Un brin d'histoire
Il y a 126 ans, le 9 octobre 1899 le canal de Soulanges ouvrait à la navigation
En ce 9 octobre 1899, il y a exactement 126 ans, le canal de Soulanges ouvrait officiellement à la navigation. Fruit de longues études et d’une série de recommandations de la commission royale d’enquête sur la navigation entre les lacs Saint-François et Saint-Louis, ce projet colossal marque une étape majeure dans l’histoire industrielle et maritime de la région.
Des études réalisées entre 1872 et 1874 favorisaient la solution d'un canal passant au nord du fleuve Saint-Laurent. La décision finale ne sera toutefois prise que 17 années plus tard. Le processus d'expropriation des terres situées sur le tracé du canal débute en 1891 et les travaux commencent en 1892, alors qu'environ 500 hommes, dont plusieurs immigrants, se mirent à creuser le roc sous la supervision de l'ingénieur Thomas Monroe.
Le tracé de 23,4 kilomètres, aura des répercussions notables sur la population et les quatre municipalités concernées. Les villages de Pointe-des-Cascades et de Les Coteaux, situés à l’entrée du canal, verront leur paysage profondément transformé, notamment par la démolition de plusieurs bâtiments.
Des propriétaires fonciers perdront une portion de leurs terres à la suite d’expropriations, tandis que de nombreux agriculteurs devront composer avec de longs détours pour rejoindre les parties les plus essentielles de leurs champs, le pont le plus proche étant désormais leur seul accès.
Des défis techniques et humains majeurs
La construction du canal de Soulanges s’est révélée beaucoup plus longue et ardue que ne l’avaient anticipé les études préparatoires. Divers facteurs sont venus compliquer le chantier et repousser son ouverture, notamment la nature du sol de la région. En effet, le sol glaiseux couvrant un lit de sable contribuait à l'instabilité du sol, causant de nombreux éboulis.
Les ouvriers ont aussi été confrontés à la présence d'argile bleue molle et grasse, surtout dans la section traversant Les Coteaux et Coteau-du-Lac. Cette substance avait pour effet de causer des glissements de terrain. Les ingénieurs ont dû procéder à l'aplanissement et à l'enrochement des berges du canal à certains endroits.
Pour composer avec les délais et les nombreux imprévus survenus en cours de route, plus de 1 200 travailleurs pouvaient être mobilisés simultanément le long de cet immense chantier qui dura sept ans.
Une innovation technologique majeure
L’innovation technologique la plus marquante intégrée au canal de Soulanges fut sans contredit le recours à l’énergie hydroélectrique. Grâce à l’électrification, les moteurs pouvaient actionner l’ensemble des structures mobiles, qu’il s’agisse des écluses, des ponts tournants ou des déversoirs, ce qui a réduit considérablement le nombre d’employés nécessaires à l’exploitation du canal.
De plus, l’installation de lampadaires électriques tout au long du tracé permettait dorénavant aux navires d’y circuler autant le jour que la nuit.
L’énergie hydroélectrique provenait d’une petite centrale construite en 1899 par l’ingénieur Thomas Monroe, installée à l’endroit où le canal rencontre la rivière à la Graisse, à Les Cèdres. Ce site, choisi pour la dénivellation d’environ six mètres entre le canal et la rivière, fournissait la force hydraulique nécessaire pour actionner les turbines de la centrale.
La fin d’une ère
L’augmentation constante de la taille des bateaux et du trafic sur le canal de Soulanges annonça la fin de son exploitation. Incapables de répondre à ces nouveaux impératifs, les écluses accueillirent leur dernier navire à l’automne 1958.
L’ouverture officielle de l’actuelle Voie maritime du Saint-Laurent, le 26 juin 1959, scella définitivement le sort du canal, longtemps considéré comme l’une des plus grandes prouesses technologiques du XIXᵉ siècle au Canada.
Source: Le Centre d'archives de Vaudreuil-Soulanges et Le Canal de Soulanges