16 000 kilomètres vers un bonheur infini
La grande traversée de Yannick Proulx
De passage à Vaudreuil-Dorion le 29 août dernier, Yannick Proulx, un résident des Laurentides, s'apprête à vivre le voyage de sa vie; traverser le Canada à la marche.
Son périple d'une durée indéterminée le portera de Saint John's, à Terre-Neuve et Labrador, à Victoria en Colombie-Britannique via les 16 000 kilomètres du Sentier transcanadien.
À ce jour, le randonneur compte un peu plus de 3 000 kilomètres sous ses bottes, à coup d'environ 30 kilomètres par jour.
C'est lors d'une conférence organisée par la boutique Sail de Vaudreuil-Dorion, en partenariat avec les administrateurs des pages Facebook, Passionnés de Rando et Une rando avec Yannick, que l'homme de 41 ans a partagé ses motivations et astuces derrière son projet fort ambitieux.
« Il y a quelques années, j'ai lu le livre, Le petit guide de l'Ikigai, et dans celui-ci, il y a la question suivante : que feriez-vous si vous étiez millionnaire ? Spontanément, ma réponse a été que je traverserais le Canada à pied », expliquait-il.
Oeuvrant dans le monde de l'événementiel depuis de nombreuses années, Yannick Proulx a, comme plusieurs, vu ses projets professionnels être mis sur la glace en raison de la pandémie. Il a donc profité de cette pause obligée pour réaliser son projet personnel.
« Je l'avoue, j'avais un rythme de vie extravagant. Aux yeux des autres, j'avais réussi, mais au fond de moi, je n'étais pas plus heureux. Avec ce voyage, je veux démontrer qu'il faut être capable de revenir à l’essentiel et de se poser les bonnes questions pour avoir un impact positif sur les choix qu’on prend. »
Il a donc vendu son condo et ses équipements et a mis son temps et son énergie sur la réalisation de son projet.
Accepter l'imprévu
« Il ne faut pas se faire d'attente parce que tout change », ajoute-t-il en riant. Aussi sage que cela puisse être, c'est tout de même à la dure que Yannick Proulx en est venu à ce constat.
Si, au moment de son départ en avril 2023, le randonneur comptait rentrer à la maison, qu'à la fin de son périple, ses plans ont toutefois changé une fois rendu à Woodstock, au Nouveau-Brunswick.
« J'ai vraiment frappé mon mur à Woodstock. J'étais attendu dans un monastère et il s'est mis à pleuvoir vraiment fort. Ça m'a tellement découragé de voir que la météo n'annonçait rien de bon pour les dix jours suivants. »
Après quelques jours de repos au monastère des Petits frères de la Croix à Charlevoix, l'aventurier a une nouvelle révélation; il n'a rien à prouver à personne. « J'ai vu d'autres randonneurs abandonnés et je me suis dit que si eux pouvaient le faire, moi aussi je peux le faire et qu'au fond ça ne m'enlevait rien à moi. » Il rentre donc chez lui auprès de sa conjointe.
Bien reposé, il a finalement repris la route là où il l'avait laissée pour poursuivre son chemin. « Ça m'a fait réaliser que j'étais beaucoup plus dans un esprit de performance. De me fixer un objectif de temps était sans doute une grande erreur. Aujourd'hui je préfère me concentrer sur ma journée que sur la destination. »
Maintenant plus à l'écoute de ses limites, Yannick Proulx se permet donc des pauses et plus de moments pour apprécier le monde qu'il découvre un pas, un kilomètre à la fois.
D'ailleurs, il compte bien ralentir la cadence cet hiver alors qu'il se trouvera dans les Prairies. Il espère pouvoir y donner des conférences sur la marche, mais également sur son périple et sur sa vision de ce que doit être l'équilibre dans la vie.
Aller à la rencontre de soi, mais aussi de l'autre
Il n'y a pas de doute, marcher seul pendant des jours permet une introspection que peu de gens ont la chance de vivre.
Mais au-delà de la découverte de lui-même, de ses forces et de ses limites, c'est la rencontre avec l'autre qui pousse Yannick Proulx à continuer de marcher.
« Je vois des paysages incroyables, mais ce qui me marque le plus, ce sont les gens que je rencontre. Quand je raconte aux gens ce que je fais, plusieurs m’invitent à dormir chez eux, certains m'ont donné des sous, d'autres de la nourriture. On parle de toute sorte de choses.»
Des preuves de générosité et de contacts humains bienveillants, Yannick Proulx en compte plusieurs. Que ce soit une poussette qui lui a été donnée pour transporter son sac, des sous qui lui ont été offerts lui permettant de s'acheter de nouvelles chaussures ou une clinique lui offrant des soins la journée même, chaque rencontre est une surprise.
Le 1er septembre, Yannick Proulx a rechaussé ses bottes de marche et repris la route depuis l'Ontario. Il est possible de le suivre via sa page Facebook Une Rando avec Yannick.
Il est aussi possible de l’accompagner sur quelques kilomètres, de l’héberger une nuit sur son chemin, ou bien de lui offrir du soutien financier en échange de contenu exclusif.
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