Portrait d’un grand scientifique natif de Salaberry-de-Valleyfield
Armand Frappier: Le père fondateur de la vaccination au Québec
Alors que le mot vaccin est sur toutes les lèvres depuis plusieurs mois déjà, peu de gens savent que le Québec a connu un acteur important dans la prévention de la propagation des infections, soit le docteur Armand Frappier. Si plusieurs ignorent cette information, beaucoup sont loin de se douter que ce même docteur est natif de Salaberry-de-Valleyfield.
Texte coécrit en collaboration avec Benjamin Richer
Armand Frappier est né le 26 novembre 1904 et épouse le 29 juin 1929 Thérèse Ostiguy, fille de Noël Ostiguy, un marchand de fourrures de Salaberry-de-Valleyfield. Quelques mois à peine après leur union, sa mère meurt à l’âge de 40 ans de la tuberculose. Plusieurs membres de sa famille, dont son père, décèderont par après obligeant Armand Frappier, à 25 ans, marié et étudiant, à devenir le soutien de la famille.
La mort de sa mère marqua donc profondément le jeune homme qu’il était. Armand Frappier dédia jusqu’à sa mort le 18 décembre 1991 sa vie à lutte contre les microorganismes.
Éradiquer la peste blanche
Très tôt dans son parcours scolaire, il développe un intérêt pour les sciences, notamment la chimie. Il s’inscrit donc en médecine, en 1924, à l’Université de Montréal où il se spécialise en microbiologie.
C’est dans les années trente que l’Institut Pasteur, à Paris, conçoit le vaccin BCG contre la tuberculose. Bien décidé à éradiquer la maladie au Canada, Armand Frappier rapporte en 1933 de la France une souche du fameux vaccin. De retour au pays, il le développe et finit par le vendre aux hôpitaux.
C’est également en 1933 que le docteur Frappier entreprend la réorganisation du Département de microbiologie de l’Université de Montréal. Cinq ans plus tard, il fondera l’Institut d’Hygiène et de microbiologie de Montréal qui deviendra en 1975, l’Institut Armand-Frappier.
Un vaccin contesté
Développé en France par les chercheurs Albert Calmette et Camille Guérin, le vaccin BCG consiste en l’injection d’une forme atténuée de la tuberculose, ce qui était extrêmement controversé à l’époque. Un mouvement anti-vaccin se forme. Certains des plus grands médecins le soutenaient, ce qui a valu au Dr Armand Frappier d’être traité de criminel.
Toutefois, l’efficacité du vaccin était mitigée. Elle ne pouvait prémunir la transmission de la maladie, mais permettait d’éviter de développer des complications surtout chez les jeunes enfants. L’arrivée d’un vaccin fut néanmoins un premier pas dans la prévention des infections au Québec, alors qu’à l’époque, le seul moyen de traiter la peste blanche était de faire une cure de repos dans un sanatorium.
L’implantation des mesures d'hygiène ainsi que la découverte des antibiotiques ont aussi fortement contribué à la diminution des infections.
Le lègue d’Armand Frappier
Depuis 1998, l’Institut Armand Frappier est un centre de recherche et d’enseignement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).Tout au long de sa carrière, le docteur Frappier développe des laboratoires qui seront bien souvent les premiers du genre au Québec et au Canada. Il organise aussi la production des vaccins courants comme ceux contre la poliomyélite, l’influenza, la rougeole, la coqueluche et plusieurs autres maladies.
Aujourd’hui, outre l’Institut qui porte son nom, une fondation, un musée, un prix scientifique, plusieurs rues, une école sont dédiés à celui qui est en somme le pionnier dans le domaine de la recherche en microbiologie et en médecine préventive au Canada. La ville de Valleyfield lui a rendu hommage en appelant sa bibliothèque municipale en son nom.
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