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Incursion dans l'école de la COVID

Des étudiants et du personnel scolaire à bout de souffle

durée 05h00
29 avril 2021
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Ils enseignent ou travaillent dans des écoles primaires de Vaudreuil-Soulanges, mais peu importe leur emploi, leur constat est le même: les élèves sont à bout de souffle et le personnel aussi. Néomédia s’est entretenu avec trois enseignants et une technicienne en service de garde afin de mieux saisir la situation dans les écoles de la région.

« Voyez-vous, entre nous, nous appelons le moment que nous vivons : l'école de la Covid. Il y a une très grande différence entre ce que nous vivons actuellement et ce que nous avons connu par le passé », indique un enseignant en sixième année qui a préféré garder l'anonymat.

Augmentation du niveau d’anxiété, perte de motivation, bref, les élèves, tous niveaux confondus, vivent les contrecoups de la crise sanitaire. «  Les élèves de ma classe vivent un peu plus d’anxiété. Cela se reflète dans leur humeur. J’ai 3 enfants sur 20 élèves qui m’ont parlé de maux de ventre, de perte de sommeil, d’appétit ou éclatent en pleurs. Quelques-uns croient, à répétition, avoir les symptômes de la Covid et préfèrent rester à la maison. Certains véhiculent le langage des parents en disant : « porter le masque ce n’est pas nécessaire! M. Legault, c’est un clown! », explique Nicole Desrochers, enseignante qui a accepté de témoigner à découvert.

Même son de cloche chez une technicienne en service de garde: « je remarque plus d’anxiété chez les élèves, plus de larmes, plus de tensions entre eux. Ce n’est pas toujours facile pour eux d’être toujours avec la même bulle et les mêmes amis », confie-t-elle en ajoutant que les élèves sont aussi beaucoup plus sensibles. 

De son côté, une enseignante qui en est à sa deuxième année dans la profession estime que ses jeunes étudiants font preuve d’une belle résilience. « J’ai quelques élèves chez qui j’ai remarqué une hausse de l’anxiété, surtout quand le port du masque est devenu obligatoire. Au début de l’année, ils s’ennuyaient de leurs amis dans les autres classes bulle.  Académiquement, comme ils ont perdu une partie de l’année passée, disons qu’ils partaient de loin. Ceci étant dit, ils sont, pour la plupart, hyper motivés », explique-t-elle. 

« J'ai peur pour notre génération d'enfants »

Si plusieurs adultes se sentent blasés par la situation, les enfants ne font pas exception. Moins d’intérêt en classe, baisse du rendement scolaire, rattrapage des apprentissages, la fatigue des élèves se fait grandement sentir. « En ce moment, je sens que les élèves et les familles sont blasées. L'école semble secondaire, la tête est ailleurs. On cherche à se changer les idées, mais comme il y a moins de libertés, c'est difficile de se divertir et  de socialiser. Une fois en classe, nous sommes en mode rattrapage par rapport à l'an dernier. Nous avons beaucoup de notions à travailler plus intensément puisqu'elles n'ont pas été abordées l'an passé. La tâche est donc intense, grande et très exigeante pour les enfants », ajoute le professeur de 6e année. 

La perte d’activités sociales à l’extérieur de l’école se fait aussi sentir en classe. Souvent occupés à participer à mille-et-un trucs, que ce soit du sport ou autres, une tendance au laisser-aller se fait remarquer chez certains jeunes. 

« Les enfants n'ont pas toutes les distractions et le défoulement dont ils ont besoin. Plusieurs sont laissés à eux-mêmes et "traînent"dans les villages. Les esprits vagabondent, les mauvais coups arrivent, des conflits éclatent et l'encadrement n'est pas toujours adéquat. Tout cela a des répercussions sur leur vie sociale et comme cela est une des missions de l'école, apprendre à socialiser, c'est très difficile. Et ça, c'est sans parler de leur vie numérique... Les réseaux sociaux prennent de plus en plus de place, de plus en plus jeune. Tout ce lot pèse très lourd sur les épaules de nos élèves », ajoute l’enseignant.

Concernant le temps passé devant les écrans, une enquête de NETendances de l’Université Laval, révélait que 76% des jeunes de 6 à 17 ans ont vu une augmentation du temps consacré en ligne.  Une proportion de 40% des jeunes passe en moyenne plus de 10 heures par semaine sur le web, ce qui représente un bond de 15% en seulement une année. 

La présence en ligne des jeunes est inquiétante notamment, pour les jeunes du primaire et des secondaires un à trois qui étaient en présentiel au moment de l’étude. Les élèves du secondaire demeurent malgré tout ceux qui écoulent le plus de temps derrière un écran, soit 59% à plus de 10 heures par semaine, contrairement à 27% pour les moins 6 à 12 ans.   

Et le personnel ? 

« Depuis juin 2020, on ne fait plus de « social » entre le personnel. Les retraités qui quittent le font sans avoir de fête pour souligner leur travail acharné pendant 35 ans. Ensuite, aucune réunion du personnel n’a lieu dans la salle de réunion. Elles se passent virtuellement et de la maison, avec la direction. Même nos formations ont lieu de façon virtuelle, à grande échelle, après inscription. Ce n’est pas personnalisé, selon nos besoins réels. Quelques membres du personnel arrivent à manger à la cafétéria des enfants, le vendredi. Ils apportent leur lunch. Il y a des distances entre chacun. C’est le seul rendez-vous que certains ne veulent pas manquer », ajoute Mme Desrochers.

La tâche n’est pas plus simple dans les services de garde. « C’est très exigeant et stressant. Animer des groupes de deux bulles différentes donc, pas dans le même local, n’est pas évident. Que ce soit de faire un bricolage ou d’animer un jeu dans le gymnase, on se sent bien souvent inapte à s’occuper de nos élèves comme il se doit. C’est ce qui me brise le coeur dans un sens », ajoute la technicienne en service de garde scolaire.

Dans un peu plus d’un mois, tant les enseignants que le personnel de soutien pourront profiter de la période estivale pour se reposer avant de revenir en août 2021, pour une nouvelle rentrée scolaire qui apportera, assurément, son lot de défis.

 

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