Centre de services scolaire des Trois-Lacs (CSSTL), en mai dernier. Dans les derniers jours, elles ont débuté le niveau 4 de leur programme de francisation. Cependant, les coupures budgétaires jettent une ombre sur leur parcours d’intégration et il n'est pas garanti qu'elles pourront poursuivre leur cheminement.

« Malheureusement, il a fallu faire des choix difficiles pour respecter le budget alloué. Nous avons dû couper un certain nombre d’étudiants, une décision loin d’être arbitraire, mais imposée. Ce qui reste, c’est un programme qui va jusqu’au niveau 4 pour beaucoup. Pourtant, les niveaux supérieurs, comme 5, 6 et 7, sont cruciaux pour une maîtrise complète de la langue », explique  Martine Delsemme, enseignante à la francisation au Centre des Belles-Rives, situé à Vaudreuil-Dorion.

En cinq mois, Damaris et Diana ont acquis un niveau de français fort impressionnant, leur permettant de communiquer aisément et surtout d'être autonomes dans leur communauté d'accueil.

« En cinq mois, on peut commencer à communiquer. Le programme est très bien pour ça. Il nous aide vraiment  à nous intégrer dans la culture québécoise », poursuit Damaris. 

« En 5 mois, nous avons beaucoup d'informations. On peut arriver à s'intégrer, à aller à la pharmacie, à aller chez le médecin. Les Québécois aiment de voir les immigrants parler le français », renchérit Diana.

Une famille loin de la maison

Pour Damaris et Diana, les cours de francisation ne sont pas qu’un moyen d’apprendre une langue, mais une passerelle vers une nouvelle vie. 

« Pour moi, la francisation, c’est plus qu’apprendre une langue. C’est trouver une nouvelle famille. Mes parents et mes frères habitent toujours au Paraguay, mais grâce à ces cours, j’ai rencontré des gens d’autres pays qui vivent des réalités semblables à la mienne. Ensemble, nous créons des liens, nous nous soutenons. Ça m’aide à devenir autonome et à me sentir intégrée », confiait à Néomédia, Damaris.

Même son de cloche chez sa collègue de classe, Diana. « Ces cours sont un premier outil pour commencer à s’intégrer et pour trouver un travail ici. Nous savons que nous pouvons contribuer avec notre expertise, mais pour y arriver, il faut commencer par apprendre la langue. » 

« Tous nos étudiants reconstituent une microfamille ils se retrouvent avec des gens qui vivent même questionnement et il se développe de belles amitiés », ajoute l'enseignante.

Au-delà des avantages d'intégration, de l'apprentissage d'une nouvelle langue et d'une nouvelle culture, les programmes de francisation ont de nombreux bienfaits sur le bien-être des nouveaux arrivants. «La francisation aidait à ne pas être isolée.Ça me donnait une routine, une motivation. Je sais que quand tu es isolée, c'est facile de faire une dépression », ajoute Damaris.

Et demain ?

Bien que le CSSTL ait réussi à conserver, à temps partiel, les niveaux 5 à 7, selon Mme Delsemme, il flotte quand même un nuage d'incertitude sur l'avenir du programme et, qui plus est, sur l'avenir de ceux et celles venus s'établir ici sous la promesse d'avoir accès aux ressources nécessaires pour faciliter leur intégration. 

« Les coupures créent beaucoup d’incertitude. Pourtant, les niveaux avancés, même à temps partiel, sont essentiels. À partir du niveau 4, les étudiants peuvent se débrouiller à l’oral, aller chez le médecin ou au magasin, mais ils commencent vraiment à écrire et à maîtriser la langue dans les niveaux supérieurs. Ces cours permettent aussi de transmettre l’amour pour la culture québécoise, ce qui favorise leur sentiment d’appartenance », de dire l'enseignante.

« Le programme de francisation ne sert pas seulement à apprendre une langue. Il aide à créer une communauté, à motiver les gens à s’intégrer et à contribuer à la société québécoise. Nous, les nouveaux arrivants, voulons nous investir ici, mais nous avons besoin de ces outils pour réussir. Les enseignants nous transmettent l'amour pour la culture québécoise. Ça nous amène à être curieux. Autre chose que je vois ce sont les profs immigrants qui sont passés avant nous. Ils nous donnent la motivation. On les voit et ça nous donne l'espoir », confie Damaris.

« C'est important de faire savoir aux étudiants qu'on les comprend et que nous avons passé par le même cheminement, le Québec est une terre d'accueil. Quand ils voient des gens, réussir ça les motive », ajoute Martine Delsemme, elle-même immigrante de la Belgique.

D'ici la fin de leur niveau 4, en février prochain, Diana et Damaris devront réfléchir à leurs options. « J'espère que l'on pourra continuer. Si nous ne pouvons pas, je vais chercher comment je peux continuer à étudier le français et j'aimerais aider les autres immigrants », espère Damaris.

Pour sa part, Diana, considère peut-être prendre une pause et voir quelles sont ses options, même si cela retardait ses projets. « Mon rêve est de continuer à apprendre le français ».

Alors que les incertitudes planent sur l’avenir des programmes de francisation, des voix comme celles de Damaris, Diana et Martine rappellent leur importance. Reste à voir si leurs appels trouveront une oreille attentive parmi les décideurs.

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