Artiste céramique
L’art d’avoir les mains sales
Si Catherine Laroche, du Studio Laroche à Rigaud, peut avoir les mains sales jusqu’à sa mort, elle dit qu’elle sera comblée de bonheur. L’artiste originaire de Hudson fait découvrir ce médium qui épouse la lenteur et qui est intimement lié à l’environnement.
L’amour pour la céramique n’était pas aussi évident au début de la carrière artistique de Catherine Laroche.
Après avoir étudié en art au collège John-Abbott à Sainte-Anne-de-Bellevue, Catherine est partie pour les Maritimes. C’est en faisant son baccalauréat en arts interdisciplinaires à l'Université Nova Scotia College of Art and Design à Halifax en Nouvelle-Écosse que le goût de la céramique s’est peu à peu développé.
À la fin de ses études, elle réalise une pièce interactive pour la Ville de Halifax destinée aux enfants. La céramique était alors le meilleur matériau. « Ça m’a fait réaliser que la céramique est un médium qui peut être appliqué à presque tout et c’est ça qui m’a fait tomber en amour avec », ajoute-t-elle.
Travaillant ensuite pour des studios, notamment à Montréal et à Boston, elle revient dans la région de Vaudreuil-Soulanges en 2018 avec un intérêt affirmé pour la poterie. Les espaces verts du mont Rigaud l’ont charmé et l’ont poussé à ouvrir son studio dans la municipalité la même année.
« Je me trouve tellement chanceuse de sortir de mon studio le midi pour aller prendre une marche dans les sentiers de l’Escapade ou monter la montagne », indique-t-elle.
Cette proximité avec la nature a des répercussions jusque dans son art. Elle décrit l’argile comme un « médium vivant ». Catherine se dit inspirée par la palette de couleur, les formes et les textures retrouvées dans l’environnement. Certaines pièces ont des notes de rouilles, des couleurs terreuses ou encore des accents vifs comme le vert et le bleu.
Un art intemporel
Il est faux de croire que la poterie se résume à mouler une pièce sur une plaque tournante. Entre la recherche des couleurs, les temps de séchage et les périodes de cuisson, plusieurs étapes sont nécessaires à la création d’une simple tasse. Il faut la mouler, la cirer, l’émailler, la sabler.
Le rapport au temps n'est pas le même que d'autres formes d'art. « Ce n’est pas un médium où tu ne vas pas réussir immédiatement. La patience est la plus grande vertu, même moi j’y travaille encore », admet-elle.
Catherine enseigne cette valeur à son studio. Si des gens peuvent y aller qu’un après-midi pour tenter l’expérience, des cours d’initiation d’une durée de six semaines sont offerts. L’ambiance est sans pression. Des gens peuvent toutefois créer jusqu’à une douzaine de pièces durant le cours, selon Catherine.
Elle sent ainsi un intérêt renouvelé pour cet art. Selon Catherine, les gens recommencent à voir la valeur des objets du quotidien. « Mon but, c’est de créer des pièces avec des formes et des styles qui sont intemporels, qui vont pouvoir rester chez la personne le plus longtemps possible et que ça se fonde dans leur style de vie. La dernière chose que je veux, c’est que ce soit la vaisselle de nos grands-mamans qu’elles sortent une fois à Noël », affirme-t-elle.
L’artiste s’assure d’ailleurs que ses créations sont fonctionnelles comme leur utilisation au micro-ondes et au lave-vaisselle. Elle veut rehausser le quotidien des gens. « Ton café le matin va peut-être être un peu plus précieux que dans une tasse de Walmart », considère-t-elle.
Le temps passé à se concentrer sur une pièce joue aussi pour beaucoup. « Tu mets des efforts dans quelque chose et tu as un résultat concret à la fin comparativement à des emplois où tu passes beaucoup de temps derrière un ordinateur à faire des tâches répétitives », explique-t-elle.
Le retour à la terre est finalement un autre aspect qui redonne à la céramique ses lettres de noblesse. « Il y a une beauté à se salir et on ne se permet pas ça souvent. Si je peux avoir les mains sales jusqu’à ma mort, je vais être heureuse », conclut-elle.
Pour plus d'informations sur le studio, il est possible de consulter son site Web ou ses réseaux sociaux.
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