En mars dernier, une étudiante en Techniques d’éducation spécialisée au Collège de Valleyfield a vécu toute une aventure alors qu’une de ses publications Facebook a fait un tour du monde virtuel, sensibilisant au passage des dizaines de milliers d’internautes sur la vitesse à laquelle une nouvelle peut circuler sur les réseaux sociaux. 

C’est dans le cadre de son 3e stage collégial que Camille Deschamps a mis sur pied ce projet de prévention sur les réseaux sociaux. Depuis janvier, l’étudiante en Techniques d’éducation spécialisée complétait un stage en adaptation scolaire à l’école secondaire des Patriotes-de-Beauharnois. À la 2e semaine de stage, après une rencontre avec les jeunes qu’elle accompagnait, elle a remarqué que l’utilisation et la gestion des réseaux sociaux occasionnaient des situations stressantes pour plusieurs d’entre eux : des déceptions dans la recherche du plus grand nombre de J’aime et du nombre d’amis, l’attente de commentaires qui ne s’avèrent pas, la multiplication des publications de nature personnelle, des commentaires négatifs de certains « amis », etc. 

Elle a donc décidé de trouver un moyen de sensibiliser ces jeunes sur les dangers potentiels de l’utilisation des réseaux sociaux, notamment de Facebook, et de mettre en lumière l’importance de bien sécuriser sa plateforme et de faire attention à ce qu’on y dévoile, de comprendre que les vraies relations sont celles qu’on crée en dehors des réseaux sociaux, et que le nombre de J’aime n’a en fait aucun impact sur la personne que nous sommes. Ainsi, le 22 mars, Camille publiait une photo d’elle tenant une affiche demandant aux internautes de partager son image, puis d’indiquer en commentaire le nom de leur ville de provenance, afin de constater la vitesse à laquelle une photo voyage sur Internet. En moins de 6 heures, sa photo a été partagée plus de 10 000 fois et commentée plus de 30 000 fois. « Nous sommes parties du Québec, mais nous avons atterri au Mexique, au Brésil, en France, en République démocratique du Congo, au Niger, en Nouvelle-Calédonie, en Nouvelle-Zélande, en Chine, à Madagascar et plein d’autres endroits », de spécifier Camille sur sa page Facebook. 

En moins de 48 heures, Camille a également été invitée à accorder des entrevues sur dizaine de stations télévisées et radiophoniques provinciales pour expliquer la portée de son projet. On l’a entendu, entre autres à Énergie le matin (94,3fm), à Salut, Bonjour (TVA), sur les ondes de LCN et au 98,5fm, en échange direct avec le célèbre Paul Arcand!

Cette expérience lui a permis de mieux faire comprendre la portée et les impacts des publications sur les réseaux sociaux, mais également de constater la perte de contrôle sur les transformations possibles de l’image et de l’information. « Certains médias m’ont présenté comme une enseignante, alors que ma publication spécifiait clairement que j’étais technicienne en éducation spécialisée. Des internautes ont également créé des montages fictifs à partir de ma photo, dont une où je tenais David Beckham dans mes bras au lieu de l’affiche initiale! », de s’époustoufler l’étudiante. Avec son groupe de stage, elle a également traité de la confidentialité des renseignements personnels, de l’impact que peuvent avoir certaines publications sur les gens autour de nous et de la stratégie à adopter lorsque les gens font des commentaires négatifs sur notre page. « Plusieurs auraient tendance à riposter, mais ça ne sert à rien. Il ne faut pas accorder d’importance à ces commentaires. La meilleure chose à faire est d’ignorer ou de bloquer la personne qui vous dénigre ». Le groupe a aussi eu la chance de recevoir la visite de Marc-Antoine Montpetit, animateur du talk-show web Pas D’Temps À Perdre, qui leur a offert l’atelier « Comment se protéger sur Internet ».

Près de 3 semaines plus tard, Camille reçoit encore des messages, des demandes d’amitiés et des commentaires en lien avec sa publication, preuve de l’immortalité d’une publication sur Facebook. 

Et pour la suite…
Au terme de son stage à temps plein (4 jours/semaines), Camille aura eu neuf (9) rencontres avec son groupe au sujet des dangers potentiels de l’utilisation des réseaux sociaux. Récemment, un atelier synthèse a permis de constater de bons résultats, des améliorations au niveau des habitudes d’utilisation et de protection des informations chez ces élèves. « Les jeunes ont démontré beaucoup d’intérêt à l’égard à ce projet et ont posé beaucoup de questions tout au long du processus. Je suis très heureuse des résultats. Ma superviseuse de stage, Stéphanie Hovington, nous avait demandé de nous dépasser pour ce projet. Je crois qu’elle n’en demandait pas autant, mais je suis fière d’avoir pu faire grandir mon groupe de stage », d’ajouter Camille. À son avis, il reste cependant encore beaucoup de chemin à faire sur le sujet, puisque les jeunes trouvent dans les réseaux sociaux un réconfort virtuel dans le partage de leurs émotions

Concernant son appréciation du programme Techniques d’éducation spécialisée au Collège de Valleyfield, Camille reconnaît que ses connaissances lui ont permis de mener à bien son projet en lui fournissant les outils nécessaires pour l’animer et en respecter les limites. « Je suis consciente de l’importance de mes apprentissages au Collège de Valleyfield. Ils me permettent notamment d’appliquer, sur le terrain, les notions de savoir-être, de savoir-faire et de savoir, indispensables dans notre domaine professionnel. En plus, le Collège de Valleyfield offre la possibilité de compléter 3 stages dans des milieux variés alors que plusieurs autres cégeps en offrent que deux; c’est très intéressant », de conclure la future diplômée.  

En effet, Camille obtiendra son diplôme d’études collégiales (DEC) à la fin mai et poursuivra sa voie sur le marché du travail, idéalement à titre de TES auprès des adolescents dans le domaine de la santé mentale. Elle envisage également de poursuivre des études universitaires après quelques années de pratique. 

La direction du Collège de Valleyfield se joint à la communauté pour féliciter la persévérance et l’engagement de Camille Deschamps, et profite du moment pour lui souhaiter de grands succès dans ses projets d’avenir.