Une histoire de famille
Une pâtisserie qui roule à toute allure depuis 32 ans
La petite pâtisserie familiale Choux-Crème, située à l’arrière d’une maison à Salaberry-de-Valleyfield, est comme une fourmilière, où tout va à vitesse grand V. Lorsque son propriétaire, Pierre Jr. Côté, a travaillé 80 heures, « c’est une petite semaine ». L’habituel rythme effréné du temps des Fêtes, il le vit depuis un an et demi.
Si les affaires roulaient déjà à pleine capacité depuis 32 ans, la pâtisserie Choux-Crème a atteint un autre niveau avec la pandémie. Lors du premier confinement, l’entreprise a fermé ses portes six semaines, « le temps de laisser passer la vague de peur », raconte M. Côté, pris sur le vif en pleine production du temps des Fêtes.
« Quand on est revenu, ça a été la folie. C’est Noël depuis un an et demi », s’exclame-t-il. Les gâteaux, les éclairs, les choux, les cupcakes, tout part. Seules les créations événementielles, comme les gâteaux de mariage, ont connu un ralentissement.
Les gens ont décidé de se gâter et ils sont tombés amoureux de leurs douceurs sucrées. Et maintenant que le cours des choses revient à la normale, la pâtisserie se retrouve avec un nombre de fidèles encore plus élevé qu’auparavant.
Le temps des Fêtes de cette année n’a jamais été aussi intense. La campagne de bûches de financement, pour les organismes de la région, a fonctionné à plein régime dans les dernières semaines. Près de 10 000 bûches ont déjà été livrées.
Il accepte malgré tout des demandes. « On dit pratiquement jamais non. On va travailler jour et nuit, mais on ne refusera pas. C’est notre gros temps », explique-t-il.
La pâtisserie a d’ailleurs fait une création qui a été présentée mercredi à l'occasion du 2000e épisode du magazine sportif, Le 5 à 7, sur les ondes de RDS.
Ainsi, M. Côté vit pratiquement dans sa pâtisserie. Ses semaines frôlent actuellement les 110 heures de travail, selon ses dires.
Une recette gagnante
Tout a commencé il y a 32 ans chez Ginette, la mère de Pierre, dans la maison familiale du boulevard Hébert. « Elle a démarré ça en arrière de la maison en se disant qu’elle allait travailler un peu moins, mais ça a vraiment pogné vite et on a eu beaucoup d'ouvrages », raconte Pierre Jr. Côté.
Il se rappelle de ses étés, alors âgé de 14 ans, à confectionner des gâteaux avec sa mère. Ce dernier ne se destinait pas à une carrière dans le domaine. Il avait étudié en génie mécanique. Le lien de proximité avec la clientèle et le volet artistique, il ne les retrouvait pas dans son stage en usine, qu’il a détesté.
De retour à la pâtisserie, il y est toujours resté. Pierre Jr. Côté a racheté les parts de sa mère et opère le commerce avec sa femme depuis une vingtaine d’années.
L’entreprise familiale s’est néanmoins fait connaître davantage en 2009. M. Côté, qui livrait des gâteaux à la station de radio Énergie au centre-ville de Montréal, avait entendu dire que son émission fétiche, L’Antichambre à RDS, voulait célébrer le centenaire du Canadien.
Grand amateur de hockey, il a déposé des photos de ses créations au gardien de sécurité de l’immeuble où loge la chaîne de télé. « Je n’ai pas eu le temps de me rendre à Valleyfield que le téléphone a sonné. »
Le recherchiste lui a confié de créer un gâteau pour l’occasion. Ayant en tête la table ronde qu’il y avait à l’époque sur le plateau au centre des divans comme espace de création, M. Côté a dû changer ses plans pour un projet d’une tout autre envergure. Le gâteau allait être la pièce maîtresse de l’émission, qui serait diffusée pour la première fois à l’intérieur du Centre Bell.
Mesurant 4 pieds sur 8 pieds, il a nécessité près d’un mois de travail et son coût était évalué à 10 000 dollars. « Ça avait été incroyable. Cette journée-là, c’est ce qui a fait pencher la balance. On avait déjà beaucoup d’ouvrages, mais à partir de ce moment-là, ça a explosé », soutient-il.
Un projet n’attend pas l’autre
Comme si l’on pouvait croire que Pierre Jr. Côté et son épouse en avaient assez, ces derniers se sont lancés dans une autre aventure avec l’acquisition du commerce de pops glacés, La fabrique Jösitö, à Saint-Louis-Gonzague, cet été.
Quand ils ont appris que l’entreprise était à vendre, ils n’ont pas attendu pour lâcher un coup de fil à la propriétaire. M. Côté est arrivé à temps. Une vente allait se conclure avec d’autres acheteurs.
« Finalement, on l’a acheté, ça s’est fait en une journée. On n’y a pas pensé, mais on ne sait pas comment on va trouver le temps », admet le nouveau propriétaire. Les pops glacés sont vendus dans plusieurs supermarchés au Québec. Par chance, une vendeuse sur la route a récemment été engagée.
M. Côté est ravi d’explorer un terrain nouveau. Toutefois, il n’arrêtera pas de chérir la pâtisserie. « C’est comme un enfant pour nous. Un petit commerce comme ça, ça devient comme une prolongation de nous-même », considère-t-il.
Même s’il a souvent pensé à déménager dans un local plus grand, Pierre Jr. Côté ne veut pas perdre le cachet familial de l’endroit. « Ce que j’aime, c’est que c’est à l’arrière d’une maison privée. Les gens se sentent chez eux quand ils rentrent ici », ajoute-t-il.
D’ailleurs, cette idée transparaît dans les produits. Malgré les 23 saveurs disponibles, « nos bûches traditionnelles sont pareilles comme quand Ginette les faisait il y a 32 ans ». Bien des clients nostalgiques succombent encore pour elle chaque année.
Pierre Jr. Côté se concentre à continuer de se renouveler dans ses produits. Sa mère, aujourd’hui âgée de 66 ans, ne reste jamais très loin, habitant la maison. Ses enfants ont pour leur part commencé à travailler dans l’entreprise qui a aujourd'hui 19 employés et qui reste une perle de Salaberry-de-Valleyfield.
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