Julie Lemieux dénonce le manque de financement des organismes LGBT+
« Si rien ne change, on va avoir une hausse notable de gestes désespérés »
En ce samedi 17 mai désigné comme Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, la mairesse de Très-Saint-Rédempteur, Julie Lemieux lance un cri du coeur. Membre de la communauté LGBTQ2+, elle déplore le sous-financement des organismes du milieu alors qu’elle observe une montée de la haine dirigée envers les personnes de la communauté LGBT.
« Depuis deux ans, on note une recrudescence de la haine envers les membres de la communauté LGBT+. C’est redevenu ostracisant de se définir comme gai dans les écoles. C’est péjoratif. J’ai plusieurs contacts dans le milieu scolaire, et je sais que les jeunes restent dans le placard et continuent de se cacher plutôt que de montrer leur vraie nature. Autant, ils n’hésitaient pas à s’affirmer publiquement dans les dernières années, autant maintenant, ils se gardent une gêne et ne le font plus. C’est dommage», lance-t-elle d’entrée de jeu.
Selon elle, c’est la montée en puissance de la droite et l’acharnement de certains chroniqueurs qui alimentant cette haine envers la communauté LGBTQ2+. « Ils tapent toujours sur le même clou. Je pense au Mathieu Bock-Côté, au Richard Martineau et au Sophie Durocher qui, si on les écoute, mettent tous les problèmes du monde sur notre dos. C’est certain aussi que les discours de politiciens comme Trump et Pierre Polièvre n’aident pas non plus. Qu’on le veuille ou pas, l’attitude de Donald Trump se répercute jusque chez nous et jusque dans nos écoles», analyse-t-elle.
La mairesse estime que les choses ont commencé à changer en mai 2023 quand des jeunes d’ici ont arraché et piétiné le drapeau de la communauté LGBTQ2+ dans une école secondaire. L’évènement avait fait grandement réagir Mme Lemieux à l’époque et continue de le faire aujourd’hui.
« Depuis on observe une vague de haine sur les réseaux sociaux envers les gens LGBT, mais aussi une hausse des demandes dans les organismes qui viennent en aide aux gens de cette communauté. Malheureusement, ceux-ci ne disposent pas des ressources financières pour bien accompagner cette clientèle. Ils sont sous-financés», affirme-t-elle.
Elle cite en exemple pour illustrer ses propos qu’elle ne peut se rendre aux États-Unis puisqu’elle est une femme trans. « Mon passeport indique que je suis de sexe féminin. Si je ne le déclare pas aux douanes et qu’on fait une recherche avec Google sur mon nom, on peut m’arrêter parce que j’aurais omis de dire que mon sexe à la naissance était masculin. Récemment, à Tout le monde en parle, un chanteur masculin a confié avoir dû annuler une tournée prévue aux États-Unis pour cette raison. Son équipe a obtenu l’information qu’on procéderait à son arrestation s’il venait quand même, car il est trans. On est rendu là en 2025.»
Pas de ressources
Mme Lemieux dénonce un manque de financement pour les organismes du milieu. « LE JAG par exemple offre des services dans l’ensemble de la Montérégie qui compte 148 municipalités. L’organisme peine a recruter du personnel et à payer ses employés décemment, car il n’a pas les moyens financiers de le faire. Ce n’est pas de la faute à LE JAG, tout le monde fait son possible avec les ressources dont il dispose.»
Dans Vaudreuil-Soulanges, l’organisme LGBTQ2+ Vaudreuil-Soulanges est à sec sur le plan financier. « On ne peut pas aider personne, ni faire de visites dans les écoles. Notre réserve financière est épuisée. On a plusieurs appels d’écoles qui aimeraient nous recevoir, mais on doit leur dire non. Je ne veux pas être plate ou alarmiste, mais si rien ne change, il va y avoir une augmentation notable des suicides. Dans Vaudreuil-Soulanges, on compte 170 000 citoyens. Si 17 000 d’entre eux appartiennent à la communauté, combien ont des idées noires? », questionne-t-elle.
La mairesse se dit outrée face à ce manque de financement. « On est tout nu dans la rue pour faire face à cette montée de la violence. Ce n’est pas normal que LE JAG reçoivent le même montant que les autres organismes du genre, mais que son territoire soit trois ou quatre fois plus grand. Il faut que ça change», implore-t-elle.
Pour elle, la solution est simple: elle passe par un meilleur financement. « Ça nous prendrait au moins 100 000$ juste dans Vaudreuil-Soulanges pour répondre à la demande. On ne peut pas faire une demande au Programme de soutien financier aux organismes communautaires (PSOC), car le ministère impose à LE JAG tout le territoire de la Montérégie et n'est pas ouvert à répartir cette charge avec un financement renouvelé à d'autres organismes. Ça n’ira pas en s’améliorant. En ce moment, LGBTQ2+ Vaudreuil-Soulanges est en mode survie. On a même pas les finances pour avoir un employé à temps plein. On fait du bénévolat», termine-t-elle.
Besoin d'aide? Si oui, on peut contacter Jeunesse j'écoute sans frais au 1 800 668-6868 ou Interlignes Services d'écoute et d'intervention LGBTQ+ sans frais au 1888 505-1010 par téléphone ou texto. Le Tournant, Centre de crise et de prévention du suicide peut aussi être contacté 24h sur 24h, 7 jours sur 7, au 450 371-4090.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.