Entrevue avec le maire de Valleyfield, Miguel Lemieux
Port de Valleyfield: deux ans sans accueillir de conteneurs étrangers
Deux ans après s’être vu retirer le droit d’accueillir des conteneurs provenant de l’international, la situation n’est toujours pas réglée au Port de Valleyfield. Néomédia a fait le point sur la situation ce mardi 15 avril avec le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Miguel Lemieux.
Rappelons que le Port de Valleyfield est le seul au Canada à être sous gestion municipale.
La situation problématique a débuté en 2023 lorsque Desgagnés, entreprise maritime de Québec fondée il y a plus de cinq décennies, s’est portée acquéreuse de Services Maritimes Valport qui assurait les opérations du Port de Valleyfield.
« À l’époque, Valport détenait une licence lui permettant de recevoir des conteneurs internationaux. Lors de la vente de l’entreprise, Desgagnés était intéressé à ce que celle-ci lui soit transférée, mais le gouvernement fédéral a refusé. Depuis, on ne peut plus accueillir aucun navire qui transporte un ou plusieurs conteneurs provenant de l’extérieur du Canada, et ce, peu importe le nombre de conteneurs internationaux qui se trouvent à bord. Maintenant, les navires qui en transportent passent tout droit et s’en vont au Port de Cleveland sans s’arrêter chez nous », résume le premier magistrat.
Maintenant, les marchandises qui sont destinées à l'ouest de l'île de Montréal ou ailleurs au Québec sont débarquées au Port de Cleveland et doivent être réacheminées dans la région par la voie terrestre, ce qui engendre des coûts supplémentaires aux entreprises qui les ont commandées.
Fort heureusement, ce ne sont pas tous les navires qui s’arrêtent au Port de Valleyfield qui contiennent des conteneurs, mais cela représente environ 30% d’entre eux, soit un tiers. Ces derniers amenaient de la marchandise provenant d’Europe et des États-Unis destinée au marché nord-américain. Par la suite, les produits prenaient le chemin vers leur destination finale en train ou en camion.
La raison pour laquelle ce droit a été retiré à Desgagnés et au Port de Valleyfield est nébuleuse, estime le maire. « On s’est fait dire qu’au départ, cette permission n’aurait jamais dû être accordée. C’est malheureux, mais ça faisait des années qu’on le faisait et on a bâti notre modèle d’affaires et de fonctionnement autour de celle-ci. On ne demande pas la lune, mais juste de pouvoir faire ce qu’on faisait avant la transaction. Rien de plus, rien de moins», ajoute-t-il.
Afin de pallier la situation, le Port de Valleyfield a approché le gouvernement fédéral avec une possible solution. « On aurait aimé qu’un projet pilote soit mis en place pour les ports comme le nôtre, c’est-à-dire qui accueillait moins de 1 000 conteneurs par année, mais encore là, le fédéral a dit non. Ça nuit à nos activités et à notre attractivité. Quelles entreprises vont vouloir s’établir dans un port qui ne peut pas recevoir de marchandises de l’international? », interroge-t-il.
Le Port de Valleyfield pourrait à nouveau recevoir ladite accréditation pour recevoir des conteneurs étrangers, s’il obtient un statut de port officiel comme Montréal, Vancouver, Halifax ou Saint-Jean à Terre-Neuve qui eux, reçoivent des millions de conteneurs par année.
« C’est absurde. On est loin de traiter le même nombre de conteneurs que dans ces ports. Avant, personne ne se plaignait de la situation et maintenant on ne peut plus le faire. C’est absurde. Cette décision a un impact direct sur nos activités et sur notre force de frappe», déplore-t-il en terminant.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.