Un report jugé incompréhensible
Pointe-des-Cascades contrainte de repousser son projet d’hôtel de ville
Voyant l’octroi de sa subvention reporté à une date indéterminée, la Municipalité de Pointe-des-Cascades est contrainte de repousser son projet d’aménagement de l’hôtel de ville dans le presbytère. Une situation vivement dénoncée par le conseil municipal.
« C'est vraiment un gros problème. Ça fait trois ans et demi que nous travaillons sur le projet. Le dossier est complété à 95 %. Nous comprenons que le gouvernement doive faire des coupures, mais pourquoi ne pas couper dans les nouveaux projets et non dans ceux déjà bien entamés ? », déplore le maire, Peter Zytynsky.
Un projet jugé essentiel
Selon le maire, le besoin d’agrandir l’hôtel de ville est criant. « L'hôtel de ville actuel est vraiment trop petit. Nous avons des employés qui doivent travailler à la bibliothèque. La Municipalité grandit, donc il nous faut plus de personnel pour mieux servir nos citoyens. L'aménagement de l'hôtel de ville dans le presbytère est plus que nécessaire », ajoute-t-il.
La subvention émanant du Programme d'amélioration et de construction d'infrastructures municipales (PRACIM), du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH), devait couvrir 70 % de la facture d’un projet évalué à 777 000 $.
Des investissements déjà engagés
Se sachant présélectionnée pour l’octroi de la subvention, la Municipalité a déjà investi, depuis 2023, 74 000 $ dans le projet, notamment pour la préparation des plans et devis. « Ce sont les sous des citoyens de Pointe-des-Cascades », se désole le maire.
La directrice générale par intérim, Isabelle Poirier, abonde dans le même sens : « Des projets d’infrastructures sont excessivement lourds et difficiles à réaliser pour les petites municipalités. Depuis 2022, la municipalité a investi aussi beaucoup de temps et de ressources humaines pour faire aboutir ce projet. En juin, lorsque nous avons été avisés du report, nous étions 100 % prêts à publier l’appel d’offres pour octroyer le contrat, début des travaux cet automne. C’est ce qu’on appelle se faire faire une jambette sur la ligne de départ. »
Pas de garantie offerte
Selon M. Zytynsky, la Municipalité avait même proposé au ministère une alternative afin d’avancer malgré tout. « Nous avons même demandé au ministère s'il pouvait nous garantir la subvention pour que nous puissions poursuivre le projet. Avec cette garantie en main, nous aurions emprunté les fonds, continué d'avancer le projet et remboursé le prêt une fois la subvention reçue. Ils nous ont dit que c'était impossible », poursuit-il.
Un projet autorisé : les ateliers municipaux
La construction des ateliers municipaux, également présélectionnée au PRACIM, a toutefois été autorisée pour l’exercice financier 2026-2027. La Municipalité prévoit aller en appel d’offres en janvier afin d’octroyer le contrat de construction dès avril 2026, conformément à l’autorisation du MAMH dans le cadre du programme PRACIM.
Le gouvernement justifie sa décision
Du côté du bureau de la députée provinciale, Marilyne Picard, on assure avoir tout tenté pour éviter que le projet de Pointe-des-Cascades ne soit coupé. « En ce moment, les coffres du PRACIM sont à sec et le gouvernement n'a pas le choix de couper », explique Ahmed Douhou, attaché politique de Mme Picard.
Pourtant, le 18 juin dernier, le gouvernement annonçait publiquement qu’une somme de 360 millions de dollars serait disponible pour le programme PRACIM 2025-2028. Selon une résolution adoptée par le conseil municipal en juillet, c’est ce même jour que le ministère aurait annoncé à Pointe-des-Cascades le « report indéfini de ce financement, sans justification claire, nous causant un important préjudice et compromettant l’échéancier ».
M. Douhou précise toutefois que la Municipalité n’a pas été laissée sans réponse : « Nous avons organisé une rencontre avec le maire, la direction générale de la municipalité, le chargé de projet PRACIM du ministère ainsi que le cabinet de la ministre. Cette rencontre, tenue en toute transparence, a permis de clarifier le processus décisionnel et de répondre directement aux préoccupations locales. Le ministère a choisi de prioriser les projets qui bénéficient d'une subvention du fédéral puisqu'il n'a pas le choix de suivre. Dans le cas de Pointe-des-Cascades, la Municipalité bénéficiait seulement d'une subvention du provincial. Cela dit, nous avons demandé que la municipalité de Pointe-des-Cascades soit priorisée si des crédits budgétaires se libéraient avant 2026-2027. Soyez assurée que nous demeurons sensibles à la situation particulière que traverse cette ville de notre comté et que nous mettons tout en œuvre pour accompagner la municipalité, tout en respectant le cadre rigoureux de gestion du ministère. »

