IMMOBILIER: Témoignages de professionnels d’ici
Explosion du prix des unifamiliales dans Vaudreuil-Soulanges
La région de Vaudreuil-Soulanges ne fait pas exception à la hausse marquée du prix des unifamiliales au Québec avec un mois de mars qui enregistre des records, ce qui s’explique par la demande croissante pour la région.
Comparativement à mars 2020, le prix des unifamiliales a augmenté en flèche, soit de 35% selon les données provinciales Centris de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Ainsi, la valeur médiane d’une maison dans Vaudreuil-Soulanges est maintenant de 495 000$.
Selon le président du groupe Sutton distinction à Vaudreuil, Jean-Pierre Mathieu, cela s’explique, entre autres, par la baisse du taux d’intérêt qui était en bas du 2% en janvier. « La maison qu’on payait 450 000$ dans les premiers six mois de 2019 et qui se vend 570 000$ coûte aujourd’hui le même paiement mensuel pendant cinq ans », précise-t-il. Cette capacité de payer, les mêmes mensualités, amène de nouveaux acheteurs sur le marché selon ce dernier.
Pour Mylène Tessier, courtière hypothécaire chez Multi-Prêts, la hausse des prix est surtout liée à la demande accrue pour la région et au ralentissement des nouvelles inscriptions sur le marché. « Les taux d’intérêt, cela fait longtemps qu'ils sont bas », dénote-t-elle. Le mois de mars 2021 observe une baisse de 14% des entrées par rapport à mars 2020, ce qui crée une certaine rareté, d’où l’augmentation des prix.
Le marché de la vente de condominiums est aussi affecté. Contrairement aux unifamiliales, l'offre de copropriété a augmenté, et ce de 53% par rapport à 2020. « On a beaucoup de nouvelles constructions comparativement à l’Ouest de l’île où le marché est saturé », constate Thérèse Kesserwani, courtière immobilière chez Century 21 à Vaudreuil-Dorion. Malgré l’offre actuelle, leur prix a bondi de 36% avec une valeur médiane de 306 000$ à l’heure actuelle par rapport à 225 000$ l’année dernière.
La surenchère
Mary-Lise Cardinal, courtière immobilière dans la région pour l’agence REMAX, indique voir apparaître de plus en plus le phénomène de surenchère. Certains acheteurs vont offrir jusqu’à 50 000$ de plus que le prix annoncé. Mme Cardinal a même vu un cas extrême avec une surenchère de 111 000$.
« Entre le mois de janvier et le mois d’avril, ce n’est plus le même marché. Cela a changé comme si ça faisait un an », témoigne Mme Kesserwani. Elle affirme qu’une maison d’une valeur de 580 000$ en janvier pourrait se vendre aujourd’hui près de 700 000$. Tout part, même les propriétés en zone inondable.
Cela force donc les courtiers immobiliers à faire des évaluations plus fréquentes afin d’avoir le pouls du marché. « À cause de la surenchère, il faut aller voir si le prix que le client paie a du bon sens », ajoute de son côté Mme Tessier.
Les évaluateurs accusent cependant des délais en raison de la frénésie pour l’immobilier, ce qui peut retarder les financements hypothécaires. « Les banques ne fournissent pas à la demande présentement », observe-t-elle. Des avis ont d’ailleurs été envoyés afin de limiter certains types de prêts. La demande est tellement forte que des acheteurs passent par-dessus l’inspection, mais les banques peuvent les exiger, assure Mme Tessier.
L’attrait de la banlieue
Avec la pandémie et l’avènement du télétravail, plusieurs familles, des couples ou tout simplement de futurs acheteurs quittent la ville pour la périphérie du Grand Montréal avec les grands espaces que propose la banlieue.
Mme Kesserwani précise que la région est aussi très attrayante en raison des faibles taux d’intérêt, de l’arrivée prochaine de l’hôpital, de l’offre commerciale, des gares de train, des trois autoroutes, et ce tout en étant relativement proche de Montréal. « On est très convoités depuis des années, notre coin est très stratégique », affirme-t-elle.
Multiplication des visites
« Si la maison est en bas de 350 000$, on court comme des fous », témoigne Mme Cardinal. Cette dernière indique avoir récemment eu 42 visites en deux jours et demi pour une maison. « C’est du sport. Je n’ai jamais vu cela en 18 ans de carrière », admet-elle. Les visites sont chronométrées aux 15 minutes et les courtiers doivent désinfecter les poignées de porte et les rampes d’escalier entre elles en raison des consignes sanitaires imposées.
L’explosion du marché devrait se calmer d’ici la fin de l’été, mais il n’en demeure pas moins que l’attrait pour la région de Vaudreuil-Soulanges devrait se poursuivre selon les experts rencontrés.
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