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« C’est un choix assez extraordinaire » -Mgr Faubert

Léon XIV élu pape : Mgr Alain Faubert salue un choix audacieux

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18 mai 2025
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Par Félix Sabourin, Journaliste

C’est finalement Robert Francis Prevost, désormais Léon XIV, qui succédera au défunt pape François, décédé le 21 avril dernier. Il devient ainsi le premier pape originaire des États-Unis, né à Chicago, dans l’État de l’Illinois. Le nouveau pontife est également d’ascendance franco-italienne et espagnole.

Contacté par Néomédia, Mgr Alain Faubert, évêque du diocèse de Valleyfield, affirme ne pas s’être attendu à ce choix du Collège des cardinaux. « C’est un choix assez extraordinaire, je ne pensais pas que les cardinaux auraient l’audace d’aller chercher du côté des États-Unis. Sans doute le moins états-unien des cardinaux États-Uniens. »

Bien qu’inattendue, Mgr Faubert considère cette nomination comme une bonne nouvelle pour l’Église catholique. « Un pape qui aura beaucoup de défis, mais un homme qui sera très capable de par son calme, mais aussi de par sa douceur. »

Il a eu l’occasion de rencontrer le nouveau pape en octobre dernier, alors qu’il était encore cardinal. « Je l’ai rencontré en octobre dernier, lorsque nous étions au synode, une grande assemblée qui regroupe des délégués d’à travers le monde. Jusqu’à tout récemment, il avait le ministère des évêques, donc de la nomination et du soin de l’accompagnement des évêques de partout dans le monde. »

Un pape dans la continuité de François

Selon lui, les cardinaux ont fait un excellent choix, et il estime que Léon XIV poursuivra l’œuvre de François. « Probablement avec plus de douceur et de diplomatie. François sentait le besoin de brasser un peu plus la cage. On verra comment le pape Léon va continuer dans les sentiers que François a ouverts, comment il va mener à terme les réformes déjà entreprises. » explique Mgr Faubert. « Régler les questions en lien avec la responsabilité et l’imputabilité, toutes les questions de transparence concernant les abus sexuels dans l’Église, donc aller plus loin dans ce que François a initié. »

Mgr Faubert souligne également que, tout comme son prédécesseur, Léon XIV pourrait s’attaquer au cléricalisme. « C’est l’idée que les prêtres ou les évêques sont au-dessus du monde, qu’ils ont des privilèges que les autres n’ont pas. Le pape Léon est une personne d’une grande humilité. Il va prêcher plus par l’exemple qu’en sermonnant. Selon moi, ça augure bien. »

Voulait-il devenir pape ?

Interrogé sur la volonté de Robert Francis Prevost de devenir pape, Mgr Faubert est catégorique : aucun pape ne souhaite le devenir. « Il n’y a pas un pape qui va avoir exprimé qu’il aimerait devenir pape. » a-t-il expliqué. « Pour une raison bien simple, je ne suis pas sûr qu’il s’agisse d’une job que quelqu’un veuille. Si un cardinal veut être pape, ça va finir par se sentir et c’est probablement une des raisons pour lesquelles il ne l’aura pas. »

Conscient de la contradiction apparente de ses propos, il fait référence à Platon pour illustrer son idée. « Ça me fait penser à ce que Platon disait, il faut donner le pouvoir aux philosophes, car les philosophes n’en veulent pas. C’est probablement la même chose pour le pape, tu vas élire quelqu’un qui n’est pas en train de courir après, car la clé n’est pas le pouvoir, mais bien le service. »

Selon l’évêque, être pape représente une responsabilité immense pour celui qui devient du jour au lendemain le chef spirituel de plus d’un milliard de fidèles. « C’est un service bien redoutable que d’avoir à mener cette barque-là qui a 1,5 milliard de passagers. »

Aurait-il pu refuser ?

À la question de savoir si un cardinal peut refuser la papauté, Mgr Faubert répond prudemment. En raison du secret entourant les travaux du conclave, il est difficile de savoir ce qu’il est possible ou non de faire dans un tel contexte.

« Je suis obligé de dire que je n’ai jamais assisté à un conclave, donc on va se souhaiter bonne chance pour trouver la bonne réponse à cette question. » explique-t-il. « Je vais partir de quelque chose de bien bête. Si on lui demande, ça veut dire qu’en principe, il a le droit de refuser, mais comme nous avons peu de choses qui transpirent des conclaves, je ne sais pas si quelqu’un a déjà refusé. »

Progressiste ou conservateur ?

