« Attention à nos enfants, c’est peut-être le vôtre... qui sera privé de services professionnels »
3e grève des professionnels de l’éducation dans Vaudreuil-Soulanges
La centaine de membres du Syndicat des professionnelles et professionnels de l’Ouest de Montréal (SPPOM), oeuvrant au Centre de services scolaire des Trois-Lacs, ont une fois de plus, pris le le chemin des piquets de grève ce mercredi matin. Pour l’occasion, ils étaient rassemblés, en avant-midi, devant le Centre de formation des Belles-Rives de Vaudreuil-Dorion.
Pour cette troisième séquence de grève, les orthophonistes, psychoéducatrices psychoéducateurs, psychologues, orthopédagogues, conseillères et conseillers pédagogiques, conseillères et conseillers d’orientation, ingénieures et ingénieurs, analystes, bibliothécaires, conseillères et conseillers en communication, bibliothécaires, etc., demandent que Québec négocie équitablement avec tous les acteurs du réseau scolaire pour éviter un exode vers le privé dans les prochaines semaines.
« Actuellement, nous vivons une pénurie qui n’en est pas vraiment une puisqu’il y en a des employés disponibles. Ce qui arrive par contre c’est qu’ils tournent le dos au milieu scolaire et privilégient plutôt le secteur privé », a laissé entendre Carolane Desmarais, présidente du SPPOM qui ajoute que l’attrait pour le privé est très fort pour les professionnels du réseau.
Une négociation jugée inéquitable
Parce que le réseau de l’éducation est composé majoritairement de femmes, c’est tout son personnel, autant professionnel, de soutien et enseignant, qui accuse un important retard salarial quand on le compare avec leurs homologues de la fonction publique, du parapublic et du privé. Ce retard entraine de graves problèmes d’attractions et de rétention dans le réseau, dans tous les corps d’emplois qui contribuent tous à la réussite des élèves et au fonctionnement de l’école.
« Présentement, 85% des postes sont occupés par des femmes et que celles-ci sont en attente d’un règlement sur l’équité salariale depuis 2010 », ajoute la présidente.
« Les publicités teintées de demi-vérités dont nous inonde le gouvernement actuellement annoncent un ajout de ressources professionnelles. Même si cet ajout advenait réellement, nous prévoyons que ces postes ne trouveront pas preneurs et que c’est même l’inverse qui se produira. En choisissant d’apporter des correctifs salariaux visant seulement le groupe des enseignants, le gouvernement crée un déséquilibre qui mine le réseau de l’éducation au grand complet. Il crée des tensions invivables dans les équipes-écoles. Des profonds sentiments d’injustice et de colère se répandent parmi nos membres et le téléphone ne dérougit plus chez nous, surchargé d’appels de membres qui songent à quitter le bateau », poursuit Mme Desmarais.
Des emplois à risque ?
Le syndicat craint pour la survie de plusieurs corps d’emplois. Selon la présidente du SPPOM, 20% des membres songeraient à quitter le réseau, et ce, seulement qu’au Centre de services scolaire des Trois-Lacs. « Ça fait des années qu’il y a des postes de vacants et chaque poste non comblé prive les élèves des services auxquels ils ont droit. Nous savons tous que la prévention est hyper importante auprès des élèves. Malheureusement, en ce moment, nos membres n’arrivent pas à en faire. Ils sont plutôt dans l’intervention que dans la prévention », indique Mme Desmarais.
« Juin, c’est le moment de l’année où les centres de services planifient les effectifs et procèdent aux rondes d’affectations pour l’année scolaire prochaine. Nous sentons qu’un grand nombre de professionnels sont sur le point de se désister de leur poste et nous craignons des ruptures de services radicales dans la prochaine année. Le vrai mystère, ce sera de savoir combien il restera de professionnelles et professionnels à leur poste, en bout de course. Une question se pose : cherche-t-on à privatiser nos services? C’est une question qui concerne chaque québécois et chaque québécoise, parce que ce pourrait être l’enfant, le petit-enfant, le neveu, le cousin de chacun d’entre nous qui sera privé des services professionnels auxquels il a droit pour réussir, et ça, c’est inacceptable », ajoute Carolane Desmarais.
Un message aux parents
Consciente que la situation actuelle avec des demies journées de grève chamboule grandement la routine de milliers de parents, Mme Desmarais, tient à souligner ceci: « Sachez qu’il n’y a personne qui veut faire la grève. Mais ça fait maintenant plus d’un an que nous sommes en négociation et nous n’avons toujours pas de résultats. Or, la grève est le seul moyen légal que nous avons pour nous faire entendre. On sait que nous sacrifions une journée durant laquelle les élèves pourraient être en classe, mais nous le faisons pour éviter les impacts à long terme en raison du manque de professionnels », conclut-elle, tout en invitant les parents à interpeler leur député provincial pour espérer faire avancer les choses. « Au bout du compte, ce sont eux qui ont le pouvoir décisionnel ».
À l’instar du personnel de soutien, le Syndicat des professionnelles et professionnels de l’Ouest de Montréal est toujours en négociations avec Québec pour le renouvèlement de leur convention collective.
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