Pour améliorer les écosystèmes et favoriser la biodiversité
Un agriculteur des Cèdres s'implique dans le projet ALUS Montérégie
Grâce au programme ALUS Montérégie, la Fédération de l’UPA de la Montérégie et ALUS annoncent que plus de 20 hectares de terres agricoles supplémentaires seront aménagés pour faire fleurir la biodiversité et soutenir la résilience des collectivités cette année. Rencontre avec un producteur agricole des Cèdres, Luc Leroux, qui a accepté de se joindre à cette initiative.
En 2025, 32 entreprises agricoles situées dans 24 municipalités de la Montérégie s’engageront à mettre en œuvre divers aménagements agroenvironnementaux qui auront un impact réel sur l’environnement et la qualité de vie de leurs concitoyens.
« C'est ma conjointe Brigitte Héroux qui m'a parlé de cette initiative et qui a suggéré qu'on y prenne part. Elle aime vraiment beaucoup les oiseaux. Ça ne change pas grand-chose pour nous puisque le projet consiste à retarder la fauche sur une superficie d'environ 1 hectare alors que notre ferme en compte 80. Je loue aussi 50 hectares pour un grand total de 130 hectares. C'est un petit geste pour aider l'environnement et protéger les oiseaux, des goglus des prés qui sont en pleine période de nidification », explique M. Leroux qui exploite une entreprise agricole située sur le chemin Saint-Grégoire aux Cèdres depuis plusieurs décennies.
L'homme a pris la relève de son père, qui lui a fait de même avec son père et ainsi de suite. M. Leroux est la 5e génération de sa famille à s'affairer dans les champs et à opérer l'entreprise familiale. Pour le moment, le père de trois enfants et de quelques petits-enfants n'a pas encore de relève qui pointe le bout de son nez. « Mon fils Jean-Louis vient nous aider à l'occasion lors des semis ou des récoltes, mais pas à temps plein. On a aussi un ancien électricien qui a déjà travaillé à la ferme dans son adolescence qui vient nous donner un coup de main. J'ai 70 ans et pour moi m'occuper de la ferme, ce n'est pas du travail, c'est une façon de vivre. J'aime ça. Je ne le fais pas pour l'argent, c'est vraiment un passe-temps pour moi. J'aime les animaux et m'en occuper et je suis chanceux. J'ai rencontré une femme pour qui c'est la même chose. Elle est compréhensive face à ce métier qui nécessite de longues heures de travail sur le plan physique. Le jour où je suis tanné, si la relève n'est pas au rendez-vous, je pourrai louer ma ferme. C'est une option que je garde en tête comme plan B. »
Au début de l'âge adulte, M. Leroux a étudié au campus McDonald de l'Université McGill situé à Sainte-Anne-de-Bellevue. Seul fils d'une famille de cinq enfants, M. Leroux a toutefois complété des études en sciences pures au Collège de Valleyfield avant de ressentir l'appel de la terre comme ses ancêtres.
Son arrière-arrière-arrière-grand-père Jean Leroux a été le premier à exploiter la terre familiale dans les années 1850. Près de 200 ans plus tard, Luc Leroux réside dans la maison familiale et travaille toujours la terre cultivée par ses descendants. Il s'estime chanceux d'avoir rencontré une femme qui partage son amour pour les animaux. « Il faut une conjointe compréhensive, car la ferme occupe beaucoup de notre temps. Si on prévoit une sortie au cinéma et qu'un tuyau brise dans l'étable, les plans viennent de changer et pas pour le meilleur (rires). Ça prend quelqu'un qui vit bien avec ça et je suis chanceux d'avoir rencontré Brigitte.»
Une belle expérience
En participant au projet ALUS Montérégie, M. Leroux a accepté de retarder la fauche sur une parcelle de champ.
« À date, on a fauché à trois reprises nos champs. Pour la portion associée au projet, on a fait seulement deux fauches afin de permettre aux oiseaux de faire leur nidification sans être perturbés par nos opérations. La deuxième fauche a eu lieu récemment en septembre. En plus de cultiver du foin, notre ferme produit aussi du soya, du maïs et du blé. On a aussi une trentaine de vaches qui sont destinées à la boucherie, ce qui signifie qu'on ne les trait pas », indique-t-il.
Au quotidien, M. Leroux nourrit son bétail avec le foin qu'il fait pousser sur ses terres, en plus d'en vendre aux écuries et aux producteurs laitiers avoisinants. Il sème aussi du blé pour consommation humaine, en plus d'y faire pousser du soya et du maïs à des fins de consommation animale.
En s'engageant dans cette démarche, M. Leroux accepte d'y prendre part pour cinq ans. «On va changer de parcelle de terre à chaque année. On va laisser la parcelle ciblée pour le projet cette année repousser en foin et plus tard, au printemps prochain, on va semer du maïs. On est de plus en plus conscient de l'écosystème qui vit dans le sol que lorsque j'ai commencé dans le métier. Par exemple, cette semaine, j'ai suivi une formation sur les engrais verts. De nos jours, des agronomes valident nos plans de culture et ajustent les quantités au besoin dans un souci de respect de l'environnement. Il y a aussi les cultures biologiques qui gagnent en popularité, même s'il faut franchir plusieurs étapes pour obtenir sa certification officielle. Il y a un souci et une conscience environnementale qui sont plus présentes qu'à mes débuts.»
Pour soutenir ces nouveaux projets, plus de 53 000 $ en rétributions financières seront versés aux entreprises participantes sur cinq ans. « On ne le fait pas pour l'argent, mais surtout pour venir en aide aux oiseaux, des goglus des prés qui sont en période de nidification au moment de la première fauche. Ce n'est pas une question d'argent. C'est sûr qu'on n'aura pas le même rendement sur cette parcelle de terre si on compare aux autres, mais si on peut se le permettre, pourquoi pas le faire?», confie-t-il.
Dans le même ordre d'idées, l'Union des producteurs agricoles de la Montérégie-Ouest (UPA) a aussi laissé à M. Leroux et sa conjointe deux nichoirs. « Ils doivent être disposés sur notre propriété afin que certaines espèces d'oiseaux puissent s'y rendre en toute quiétude, sans être perturbée par nos opérations. Les espèces ciblées par cette action sont la crécerelle d'Amérique et l'Hirondelle bicolore et de Merlebleu de l'Est. On posera les nichoirs prochainement.»
En plus du projet ALUS Montérégie, M. Leroux et sa conjointe ont aussi posé d'autres gestes pour l'environnement, notamment en installant des haies brise-vent sur leurs terres et des bandes végétalisées. La paire a aussi aménagée, sur ses terres, des marais pour les oiseaux, les grenouilles et les tortues. Le couple s'assure aussi de réduire au maximum son utilisation d'herbicides et de fertilisants.
De sin côté, ALUS Montérégie s’engage à pérenniser les aménagements existants : les ententes de conservation établies en 2020, couvrant 12,42 hectares, sont reconduites pour 5 ans, ce qui représente un investissement supplémentaire de près de 40 000 $ sur cette période pour en assurer le maintien.
                    
                
