Par l'auteur et chercheur en histoire Marcel Labelle
Le passé judiciaire méconnu de Beauharnois raconté dans un livre
L’auteur, chercheur en histoire et citoyen de la région du Suroît, Marcel Labelle, signe un nouveau livre intitulé Quand Beauharnois était une ville d’avocats (1857 à 1903). Néomédia a pu aller à sa rencontre pour en apprendre plus sur ce nouvel ouvrage en vente au coût de 40$ auprès de M. Labelle et à l'Hôtel de ville de Beauharnois.
« J’ai découvert ce pan de l’histoire de Beauharnois, moins connu du grand public, lors de la rédaction du livre sur le 150ᵉ anniversaire de la Ville. Un chapitre de ce livre s’intéressait à cet aspect de notre histoire. J’ai donc décidé de pousser plus loin mes recherches et j’ai découvert beaucoup de choses intéressantes. Par exemple, Beauharnois était un des 17 chefs-lieux au Québec où on retrouvait un Palais de justice et une prison. À l’époque, ce bâtiment assez imposant prenait place au sommet de la rue Trudeau », lance-t-il d’entrée de jeu.
C’est en décembre 2021 que M. Labelle a commencé à travailler sur ce livre qui a été publié au cours des dernières semaines. « La Ville de Beauharnois m’en a acheté 100 exemplaires. J’en ai fait imprimer 250 et il m’en reste quelques dizaines à écouler à ce jour. Je suis chanceux de pouvoir compter sur le soutien de la Ville. »
Quatre décennies de droit pratiquées à Beauharnois
À l’époque, ces chefs-lieux étaient tous bâtis sur le même modèle. « On peut apercevoir une partie du bâtiment d’époque quand on regarde le Palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu. Celui de Beauharnois a fermé ses portes en 1903 après avoir été relocalisé à Salaberry-de-Valleyfield par la suite. Dans sa courte période en activité à Beauharnois, plusieurs personnalités importantes y ont pratiqué le droit, dont un ancien maire de Montréal et un ancien premier ministre du Québec », ajoute-t-il.
À cette date, le chef-lieu de Beauharnois inclut les districts de Châteauguay, Sainte-Martine et Huntingdon.
Malheureusement, en 2025, il ne reste plus de vestiges de ce lieu de justice sur le territoire de Beauharnois, si ce n’est que le nom du district judiciaire a été conservé jusqu'à ce jour même si le Palais de justice n’y est plus basé. La rue du Palais, qui permet d’accéder à la rue Trudeau, est aussi un souvenir de cette époque où Beauharnois occupait une place importante sur l’échiquier judiciaire de la province.
Ses recherches, faites dans le cadre de la rédaction de son livre, ont mené Marcel Labelle sur la piste de près de 75 avocats qui ont pratiqué leur métier au Palais de justice de Beauharnois. « Certains venaient même passer leurs vacances ici à l’époque. C’était très fashion de le faire (rires). »
Après sa fermeture, le Palais de justice de la rue Trudeau est demeuré désaffecté pendant de nombreuses années. « J’ai découvert, durant mes investigations, que les pierres du bâtiment ont servi lors de certaines constructions qui ont vu le jour sur le territoire municipal par la suite. Par exemple, le muret de pierre du parc Sauvé de Beauharnois, un legs du député Delpha Sauvé de l’Union nationale, a été érigé avec ces pierres en 1939. Tout comme la façade de la résidence qui accueille La Légion royale canadienne et l’annexe de l’église presbytérienne Saint-Edwards. J’imagine aussi que certaines maisons privées ont aussi pu être bâties à partir de ces mêmes pierres. C’est intéressant à savoir », partage-t-il.
Dans ce livre, le lecteur aura accès, grâce à la numérisation et à la capture d’écran, à des documents anciens, dont des coupures de presse et des extraits des registres de paroisse dans leur version originale.
« J’ai aussi appris qu’il n’y a pas eu d’exécution à la prison de Beauharnois, même si ça a passé proche à certains moments. L’un des procès les plus médiatisés à l’époque a sans doute été celui de Valentine Shortis, en 1895. En mars de cette année-là, l’homme a tenté de cambrioler le bureau de la paie de la Montreal Cotton Company en tuant deux personnes en plus d’en blesser une autre gravement. Il a été condamné à mort, mais il a été gracié par le gouverneur-général la veille de sa mort annoncée », raconte-t-il.
Fasciné par ces histoires judiciaires, Marcel Labelle a déjà une idée pour un tome 2 en tête. « Je voudrais revenir sur tous les procès tenus au Palais de justice, mais aussi sur le rôle de toutes les personnes qui y travaillaient comme les députés protonotaires. J’aimerais aussi aborder la façon dont c’était rapporté dans les journaux de l’époque et pourquoi il en était ainsi », confie-t-il.
En attendant, toute personne intéressée à se procurer un exemplaire du plus récent livre de Marcel Labelle peut le contacter sur Facebook (https://www.facebook.com/marcel.labelle.946?ref=br_rs#).

