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Arjuna

Une Martinoise affronte l'Atlantique sur son voilier

durée 10h00
25 avril 2022
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Par Jean-Michel Lhomme, Journaliste

Au moment où le Québec affrontait une nouvelle vague de COVID et s’apprêtait à lancer tant bien que mal, le temps des fêtes, un couple de Québécois (Marc Boctor de Gatineau et Fannie Jodoin de Sainte-Martine) a opté pour un choix peu commun : embarquer sur un voilier et descendre l’atlantique au large, sans aucune escale.

Pour une toute première expédition au large, c’est une décision quelque peu radicale, mais qui leur aura à la fois permis d’esquiver la dernière vague pandémique, et les aura également préservés de l’incroyable hausse des prix de l’énergie : le vent c’est gratuit et jusqu’à preuve du contraire aucune hausse n’est à prévoir.

Le bateau Arjuna, est un voilier moderne, conçu au Québec de 39 pieds. Pour autant, la vie en mer est tout sauf un long fleuve tranquille. Les défis sont nombreux : 2098 miles nautiques, des tempêtes avec des vents de plus de 100 km/heure, des vagues de 50 pieds, triangles des Bermudes… Les conditions ont été telles qu’ils ont dû dévier jusqu’au milieu de l’Atlantique. Conséquence directe : au revoir les Bahamas et bonjour Antigua & Barbuda. Ainsi en aura décidé la météo !

Actuellement sur le chemin du retour, Marc et Fannie ont pris quelques instants pour nous raconter leur aventure.

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Vous avez pris la mer le 1er décembre dernier. Qu’est-ce
qui vous a motivé à vous lancer dans cette aventure ?

Marc : Faire le tour du monde en voilier est un rêve de jeunesse. J’ai dévoré des livres d’aventuriers de mer comme Joshua Slocum, Bernard Moitissier. Suite à un accident dans la trentaine, j’ai passé presque un an alité. Après 3 opérations majeures au dos, c’est cette vision qui m’a donné la volonté de prendre les premiers pas pour accomplir mon rêve.

J’ai acheté mon premier voilier de 14 pieds sans aucune connaissance. Ma première leçon c’est fait sur YouTube, complètement autodidacte, j’ai appris en me lançant sur la rivière. La première propulsion de vent dans les voiles a été une révélation. Après avoir appris à maîtriser ce bateau, je l’ai échangé pour un plus grand bateau avec plus de défis. J’ai continué comme ça un voilier après l’autre. Arjuna est mon septième voilier, c’était celui qui allait me permettre ma première traversée de l’Atlantique.

Fannie : Ma vie et mes métiers ont toujours tourné autour du voyage. Après mes études en communication, je me suis dirigé vers une agence pour coordonner les voyages de groupes. J’ai ensuite été engagée dans une compagnie aérienne et j’ai habité dans plusieurs villes canadiennes. L’aventure et la vie nomade étaient déjà au cœur de ma vie.

Lorsque j’ai rencontré Marc notre soif d’aventures nous a liés et nous avons commencé à préparer le projet. Je ne connaissais absolument rien de la voile ! Mais, j’ai embarqué dans le projet à 100%. J’ai quitté mon emploi et me suis lancée.

Notre rencontre a concrétisé le projet dont Marc rêvait depuis longtemps, et l’évolution de la Covid au Québec nous a franchement donné envie de fuir 

Votre projet a-t-il nécessité beaucoup de préparation (matérielle
comme physique) ?

Notre projet a nécessité énormément de préparatifs. Dès l’été nous avons commencé à transformer le bateau. Nous l’avons équipé de nouvelles technologies essentielles : radar, GPS, desalinateur d’eau, téléphone satellite, tracker.
Il y a aussi beaucoup d’organisations pour la vie à bord : épicerie, propane, essence, panneau solaire, batterie... La liste était très longue et n’en finissait plus de s’allonger. Nous avons eu beaucoup d’aide de passionnés de voiles pour y arriver !

L'un comme l’autre, vous aviez déjà une vie professionnelle, sociale… peut-être même des obligations financières ou autre. Est-ce facile de tout mettre de côté pour un tel périple ?

Marc : J’ai une entreprise saisonnière de pneus mobiles et le moment le plus important de l’année, c’est la fin novembre que j’ai dû sacrifier pour aller préparer le bateau. Les fenêtres météo pour traverser l’Atlantique Nord sont très limitées et à cause de notre retard, nous avons affronté de très mauvaises températures. Nous avions pensé pouvoir être de retour pour la saison du printemps, mais même chose, la température ne nous a pas permis un départ avant le 21 avril… On espère que mes clients fidèles des 14 dernières années comprendront.

Fannie : J’ai perdu mon emploi d’agent de bord avec la pandémie. J’étais de retour au Québec de façon temporaire, sans obligations. C’était l’opportunité idéale de partir à l’aventure ! J’ai même aidé Marc avec les changements de pneus à l’automne !

Les deux : Nous sommes plutôt minimalistes, et la vie en voilier nous y oblige. Il n’y avait donc pas trop d’obligations qui nous gênaient.

