Quand l’histoire éclaire le présent
Saint-Jean-Baptiste : d’un feu païen à une flamme nationale
La Fête nationale du Québec a peut-être disparue du calendrier Google, mais qu'à cela ne tienne, la fierté de la nation québécoise est toujours aussi vivante en ce 24 juin. Mais d'où vient cette célébration ?
Bien plus qu’un jour férié marqué par des feux d’artifice et des prestations musicales, la Saint-Jean-Baptiste s’ancre dans une riche tradition culturelle, religieuse et patriotique qui a façonné l’identité québécoise.
Avant de devenir la fête nationale des Québécois, la Saint-Jean trouve ses origines dans les célébrations païennes du solstice d’été. À cette époque, les Européens allumaient de grands feux pour souligner le retour du soleil et la lumière. Ces festivités ont été reprises par l’Église catholique, qui les a associées à la naissance de Jean le Baptiste, figure marquante du Nouveau Testament.
En Nouvelle-France, les premiers colons français ont apporté cette tradition avec eux. La toute première mention de la Saint-Jean-Baptiste au Québec remonte à 1646. L’événement était alors avant tout religieux, avec des processions et des messes solennelles. L’influence britannique qui suivra n'effacera pas pour autant cette coutume, qui continuera d'être célébrée dans plusieurs régions du Québec.
Une fête pour les Canadiens français
C’est en 1834, à l’initiative de Ludger Duvernay, que la Saint-Jean-Baptiste prend un tournant plus patriotique. Journaliste et homme politique, Duvernay souhaite alors créer une fête qui rassemblerait tous les Canadiens français autour de leur culture et de leur langue. Un peu comme l'ont fait avant eux, les Irlandais immigrés à Montréal avec la Saint-Patrick.
Le mouvement prend de l’ampleur et, dès 1843, les premiers défilés publics voient le jour.
De la tradition religieuse à l’affirmation nationale
Au fil du temps, la fête revêt une importance de plus en plus symbolique. En 1908, le pape Pie X proclame Jean le Baptiste comme saint patron des Canadiens français. La dimension religieuse reste forte, mais la fête devient aussi un vecteur d’affirmation culturelle.
C’est en 1925 que le 24 juin est officiellement reconnu comme jour férié au Québec. Puis, en 1977, sous le gouvernement de René Lévesque, la Saint-Jean-Baptiste devient officiellement la Fête nationale du Québec. Depuis, elle incarne l’expression d’un peuple, d’une culture et d’une langue. Loin d’être un simple congé, elle reflète le parcours identitaire de toute une nation.
Une célébration toujours actuelle
Aujourd’hui encore, la Saint-Jean-Baptiste rassemble. Que ce soit dans les grands centres urbains ou dans les villages, les Québécois se réunissent pour célébrer leur fierté. Musique, arts, rassemblements citoyens : la fête a évolué, mais son essence demeure.
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