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La force du travail d'équipe permet à Pierre-Luc Vallée d'éviter le pire lors d'un accident de travail.

« Une machine reste une bête à apprivoiser un jour ou l’autre, elle peut vous blesser même vous tuer .»

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8 mars 2018
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Pierre-Luc Vallée était loin de se douter que sa vie allait changer, en se rendant au travail, le dimanche, 4 février dernier. Victime d'un accident de travail qui aurait pu lui coûter son bras, il tenait à remercier l'équipe du Service incendie de Coteau-du-Lac ainsi que les paramédics de la CÉTAM qui lui sont venus en aide.

Papa de trois jeunes enfants, pompier et premier répondant de jour et superviseur de nuit dans une usine de carton, Pierre-Luc Vallée est un passionné, un chef d'équipe qui fera tout pour aider son équipe.

« Le 4 février dernier, j’ai débuté mon quart de travail comme tous les dimanches en nettoyant les machines, pour préparer à la production qui débute à 23 h. Comme je suis superviseur, ce n’est pas nécessairement ma tâche, mais de par ma nature de chef d’équipe, j’en donne toujours plus pour aider mon équipe. J’ai donc lavé la machine onduleuse vers 19 h 15 pour un lavage d’approximativement 90 minutes. »

Pour une raison qu'il ne peut toujours pas s'expliquer, le manche de l'arrosoir qu'il utilisait pour nettoyer la machine, s'est retrouvé coincé et entraîné entre les rouleaux de l'onduleuse. « En essayant de lâcher l'arrosoir, mes doigts ont été entraînés entre les rouleaux. Comme je n'avais pas accès aux dispositifs d’arrêt d'urgence, je me suis mis à crier au désespoir. Un des mécaniciens s'est précipité pour arrêter la machine qui fonctionnait en mode lavage.»

Malgré son bras coincé jusqu'au coude, dans un espace de 1,5 pouces entre deux rouleaux pouvant exercer une pression allant jusqu'à 3000 lbs, Pierre-Luc n'a jamais perdu son sang-froid. « Ce doit être une déformation professionnelle, mon expérience en tant que premier répondant ou l'adrénaline, mais de ce que je me souviens, c'est que j'ai dirigé mon équipe en leur disant quoi faire pour m'aider en attendant les secours. Plusieurs de mes collègues ont veillé à ce que je ne tombe pas inconscient. »

Une intervention longue et difficile

Les paramédics de la CÉTAM ont été les premiers sur le lieu de l'accident. « Ce fut une intervention difficile, mais une très belle intervention malgré tout », souligne Caroline St-Laurent, ambulancière présente lors de l'intervention. « Mon rôle à moi était de rester auprès de Pierre-Luc pour le sécuriser, le soutenir moralement, de coacher sa respiration. Notre plus grande peur était qu'il tombe inconscient. »

« Mon rôle à moi était plutôt de préparer le matériel, de gérer l'équipe, de guider les pompiers », explique Vincent Morand, partenaire de Mme. St-Laurent. « Nous avons été et sommes encore très impressionnés par le courage et le sang-froid que Pierre-Luc a su conserver tout au long de l'intervention qui aura durée en tout, 45 minutes », renchérit la jeune paramédic qui en est à sa deuxième année de pratique.   

Ne sachant pas la gravité de la blessure, les paramédics sur place ont dû travailler à l'aveugle pour tenter de sortir le bras de M. Vallée. « Après 5 minutes, je ne sentais plus mon bras. Je ne savais pas si ma main était sectionnée, je ne savais rien. C'est une fois le bras délogé de la machine que l'équipe d'intervenant réalise l'ampleur de la blessure. Les deux couteaux du rouleau du bas m'ont coupé du poignet jusqu'au coude. J'ai été chanceux dans ma malchance, car les couteaux du rouleau du haut se sont arrêtés entre mes doigts. S'ils avaient continué, je perdais non seulement ma main, mais probablement mon bras au complet. »

Heureusement pour Pierre-Luc, ses doigts sont toujours fonctionnels, chose que les médecins qualifient de miracle. « J'ai dû me faire enlever un muscle, mais ça ne semble pas trop affecter ma motricité. »

« Ce fut une intervention réellement proactive souligne Houssine Imillou », chef d'équipe au sein de la CÉTAM.

La force du travail d'équipe

L'intervention aura nécessité onze pompiers du Service incendie de Coteau-du-Lac, en plus des ambulanciers. « Avant même d'être arrivés sur les lieux, nous avions déjà des plans B-C et D, au cas où le plan A ne fonctionnait pas. Heureusement, nous n'avons pas eu besoin de les utiliser », souligne l'un des pompiers.

Ne pouvant fermer le courant dans la machine, puisque celle-ci aurait terminé son cycle, les pompiers ont dû faire preuve d'imagination pour venir à bout de sortir le bras de Pierre-Luc Vallée. « Nous ne savions pas dans quel état était son bras, mais nous ne savions pas non plus comment la machine allait réagir une fois décoincée », poursuit le pompier.