Pour Mgr Faubert, les termes « progressiste » et « conservateur » ne s’appliquent pas à l’Église dans le même sens qu’en politique. Il estime que le progrès apporté par Léon XIV va s’inscrire dans la continuité de celui de François, notamment en matière de protection de l’environnement.

« Je pense que si on met des mots comme progressiste et conservateur, il faut se demander ce qu’on est en train de dire. Le progrès qui pourrait être celui d’un pape et d’une Église c’est un progrès de toute l'humanité dans la paix, dans la sécurité, dans la dignité pour tous avec toutes les zones de contestations que cela apporte. » explique Alain Faubert.

Il insiste sur le fait que l’Église doit à la fois conserver et faire progresser ses enseignements, mais dans une perspective spirituelle. « Il y a une posture de conservation, qui est importante pour l’Église, mais aussi pour le monde, sinon on va toujours devoir réinventer le bouton à quatre trous. On veut conserver la mémoire d’où on vient, pour mieux savoir où on s’en va. Pour un pape, il doit nécessairement être progressiste et conservateur. C’est un jeu d’équilibre entre beaucoup d'options sur le plan politique et social. Cependant, au cœur de ces options se trouve l’Évangile, qui est la clé d’interprétation. »

Même si la Bible demeure la principale source d’inspiration pour le pape, Mgr Faubert rappelle qu’elle ne doit pas être interprétée littéralement. « Comme la Bible n’est pas un livre de recettes, ça veut dire qu’en 2025, nous sommes encore en train d’interpréter l’Évangile, se questionner sur la signification qu’il pourrait avoir pour nous aujourd’hui. En soi, c’est un acte de conservation oui, mais on ne souhaite pas recréer le même monde d’il y a 2000 ans. Nous sommes conscients que c'est aujourd'hui qu’il faut vivre. »

Que signifie la nomination d’un pape américain ?

Dans le contexte politique actuel des États-Unis, la nomination d’un pape américain soulève des interrogations. Mgr Faubert reconnaît s’être lui aussi posé la question. « Probablement tout le monde s’est posé la même question. C’est assez unique, le premier pape États-Unien de l’histoire. En même temps, je considère qu’il est le moins États-Unien de tous les cardinaux États-Uniens si l’on se fie à son parcours en Amérique latine, au Pérou où il a été pendant 25 ans. »

Il rappelle que Robert Francis Prevost n’a pas exercé au sein d’un diocèse américain, mais bien au Pérou, où il a longtemps œuvré comme missionnaire avant d’être nommé évêque de Chiclayo.

« J’ai hâte de voir. Les autres cardinaux n’ont pas vraiment hésité pour l’élire lors du dernier conclave. Avec seulement quatre tours lors du conclave, ça n'a pas pris de temps. Il avait déjà un leadership reconnu, probablement plus souterrain. » exprime Mgr Alain Faubert.

L’évêque de Valleyfield insiste que le rôle du conclave n’est pas d’élire un saint, mais un bon pasteur. « Les cardinaux ont voté pour quelqu’un qui porte effectivement sans doute des traits de sainteté, mais surtout des traits d’un bon pasteur. C’est de ça que l’Église et le monde ont besoin. Quelqu’un qui est capable de regarder le monde avec attention, réalisme et compassion. Quelqu’un qui est de proposer des pas possibles pour améliorer certaines situations. »

Les chances d’ingérence dans le conclave

Tous les cardinaux sont tenus au secret absolu sur les délibérations du conclave, sous peine d’excommunication.

Pour Mgr Faubert, l’ingérence est impossible, bien que certaines influences puissent exister en amont. « De l’ingérence, zéro. De l’influence, c’est différent. Avant d’entrer au conclave, les gens se parlent avant même que le pape ne meure. » explique-t-il.

Il rappelle qu’au XIXe et au XXe siècle, certains empereurs pouvaient exercer un droit de veto indirect par l’intermédiaire de cardinaux. « Dans l’histoire pas si lointaine, au 19e ou 20e siècle, pour l’élection de certains pontifes, il y avait de grands empereurs qui pouvaient encore prétendre à des espèces de droits de veto et qui le faisaient savoir par le biais de certains cardinaux qui se trouvaient à l’intérieur du conclave. »

Aujourd’hui encore, affirme-t-il, des intérêts géopolitiques peuvent tenter d’influencer l’orientation du choix papal. « Le pape est une voie prophétique pour l’ensemble de la planète, au-delà des chrétiens catholiques. Il peut y avoir des gens au niveau de la géopolitique mondiale qui se disent qu’un cardinal serait plus intéressant qu’un autre. »

Cependant, Mgr Faubert reste convaincu que les résultats du conclave demeurent à l’abri de toute manipulation. « De là à être capable de manipuler des résultats, certainement pas. »

 

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