Près de 700 résidences n'y ont toujours pas accès
L’accessibilité à internet haute vitesse dans Vaudreuil-Soulanges : le cheval de bataille de la COOP CSUR
Si la directrice générale de la COOP CSUR, Bianka Dupaul, se réjouit de l’annonce de l’ajout de quelque 600 millions de dollars pour améliorer l’accès à l’internet haute vitesse dans les régions, elle estime que Québec devrait s’attaquer au vrai problème: l’accès aux poteaux de Bell.
Depuis près de 15 ans, la COOP CSUR a fait de l’accès à une connexion haute vitesse dans les secteurs ruraux de Vaudreuil-Soulanges son cheval de bataille. « Actuellement, il y a 5% de la population Vaudreuil-soulangeoise, soit un peu plus de 2200 résidences, qui n’ont pas accès à un réseau fiable, voir même aucun réseau du tout », indique la directrice générale en entrevue avec Néomédia.
Bien que la situation se soit grandement améliorée dans les dernières années, il n’en reste pas moins qu’à l’ère du télétravail et de l’école à distance, il est impossible pour des citoyens de la région de bénéficier d’un service fiable. « Les grands distributeurs de ce monde s’intéressent principalement aux noyaux villageois ce qui fait que les centres-villes sont bien desservis, mais dès que la densité de la population diminue, ils n’offrent plus le service. Finalement, nous allons là où les grands distributeurs ne vont pas », ajoute Mme Dupaul.
Connecter tout le monde, mais à quel prix
Depuis une quinzaine d’années, la COOP CSUR remue ciel et terre pour assurer à l’ensemble de la population, un accès à internet haute vitesse par le déploiement d’un réseau de fibre optique. Sa mission: amener la fibre optique jusqu’au bout des rangs.
En 2020, l’organisme a construit 16 tours de télécommunication en plus de dérouler une centaine de kilomètres de fibre optique. Pour mener à terme sa mission, la COOP CSUR débourse près de 15 000$ par kilomètre de fibre optique. « C’est excessivement coûteux quand parfois, des kilomètres de fibre optique sont nécessaires pour brancher une ou deux maisons », souligne Mme Dupaul.
En mai 2020, la COOP CSUR a vu deux de ses projets être sélectionnés par le gouvernement provincial dans le cadre du programme Régions branchées. « On espère avoir une subvention qui couvrirait 50% des coûts des projets », explique Bianka Dupaul. L’un de ces projets consiste à déployer la fibre optique dans l’ouest de Rigaud, de Pointe-Fortune, Saint-Lazare et l’autre dans une partie de Vaudreuil-Dorion et Coteau-du-Lac.
Une annonce bienvenue
Bien heureuse de l’annonce faite mardi dernier par la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, Bianka Dupaul estime que Québec pourrait faire plus.
Rappelons que le 9 mars, la ministre Lebel a déposé à l’Assemblée nationale des crédits supplémentaires totalisant 1,9 milliard de dollars, qui devront être votés par les parlementaires, et dont la majeure partie sera consacrée à donner l’accès à internet haute vitesse partout en province. Initialement, Québec avait prévu une enveloppe budgétaire de 400 millions $ pour réaliser cet objectif. Les sommes ajoutées mardi portent à un peu plus d’un milliard $ le budget.
Dans le communiqué le Conseil du trésor, on indique vouloir étendre l’accès « à l’ensemble des foyers sur le territoire québécois, et ce, d’ici l’automne 2022 ». On reconnait également que « les programmes passés n’ont pas permis la concrétisation d’un nombre de branchements suffisants jusqu’à maintenant ».
« La pandémie de la COVID-19 a rappelé à quel point il est essentiel que toutes les régions aient accès à internet haute vitesse, que ce soit pour le travail, pour assurer les services éducatifs à distance ou tout simplement pour permettre à chacune et chacun de contrer l'isolement en communiquant avec leurs proches, leurs parents et leurs amis. Au total, le gouvernement du Québec porte donc à plus de 1 milliard de dollars ses investissements pour les infrastructures d'internet haute vitesse. Les détails concernant la façon dont seront engagées les nouvelles sommes seront annoncés dans quelques semaines », indique le communiqué.
« Nous sommes bien heureux de savoir que Québec veut tout mettre en branle pour atteindre son objectif de déploiement du réseau et qu’il semble vouloir rendre l’accès aux subventions plus facile. Toutefois, il reste à savoir s’il va s’attaquer au vrai problème: l’accès aux infrastructures. »
Parce qu’il est là le noeud de la guerre, l’accès aux poteaux de Bell.
La nationalisation des poteaux comme solution
Afin de pouvoir poursuivre sa mission, la COOP CSUR doit, bien évidemment, brancher sa fibre optique sur un réseau de poteaux déjà existant, à l’occurrence celui de Bell Canada. Selon Bianka Dupaul, la nationalisation du parc de poteaux serait une option à considérer. « Nous avons nationalisé l’électricité pour moins que ça. Je ne vois pourquoi on ne pourrait pas faire la même chose avec les poteaux. »
Depuis des années, la COOP CSUR fait pression sur tous les paliers du gouvernement et du CRTC, afin de faire voir l’importance d’avoir un acteur neutre dans la gestion des poteaux. « Actuellement, Bell nous fait attendre jusqu’à 12 mois avant de nous répondre si oui ou non, nous pouvons utiliser leurs installations qui soit dit en passant sont dans un bien piètre état », poursuit la directrice de la Coopérative.
« Ils nous demandent bien souvent de remplacer les poteaux à nos frais. On nous demande d’utiliser nos subventions pour financer le parc de poteaux de Bell. C’est n’importe quoi », conclut-elle.
1 commentaires
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.