Au bon endroit au bon moment
Un homme de 26 ans doit la vie à un employé de Sani-Vac
« Quand j’ai ouvert la porte de la toilette, j’ai découvert le corps d’un jeune homme inanimé. Ses lèvres étaient mauves, ses yeux virés à l’envers, il ne respirait plus et son coeur ne battait plus. Je savais ce que j’avais à faire et je l’ai fait sans hésiter. »
Quatre fois par jour, Olivier Bédard, un employé de l’entreprise perrotdamoise, Sani-Vac, se rend au Square Cabot, à l'angle des rues Atwater et Tupper, à Montréal pour procéder au nettoyage et à la désinfection des toilettes chimiques de ce lieu désigné comme espace de rassemblements pour les sans-abris en temps de COVID.
S’il est habitué à la violence et à la misère qui peuvent s’y retrouver, ce vendredi 4 septembre, il était loin de s’imaginer que la vie d’un jeune toxicomane de 26 ans dépendait de lui.
C’est en ouvrant la porte d’une des toilettes chimique pour procéder au nettoyage qu’Olivier Bédard a retrouvé le corps inanimé de l'homme. « Il était mort. Ses lèvres étaient mauves, il ne respirait plus, son coeur ne battait plus et ses yeux étaient virés à l’envers », indique celui à l’emploi de Sani-Vac depuis maintenant deux ans.
Le temps presse
« Je me suis dit OK, je suis dans un parc, il n’y a pas de policiers ni d’agents de sécurité, je suis entouré de toxicomanes et de sans-abris. Je dois faire quelque chose pour le sauver ».
Ayant reçu une formation de secourisme, Olivier Bédard savait ce qu’il devait faire. Sans hésiter, il s’est précipité dans un refuge pour sans-abris tout près du parc. « J’ai demandé une trousse aux intervenants. » Dans la trousse en question se trouvait une dose de Naloxone, un puissant antidote aux opioïdes.
« J’ai rapidement injecté la dose de Naloxone dans la cuisse de l'homme, avant de procéder aux manoeuvres de réanimation », explique M. Bédard. « Le médicament a fait effet assez rapidement parce qu'il a eu un gros spasme et il a recommencé à respirer », ajoute-t-il.
Il aura fallu de longues minutes avant que les ambulanciers arrivent. « Au bout d’une dizaine de minutes, l'homme a repris conscience. Il ne savait pas quel jour nous étions, mais il respirait et il était vivant », poursuit Olivier Bédard. « Les ambulanciers m’ont dit que je lui avais sauvé la vie. Sans mon intervention, il serait mort », ajoute-t-il.
Un coin rough
« Vous savez, nettoyer les toilettes pour les sans-abris, ce n’est pas pour les peureux. Nos employés sont appelés à se rendre quatre fois par jour dans différents parc de Montréal. Ils en viennent à reconnaître les sans-abris qui fréquentent les lieux et ce n’est pas toujours facile », explique Carole-Ann Kelly, copropriétaire de Sani-Vac.
D’ailleurs, M. Bédard a confié à l’équipe de Néomédia avoir été victime d’une attaque, il y a quelques semaines dans ce même secteur. « C’est vraiment un coin rough »
« Olivier n’a pas eu froid aux yeux ce soir et a suivi son coeur… Les astres étaient alignés ce soir pour que cet homme n’y laisse pas sa peau en plus de tomber sur une personne qui savait exactement quoi lui administrer. Olivier a ouvert la porte au bon moment. Toute l’équipe de Sani-Vac est très fière de lui. Il a agi en véritable héros », poursuit Mme Kelly.
« Je vais m’en souvenir toute ma vie de ma soirée. On ne peut pas oublier un truc comme celui-ci », conclut Olivier Bédard.
4 commentaires
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.