« Un cauchemar bureaucratique »
Une femme de L’Île-Perrot déclarée morte par erreur
Le père d’Ourania « Nia » Daskalopoulos est décédé plus tôt cet été, mais une fois les arrangements funéraires terminés, la femme reçoit une lettre de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) avisant ses proches de son propre décès, la plongeant depuis dans un enfer de paperasse.
L’erreur aurait été faite par la maison funéraire avec qui Nia a fait affaire après le décès de son père : on aurait confondu son permis de conduire avec celui de son père et envoyé les documents au directeur de l’État civil qui a lui-même partagé, comme le veut la procédure, l'information vers sept autres branches gouvernementales.
« Après quasiment deux heures au téléphone avec la SAAQ, on m’a dit qu’il n’y avait aucun moyen de régler le problème à moins que je prenne rendez-vous », explique la femme qui n’avait plus de permis de conduire valide depuis le 12 juillet dernier. Ourania Daskalopoulos est finalement parvenue à régler son problème avec la SAAQ.
Ce n’est toutefois pas encore le cas pour les autres agences gouvernementales de la province et du pays. « Je dois faire les confirmations auprès de chacun, je n’ai aucune idée de l’état de mon dossier et, bien franchement, j’ai perdu confiance en ces institutions », souligne Ourania.
Croulant sous le poids de la bureaucratie, la femme de L’Île-Perrot vit une grande période de stress et n’a pas eu le temps de faire le deuil de son paternel.
Ourania s'inquiète maintenant de problèmes futurs concernant sa mort : « Qu'adviendra-t-il de ma succession lors de ma vraie mort ? Est-ce que ma fille aura des problèmes parce que quelqu’un lui dira que sa mère est morte en 2025 ? »
Une situation « exceptionnelle » selon la SAAQ
Gino Desrosiers, coordonnateur des relations médias à la SAAQ, a confirmé que le dossier de Mme Daskalopoulos est désormais régularisé.
« Selon toute vraisemblance, une erreur s’est glissée dans le document transmis par le directeur de l’État civil. Or, ce document avait été rempli par la maison funéraire avec laquelle Mme Daskalopoulos avait fait affaire. Lorsque celle-ci a communiqué avec notre service à la clientèle, nous l’avons invitée à se présenter dans un centre de services afin de procéder aux vérifications. Rapidement, son dossier a pu être mis à jour. »
M. Desrosiers a qualifié la situation d’« exceptionnelle, mais très malheureuse ». Il a ajouté que la SAAQ évalue présentement la possibilité de mettre en place des mesures supplémentaires pour éviter qu’un tel incident ne se reproduise.
Selon Mme Daskalopoulos , il devrait y avoir des balises qui évitent ce genre d’erreur. Le dossier est passé par trois instances et s’est rendu jusqu’à elle sans qu’aucune double vérification ne soit effectuée.
Le centre funéraire ne peut dire ce qui s'est passé
Pour Cédric Thériault, directeur du centre funéraire Collins Clarke MacGillivray White situé sur la rue Sherbrooke à Montréal, le processus est normalement arrêté lorsqu’une erreur est détectée soit par eux, par le directeur de l’État civil ou par un organe gouvernemental comme la SAAQ. En règle générale, la famille est directement contactée par qui de droit pour que la coquille soit corrigée.
« Notre politique est de faire la déclaration de décès avec la famille comme ça on évite les erreurs. [...] Honnêtement je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là sans que personne n'ait remarqué quoi que ce soit », explique M. Thériault.
Toujours selon ses dires, la famille d’un défunt n’a pas nécessairement à s’identifier. « On demande une pièce d’identité pour la personne décédée, mais si elle n’est pas disponible, on laisse la case vierge », ajoute-t-il.
Des démarches judiciaires à venir dans le dossier?
Ourania Daskalopoulos attend le retour d’appel de son avocat avant de porter plainte contre l’État civil et/ou la SAAQ. On lui a tout de même conseillé d’entreprendre des démarches contre le salon funéraire.
« J’ai contacté la maison funéraire pour me plaindre et ils m’ont fait sentir comme si c’était de ma faute parce que je leur avais remis mon permis de conduire, mais c’est eux qui m’ont demandé de m’identifier », exprime Nia désemparée. Elle estime que personne ne veut prendre la responsabilité de ce qui lui arrive.