C'est finalement à l'aide d'un coussin qu'ils sont arrivés à extirper Pierre-Luc de l'onduleuse. « C'est un outil dont nous nous servons que très rarement », souligne Denis Lévesque, directeur adjoint du Service incendie de Coteau-du Lac. « Le coussin, en apparence bien banale, peut soulever plus de 13 tonnes, une fois gonflé. Nous avons glissé de justesse, le coussin entre les rouleaux et c'est ainsi que le rouleau du haut a monté juste assez haut pour que Pierre-Luc puisse retirer son bras. »

« Tout au long de l'intervention, tout le monde a coopéré. Ce fut réellement un travail d'équipe », souligne Caroline St-Laurent.

« Tout le monde a travaillé ensemble, tant les paramédics que les pompiers, que les employés de l'usine. J'ai vraiment été chanceux », poursuit Pierre-Luc.

L'importance de souligner les bons coups

Le 6 mars dernier, un peu plus d'un mois après son accident, Pierre-Luc Vallée a tenu à rencontrer les pompiers et les paramédics qui lui sont venus en aide, le dimanche 4 février au soir.

« Je suis moi aussi pompier à temps partiel, à Les Cèdres et je sais à quel point le métier est difficile. Nous sommes souvent appelés sur des accidents, des incendies, on sauve des vies, et par la suite, on ne sait plus ce qui arrive avec les gens que nous avons sauvés. Je tenais absolument à vous remercier tous et chacun et présenter à ma femme et mes enfants ceux qui m'ont sauvé.»

Tout aussi émus, les pompiers et les paramédics ont tenu à remercier à leur tout Pierre-Luc pour cette attention.

Une réhabilitation qui sera longue

Pierre-Luc a dû subir une nouvelle opération le 7 mars dernier. Cette opération n'était pas prévue. J'avais un peu de difficulté à bouger mes doigts alors le chirurgien a voulu m'ouvrir le bras à nouveau pour détendre les tendons.

Éventuellement, il devra subir une greffe de peau puisque le dessus de son bras a été brûlé. En raison de l'écrasement qu'a subi le bras de Pierre-Luc, ce dernier souffre de ce que les spécialistes appellent le syndrome du compartiment. « Un écrasement est beaucoup plus difficile à réparer qu'une coupure qui elle, est franche », explique Pierre-Luc.

Le syndrome du compartiment a pour effet de faire gonfler les muscles de l'intérieur, ne laissant plus de place à l'oxygénation. Afin d'éviter une nécrose, les médecins ont donc décidé de laisser ouvert le dessous du bras de Pierre-Luc, ce qui permet aux muscles et au gras de reprendre leur place. Ainsi, le membre affecté guérit de l'intérieur vers l'extérieur. « Si on ne laissait pas mon bras ouvert comme ça, je risquerais l'amputation. »

Pour l'instant, personne n'est en mesure de dire combien de temps durera la convalescence. J’y vais au jour le jour, au rythme des visites chez le médecin. « C’est certain que pour la prochaine année, je peux oublier le travail. Ensuite, ce sera des séances de physiothérapie, d’ergothérapie et peut-être même plus encore. »

Une machine reste une bête à apprivoiser

Au-delà de vouloir partager son histoire et de souligner l’excellent travail des paramédics et des pompiers, Pierre-Luc Vallée espère que son expérience sensibilisera les employés, mais également les employeurs sur l’importance de mettre en place des plans d’intervention, de bien former son personnel et surtout, rappeler que les dangers sont toujours présents.

« Le message que je voudrais passer est que les publicités de la CNESST, sont là pour nous conscientiser au danger. Il ne faut pas prendre les risques à la légère. Oui, les publicités choquent, mais il le faut. Je suis un passionné dans la vie pompier et premier répondant de jour et superviseur de nuit. Une machine reste une bête à apprivoiser un jour ou l’autre, elle peut vous blesser même vous tuer .»

Pierre-Luc Vallée ainsi que sa famille tiennent à remercier chaleureusement les personnes présentes lors de l’intervention :

  • Michel Vaillancourt, directeur du Service incendie de Coteau-du-Lac;
  • Serge Chartrand, capitaine au sein du Service incendie de Coteau-du Lac et ambulancier de formation;
  • Sarah-Eve Royal, pompière à Coteau-du-Lac;
  • Kelsey Tibbo; pompière à Coteau-du-Lac;
  • Sylvain Royal: pompier à Coteau-du-Lac
  • Denis Lévesque, directeur adjoint du Service incendie de Coteau-du-Lac;
  • David Lévesque, pompier à Coteau-du-Lac;
  • Patrick Laberge, capitaine au sein du Service incendie de Coteau-du-Lac;
  • Jean-Pierre Sauvé, pompier à Coteau-du-Lac,
  • Carl Ganong, pompier à Coteau-du-Lac;
  • Vincent Laberge, pompier à Coteau-du-Lac;
  • Caroline St-Laurent, paramédic;
  • Vincent Morand, paramédic;
  • Houssine Imillou, chef d’équipe au sein de la CÉTAM;
  • Ainsi que tous les collègues de travail présents




 

 

commentairesCommentaires

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  • DB
    Dominique Bérubé
    temps Il y a 6 ans
    Très bon article. Très bien écrit. Bravo.

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