La Politique bioalimentaire aurait très peu d'impact sur les producteurs Montérégiens
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M. Laurent Lessard, a dévoilé le 6 avril dernier, en présence du premier ministre du Québec, M. Philippe Couillard, la Politique bioalimentaire 2018-2025 Alimenter notre monde.
De portée gouvernementale, elle permettra d'assurer la stabilité et la prospérité de ce grand secteur regroupant l'agriculture, les pêches, l'aquaculture, la transformation alimentaire, la distribution, la commercialisation, la restauration et les services alimentaires. Dans la foulée de ce lancement, la ministre responsable de la région de la Montérégie, Mme Lucie Charlebois, a tenu à rappeler l'importance du secteur bioalimentaire pour cette région.
L'industrie bioalimentaire montérégienne, avec ses 82 500 emplois et près de 4,5 milliards de dollars de produit intérieur brut (PIB), procure 17 % de tous les emplois et contribue à hauteur de 9 % à son économie.
Dans cette région, plus de 6 880 entreprises de production agricole génèrent 31 % des recettes agricoles du Québec et fournissent 15 300 emplois. Les 450 entreprises de transformation alimentaire emploient plus de 15 700 personnes et la valeur des livraisons manufacturières d'aliments transformés atteint 6,5 milliards de dollars, soit le quart des livraisons du Québec.
« Nous avons maintenant des orientations claires, qui soutiennent les régions, qui tiennent compte des attentes des acteurs du secteur bioalimentaire et de la population. Nous nous sommes dotés d'un outil très précieux pour faire face aux défis de l'avenir, tout en tenant compte des enjeux de santé publique qui nous interpellent tous, comme la salubrité des aliments et la saine alimentation. Aussi, le gouvernement stimule les investissements bioalimentaires en région et contribue à ce que la Montérégie continue à jouer son rôle de chef de file pour ce secteur au Québec », souligne la ministre responsable de la Montérégie, Lucie Charlebois.
Pour continuer d'appuyer ce secteur stratégique, la Politique bioalimentaire repose sur deux ambitions. La première consiste à maintenir un haut degré de confiance des consommateurs. Cette confiance est notamment influencée par la réponse à leurs demandes et à leurs attentes ainsi que par l'information accessible sur l'alimentation et ses effets sur la santé. La seconde est de développer un secteur bioalimentaire prospère et durable. La prospérité résulte de la capacité à réussir et à progresser en tenant compte des besoins des générations actuelles et futures.
Peu d’impact pour les producteurs de grains de la Montérégie
Les Producteurs de grains de la Montérégie rappellent que cette nouvelle Politique bioalimentaire aura peu d’impact pour la production de grains dans la région.
« Les principes retenus dans la politique vont dans la bonne direction. Toutefois, ses objectifs sont beaucoup plus ambitieux que le cadre financier très limité annoncé lors du dernier budget. Le gouvernement va devoir prendre des engagements financiers beaucoup plus sérieux s’il souhaite motiver les producteurs à investir et ainsi avoir un impact important dans la région », déclare Stéphane Bisaillon, porte-parole des Producteurs de grains de la Montérégie.
À titre d’exemple, alors que l’impact négatif sur la productivité résultant de la nouvelle réglementation des pesticides est évalué à plus de 20 millions de dollars par année, le dernier budget ne fait mention que d’un soutien de 2,5 millions de dollars par année pour la santé des sols. Également, alors que le dernier budget prévoit une somme de 100 millions sur cinq ans pour le Plan de soutien aux investissements en matière de bien-être animal et d’efficacité énergétique, le secteur de la production végétale n’en recevra que 13 %.
« Tout en étant conscients de l’impact de certaines annonces pour d’autres productions, force est de constater que la politique bioalimentaire aura peu d’impact pour la 2e production en importance au Québec », conclut monsieur Bisaillon.
Le bioalimentaire québécois en chiffres (2017) :
- Un PIB de 25,4 milliards de dollars (8 % du PIB total québécois);
- Quelque 510 000 emplois, à savoir 12 % de l'emploi total au Québec et au moins 10 % de l'emploi dans 12 des 17 régions;
- Des investissements de 1,7 milliard de dollars (5 % du total du Québec);
- Des exportations de 8,8 milliards de dollars (10 % du total du Québec) et des importations de 7 milliards de dollars (9 % du total du Québec);
- 57 000 emplois et 28 000 exploitations agricoles générant des recettes monétaires de 8,8 milliards de dollars (15 % du total du Canada);
- 3 700 emplois dans les pêches et l'aquaculture commerciales, avec une valeur totale des captures de 352 millions de dollars;
- 70 000 emplois dans les 2 400 établissements de transformation alimentaire, de même que des livraisons manufacturières de 29,0 milliards de dollars (25,2 % du total du Canada);
- 379 000 emplois dans les commerces et les services alimentaires, avec des ventes de près de 45 milliards de dollars.
À l'horizon 2025, les trois défis que la Politique bioalimentaire compte relever sont :
- de répondre aux attentes des consommateurs à l'égard de la santé et de l'environnement;
- d'accroître les activités des secteurs de la production agricole, des pêches et de la transformation alimentaire au Québec;
- d'accroître la présence des produits bioalimentaires d'ici sur les marchés du Québec, du Canada et de l'étranger.
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