Négociations des conventions collectives du secteur public
Syndicat de l’enseignement des Seigneuries: mandat de grève adopté à 57%
Une grève générale illimitée pourrait très bien être déclenchée à partir du 31 mai par les membres du Syndicat de l’enseignement des Seigneuries (SES).
Réunis en assemblée générale virtuelle, ce lundi, les membres ont adopté à 57% la proposition de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) stipulant la tenue d’une grève générale illimitée. « Le mandat de grève est un cri du coeur. Le gouvernement doit nous écouter et considérer nos solutions », souligne le président du SES, François Montpetit.
En négociations depuis plus d’un an pour le renouvèlement de leur convention collective, les membres du SES déplorent la lenteur des discussions. « On constate un ras-le-bol chez les enseignants. L’objectif de ce mandat est de créer un déblocage à la table des négociations. Ça fait un an qu’on négocie avec la partie patronale et il n’y a aucune avancée. On refuse d’entendre les solutions et les propositions des enseignants », ajoute M. Montpetit.
Rappelons que le Syndicat de l’enseignement des Seigneuries représente 600 enseignants du secteur des jeunes, de l’éducation des adultes et le la formation professionnelle du centre de services scolaire des Trois-Lacs.
Les contrecoups des coupures libérales
Pour une première fois, selon le président, les membres du SES revendiquent de meilleurs salaires. « Nous nous sommes toujours battus pour les services aux élèves et l’allègement de la tâche, mais pour la première fois nous militons aussi pour le salaire. À l’automne 2019, quand la FAE a consulté les différents syndicats, pour la première fois, le salaire est ressorti comme une préoccupation. Ce que l’on vise, c’est de réduire le nombre d’années nécessaire pour atteindre le haut de l’échelle salariale et atteindre la moyenne canadienne. Actuellement, on nous offre une augmentation 5% pour 3 ans. Nous avons connu l’austérité libérale en 2015 et là, on en paie le prix. »
Selon François Montpetit, il faut, pour un enseignant, près de 15 ans de métier pour atteindre la dernière marche de l’échelle salariale. « Au Québec, nous avons 17 échelons alors que dans le reste du Canada c’est environ dix. Il faut réduire les échelons. Nous, ce que l’on souhaite, c’est d’améliorer le salaire, la tâche pour les enseignantes et enseignants de tous les secteurs (jeunes, éducation des adultes et formation professionnelle) ainsi qu’une composition de la classe respectueuse des enseignantes et enseignants ainsi que de leurs élèves à risque, élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) et des élèves à besoins particuliers. »
Revaloriser la profession
Pour M. Montpetit, tout passe par la revalorisation de la profession. « On veut mettre de l’avant des solutions pour que notre profession soit attirante, valorisée et respectée. Quand on se bat pour améliorer nos conditions de travail, on se bat aussi pour la réussite des élèves et par le fait même toute la société », poursuit le président.
Pour le SES, la pénurie actuelle est le résultat du choix du gouvernement de ne pas valoriser la profession. « On ne trouve personne pour remplacer, les listes de suppléants sont vides, on manque vraiment de professeurs. » François Montpetit ajoute même que depuis le 7 janvier, l’École secondaire de la Cité-des-Jeunes est à la recherche d’un enseignant d’anglais. Un professeur de français est aussi recherché.
« Présentement, des élèves n’ont pas accès aux services auxquels ils ont droit à cause de la pénurie d’enseignants. Par exemple, on demande parfois à des enseignants réguliers ou à des enseignants-ressources qu'ils prennent, à leur charge, des groupes de plus et par conséquent, ils ne peuvent offrir, aux élèves en difficulté, le support et l’aide dont ils ont besoin », déplore le président du syndicat. « La pénurie fait en sorte que le centre de services scolaire doit embaucher des professeurs non légalement qualifiés. Les parents ne réalisent pas à quel point il manque de profs, car ils ne savent pas nécessairement que celui ou celle qui enseigne à leur enfant n’a pas suivi la formation universitaire de quatre ans pour devenir enseignant », ajoute-t-il.
François Montpetit conclut : « On entend souvent dans l’opinion publique que les enseignants sont si bien, qu’ils sont gras dur. Alors, comment explique-t-on qu’il y ait tellement d’épuisement professionnel? Que les jeunes profs quittent la profession dans les cinq premières années? Qu’il y ait tant de départs à la retraite précipités? Qu’il manque autant d’enseignants? »