En embarquant vous avez certes mis la pandémie derrière vous, mais, paradoxalement, vous vous êtes en quelques sortes, auto confinés sur votre bateau. Comment l’avez-vous vécu ?  

Marc : Je ne me suis jamais senti confiné sur un bateau! C’est au contraire un sentiment de liberté totale, d’être maître de son propre destin. Rien n’égale le sentiment de voir la terre après plusieurs jours en mer. Nous étions tellement fiers d’avoir accompli notre objectif.

Fannie : C’est pratiquement l’équivalent d’une thérapie partir en mer comme ça. Coupé du monde extérieur, seuls avec ses pensées dans le milieu de l’océan. On se sent petit, chamboulé par la météo, dépendant de notre petite embarcation fragile et solide à la fois. Après 22 jours, j’avais hâte de me déconfiner !

Après plus de 4 mois d’exil en mer, qu’est-ce qui a été le plus difficile à vivre ?

Marc : La traversée de l’aller avec les tempêtes que l’on a eu. Nous avons à peine réussi à cuisiner, et notre épicerie n’avait pas été faite en conséquence, on n’a presque rien mangé pendant 22 jours. L’équipage avait tous, le mal de mer sauf moi. Mais nous avons tellement appris, notre traversée du retour est déjà très différente !

Fannie : Être 24/7 avec son partenaire amène des défis ! Nous avons particulièrement la mèche courte quand vient le temps de mettre l’ancrer ! Manœuvrer entre des bateaux qui valent des millions, et devoir remettre l’ancre parfois 3, 4 fois, ça teste la patience ! (manuellement, car oui, il reste encore beaucoup d’amélioration à apporter sur le bateau haha)

À l’inverse, qu’est-ce qui a été le plus agréable ?

Marc : Nous avons découvert des endroits paradisiaques. Voyager en voile nous permet de rester plus longtemps aux destinations et de découvrir leur culture en profondeur. Les Caraïbes sont remplies d’îles plus magiques les unes que les autres.

Fannie : La communauté de « voileux » est tellement généreuse, festive, ouverte d’esprits. On se fait des amis à chaque ancrage, des gens qui comme nous, ont organisé leur vie pour pouvoir voyager librement et de façon autosuffisante. Sinon, nos nombreuses journées de plages ! Arrivée en dinghy directement sur les plages paradisiaques des Caraïbes, avec notre lunch et Piña Colada préparé sur le voilier!

Arjuna, est-ce « l’aventure d’une vie » ou bien « le début d’un mode de vie » ?

Marc : C’est les deux! Les 5 mois que nous avons vécu étaient l’aventure d’une vie, et nous souhaitons poursuivre ce mode de vie. Ce n’est pas les projets qui nous manquent ! On souhaite éventuellement traverser en Méditerranée, et l’ultime rêve serait le pacifique !

Fannie : Je n’aurai jamais cru qu’il existait une façon de vivre aussi extraordinaire. Arjuna c’est notre maison ! Et on l’amène avec nous quand on voyage. Elle nous permet de découvrir des pays sur l’eau, d’accéder à des baies paradisiaques, des îles isolées.

On a découvert de nouvelles passions avec notre hiver, c’est de pouvoir partager nos aventures et nos voyages par vidéo. Nous avons démarré une chaîne YouTube @arjunasailing. On a aussi commencé à accueillir des voyageurs qui souhaitent en apprendre plus sur le mode de vie, sur les techniques de voiles. On fait la location de notre cabine arrière pour ceux qui souhaitent vivre l’expérience ! Marc fait ses accréditations professionnelles de voile pour officialiser nos excursions.

Après une telle aventure, un retour à une vie « normale » semble-t-il possible ?

Marc : Ça me semble impossible. On n’a plus aucune envie de suivre la routine de consommation nord-américaine.

Fannie : Tellement pas !! Je ne pourrai plus jamais avoir un emploi de 9 à 5. Je ne planifie plus d’achat de maison, d’hypothèque. Nous rentrons faire un coup d’argent au Canada travailler 7/7 comme des fous, pour repartir le plus longtemps possible !! En espérant qu’un jour on puisse vivre de notre passion !

En quoi cette aventure vous a changés ?

Marc : La mauvaise météo qu’on a affrontée m’a donné beaucoup d’expérience. J’en suis sorti un meilleur capitaine. Ça l’a également confirmé que c’est la vie que je souhaite vivre.

Fannie : J’en suis certainement transformée pour toujours. Ça demande beaucoup de résilience traversée des épreuves pareilles. On se sent très humble face à l’océan. Aussi notre vie au quotidien fait relativiser un confort que l’on prend pour acquis. Le simple fait de produire notre électricité, notre eau n’est pas simple !


Quelle est la première chose que vous ferez à votre retour au Québec ?

Manger une poutine !!!
Mais surtout retrouver nos familles et amis qui ont également été mis à l’épreuve de nous suivre dans des situations difficiles.

 

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Marc et Fannie sont présentement en pleine mer. Vous pouvez suivre leur périple sur les réseaux sociaux d’Arjuna.
 

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