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Serge Boily a fondé l'organisme Victimes des pesticides du Québec

Victime des pesticides, il se bat pour les gens dans la même situation que lui

durée 18h00
17 octobre 2023
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Marie-Claude Pilon
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Par Marie-Claude Pilon, Journaliste

Depuis décembre 2019, Serge Boily, âgé dans la cinquantaine s’est donné une mission: celle de sensibiliser et d’informer la population du Québec des dangers de l'utilisation et l’exposition prolongée aux pesticides. L’homme fait partie de la vingtaine de personnes au Québec qui a pu faire reconnaître sa maladie, le Parkinson, comme une maladie professionnelle liée à son ancien emploi.

De 1990 à 2000, M. Boily était chargé du traitement des arbres, arbustes et pelouses en étendant des engrais, des fertilisants, insecticides et pesticides. Parmi les produits auxquels il a été exposé lors de cet emploi, on retrouve le Glyphosate et le Chlorpyrifos.

C’est au début de l’année 2017 que les premiers symptômes de la maladie de Parkinson apparaissent chez le père de famille, mais c’est en mars 2018 que le médecin pose le diagnostic.

« Lors de l’apparition de la maladie, je ne pouvais pas me douter qu’elle était liée aux pesticides puisque mon exposition à ces produits datait de plus de 15 ans. Je suis tombé par hasard sur le reportage de La Semaine Verte et il y a eu un déclic dans ma tête. Depuis, je m’implique pour sensibiliser les gens aux dangers et aux impacts des pesticides via l’organisme Victimes des pesticides du Québec dont je suis le cofondateur», explique le principal intéressé qui réside dans la région de Québec, mais qui était de passage à Coteau-du-Lac le lundi 16 octobre pour une tournée avec son organisme.

Un long processus pour obtenir une reconnaissance de sa maladie

Pour que sa maladie soit reconnue par la CNESST comme étant une maladie professionnelle, M. Boily a dû s’armer de patience. « Il faut que les victimes sachent que dès le dépôt d’une première demande, la réponse est toujours non. C’est comme ça. Après cette étape, la moitié des gens qui ont déposé une demande abandonnent le processus. Pour ma part, ma première réclamation pour maladie professionnelle a été rejetée en février 2021. J’ai fait appel et demandé une révision de mon dossier. Avec l’aide de mon organisme, j’étais prêt à me battre et à présenter mon cas au Tribunal Administratif du Travail (TAT). Finalement, la CNESST a accepté ma réclamation avant de se rendre à cette étape finale et irréversible qu’est le TAT », raconte-t-il. Depuis, il reçoit des prestations financières de l’organisme et il a été déclaré invalide à vie en raison de sa condition de santé.

Toutes les victimes ne réussissent pas à obtenir ce statut. Actuellement au Québec, la seule maladie professionnelle reconnue est la maladie de Parkinson liée à l’exposition aux pesticides. Pour qu’elle le soit, la victime doit répondre à trois critères, soit d’avoir été exposée aux pesticides pendant au moins dix ans, d’avoir obtenu un diagnostic dans un délai de sept ans maximum après la fin de l’exposition aux pesticides et d’avoir cotisé à la CNESST au cours de sa vie. La majorité des gens qui déposent une demande de reconnaissance ne l’obtiennent pas parce qu’ils ne répondent pas aux trois critères, déplore l'organisme.

Selon lui, le Québec est très en retard par rapport à la France et d’autres pays d’Europe. « En France, il y a plus de maladies reconnues comme liées à l’utilisation des pesticides comme le lymphome non hodgkinien, le cancer de la prostate, le cancer de la peau, la maladie de Parkinson et certains troubles cognitifs et maladies respiratoires. Les recherches démontrent aussi des liens de présomption moyenne entre l’exposition et l’utilisation des pesticides et des pathologies comme le cancer de la vessie, des reins, des tissus mous ou des problèmes de glande thyroïde. Il est temps qu’on s’attaque sérieusement au problème au Québec. On peut attendre des mois avant de voir sa maladie être reconnue officiellement », lance-t-il.

Plusieurs impacts sur la santé

Au cours de la conférence de l’organisme Victimes des pesticides du Québec, deux autres personnes ont pris la parole aux cotés de M. Boily. La première était  Christine Dandurand de l’organisme Mère au Front et fille d’agriculteur.

« Dans ma jeunesse, mon père n’était pas conscientisé sur l’impact des pesticides et sur la bonne manière de les utiliser. Je me souviens qu’il en répandait dans nos champs face au vent et qu’il en recevait directement dans le visage à l’occasion. À 82 ans, il a eu un diagnostic de fibrose pulmonaire, possiblement liée à l’usage des pesticides. Il est décédé quatre ans plus tard à 86 ans », raconte-t-elle.

Pour sa part Amandine François est employée de Victimes des pesticides du Québec et la problématique la touche de près. « Je suis aussi la fille d’un agriculteur qui a été contaminé par les pesticides. La mission de l’organisme n’est pas de taper sur l’industrie agricole qui a un rôle essentiel dans notre société, mais d’éveiller les consciences et de faire changer les choses. On veut aider les gens à se faire entendre auprès de la CNESST», confie-t-elle.

Notons qu’une étude sur les impacts des pesticides sur le voisinage des entreprises agricoles qui en utilisent est en cours de réalisation. Les résultats devraient être dévoilés en 2024.

Dans un reportage réalisé par La Semaine verte et diffusé lors de la conférence, on a démontré que même le port d'un équipement de protection n'empêche pas la contamination aux pesticides par la personne qui le porte. Dans la majorité des cas, l'équipement est mal porté ou n'est pas assez étanche pour empêcher la contamination par voie cutanée. 

Quoi faire pour changer les choses?

Face au puissant lobbying de l’industrie des pesticides, quelle est la solution? À l’échelle régionale, au cours des derniers mois, l’organisme Mère au Front a rédigé une résolution visant à empêcher leur utilisation sur le territoire de la MRC de Vaudreuil-Soulanges sous certaines conditions.

« On l’a acheminé à toutes les municipalités, mais c’est le silence radio pour l’instant. Elle n’a pas été adoptée à ce jour dans la région. On aimerait que, via celle-ci, les municipalités puissent avoir accès aux registres des agriculteurs et des propriétaires de terrain de golf  qui utilisent des pesticides. Ce document permettrait de savoir à quelle fréquence ils sont utilisés et quels sont les produits. Ce serait un bon début », explique Mme Dandurand.

Le message commence à passer. En 2024, la Ville de Québec interdira l’utilisation de pesticides nocifs sur son territoire sauf en cas d’exception.

M. Boily a-t-il songé à se lancer en politique pour faire changer les choses? « Ça aurait pu m’intéresser, mais je ne peux pas à cause de ma condition de santé. Je suis reconnu comme invalide à vie alors ce n’est pas une solution pour moi», conclut-il.

Pour joindre l'organisme Victimes des pesticides du Québec, on peut visiter le site Internet: https://www.victimespesticidesquebec.org/. 

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