Édito
Illuminer la douleur un geste à la fois
Dans la vie, il y a deux choses inévitables qui unissent tous les êtres humains, voire même toute espèce vivante; la naissance et la mort. Ce qui se passe entre ces deux événements, la façon dont chacun vit sa vie, ça, c’est différent, j’en conviens. Mais peu importe nos origines, notre classe sociale, notre orientation sexuelle ou nos croyances, un jour on naît et un autre, eh bien, on meurt. Sur son lit de mort, le milliardaire est tout aussi vulnérable que le pauvre… la fin est inévitable.
Pourquoi parler de la mort ? Pour la même raison que l’on parle de la météo ou du hockey. La mort fait partie de la vie et j’en ai eu la preuve une fois de plus samedi dernier, alors que la Fondation de la Maison de soins palliatifs de Vaudreuil-Soulanges tenait son Happening annuel; un événement grandiose, une soirée magique, un moment festif au profit d’une maison qui accueille chaque jour des gens dont le corps et le coeur sont épuisés et qui s’y rendent pour faire le plein de douceur avant de partir. L’événement a rassemblé plus de 400 personnes, de toutes classes sociales, de toutes origines et de toutes croyances. Comme quoi, la mort est universelle. La soirée a surtout permis de saluer le travail et la force d’une équipe qui rend la mort un peu moins noire.
J’ai été témoin du travail des fées et des anges qui illuminent la Maison. J’ai eu le privilège d’y accompagner un être cher, mon grand-papa, ou affectueusement mon pépère. Son passage à la maison a été relativement court, mais assez long pour que je fasse de cette maison, l’espace d’un instant, la mienne.
Mon grand-père est parti en musique, alors que la famille tout entière lui chantait son air favori de Dalida. Des fois, je me demande si ce n’est pas ça qui l’a achevé … (sourire) finalement; je ne le saurai jamais. Ce que je sais par contre, c’est qu’il était bien. Il était bien parce que sa famille, celle qu’il avait bâtie, celle qu’il avait protégée contre vents et marées, celle qu’il chérissait était là, sereine, unie et de bonne humeur malgré tout.
Nous savions tous ce qui nous attendait. Nous savions que nos heures avec lui étaient comptées. Nous savions que notre vie n’allait plus jamais être la même en sortant de la Maison et pourtant, les heures passées là-bas n’étaient ni douloureuses ni tristes. Elles étaient tout simplement douces. Pépère aussi le savait...
Je serai éternellement reconnaissante envers le personnel et les bénévoles de la Maison d’avoir permis à mon grand-père de vivre un dernier moment de répit, alors que ça vie fut si mouvementée. Je suis encore plus reconnaissante, d’avoir eu la chance de vivre ces moments avec lui. Cette sensibilité, cette volonté de permettre à tous de partir dans la dignité et en paix, c’est exactement ce qui fait de la Maison ce qu’elle est. Et pour ceux qui restent, cette énergie qui l’habite permet de continuer d’avancer dans la sérénité.
L’âme de la Maison, c’est celle des quelque 200 résidents qui viennent y chercher, chaque année, un dernier jet de lumière avant de partir. Dans un monde où tout va beaucoup trop vite, où l’humain est bien souvent oublié, dans une société qui ne fait que crier et qui oublie d’écouter, des refuges comme la Maison de soins palliatifs sont plus qu’essentiels. Ils permettent un temps d’arrêt, un moment de paix. Ils mettent de la douceur dans la douleur.
La soirée du 25 janvier a permis de rendre hommage à ces personnes, incluant pépère, qui font de la Maison leur dernière destination, mais aussi à ces fées qui l’habitent jour et nuit, et ce, dans une ambiance des plus festive et vivante.
Parce que la vie est une grande fête et que la mort fait inévitablement partie de la vie. Cette maison j’en ai fait la mienne, mais elle nous appartient tous. Soutenons-la, chérissons-la.
Pour faire un don ou vous impliquer auprès de la Maison de soins palliatifs de Vaudreuil-Soulanges: mspvs.org.
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