Lettre ouverte
Réforme de la profession d’archiviste médical : un refus Santé qui laisse les experts pantois

Par Salle des nouvelles
Le président de l’Association des gestionnaires de l’information de la santé du Québec (AGISQ), Alexandre Allard signe une lettre ouverte sur la réforme de la profession d’archiviste médical : un refus en mode pilote automatique du ministère de la Santé qui laisse les experts pantois.
La voici dans son intégralité:
Une des mesures phares de la 42 e Législature est sans contredit l’annonce par le
ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Christian Dubé, du plan québécois
de refondation du système de santé et de services sociaux. En effet, la pandémie de
la COVID-19 est venue brutalement mettre en lumière l’incapacité structurelle du
réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) de répondre à ses missions
fondamentales – notamment en ce qui concerne la gestion et l’accès aux données
en santé. Des changements substantiels dans le RSSS sont nécessaires : c’est une
évidence!
L’AGISQ, la voix des archivistes médicaux du Québec, les experts du milieu des
données en santé veulent, dans une perspective de collaboration interprofessionnelle, mettre l’épaule à la roue et contribuer à la réussite du Plan.
Pour cette raison, notre organisation a présenté au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) un plan de la réforme de la profession d’archiviste médical. Les solutions que nous proposons s’inscrivent en droite ligne du Plan Savoie : réformer la profession et la faire évoluer vers celle de technicien en
information clinique, procéder à la création d’une nouvelle catégorie d’emploi – un
titre d’emploi dans la fonction publique, mettre à jour les formations de base et
continue – notamment en science de la santé, en technologies de l’information et en
droit, dont les modalités de formation continue requises, et enfin la création d’un
programme universitaire pour les techniciens en information clinique.
Imaginez notre surprise lorsque nous avons essuyé une rebuffade de la part du
MSSS sur toute la ligne. La question se pose : comment le gouvernement pense-t-il
réussir à mettre en œuvre son Plan s’il se prive des experts en données de santé?
Nous avons la conviction que cette fin de non-recevoir équivaut pour l’État
québécois à continuer de pelleter les problèmes par en avant, de faire dans le déni
de la réalité et la pensée magique. Pourtant, face à cet enjeu qui transcende la
partisanerie politique, nous avons obtenu l’aval de plusieurs partis d’opposition en
regard de nos doléances.
Nous persistons et signons : l’utilisation des données clinico-administratives est
appelée à jouer un rôle croissant et prépondérant dans la performance du RSSS.
Les deux dernières années nous ont démontré avec fracas la nécessité d’avoir accès aux bonnes données au moment opportun, que cela s’avère fondamental
pour la prise de décisions appropriées dans l’administration de soins de santé et
pour en mesurer les résultats. Privilégier le statu quo, c’est se satisfaire de très peu
en matière de gestion de données en santé, et de faire fi des douloureuses leçons
que nous a appris la pandémie. Dans cette perspective, nous souhaitons une
intervention du ministre et faisons appel à son audace.
Également, nous interpellons les partis politiques en lice pour les élections d’octobre
prochain, notamment celui qui forme actuellement le gouvernement, afin que le
prochain gouvernement mette en place des moyens à la hauteur du défi herculéen
qui attend le RSSS et la société québécoise, et cela passe inéluctablement par une
réforme de la profession d’archiviste médical.
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