Entrevue avec une citoyenne du Suroît qui brille sur la scène musicale nationale
Sa passion pour la musique la mène de Salaberry-de-Valleyfield au Nouveau-Brunswick
Saviez-vous que le seul orchestre symphonique professionnel du Nouveau-Brunswick compte un petit bout de Salaberry-de-Valleyfield en lui? Entrevue avec la nouvelle directrice musicale et cheffe d’orchestre de cet ensemble qui est native de la région du Suroît, Mélanie Léonard.
Encore aujourd’hui, la passionnée de musique est toujours résidente de notre région, où elle a toujours ses habitudes et ses bonnes adresses entre deux contrats qui la font s'exiler aux quatre coins du pays.
« Du plus loin que je me souvienne, mon premier contact avec la musique s’est fait à la maison. Mes parents ne sont pas du tout issus de ce milieu, mais mon père écoutait toujours de la musique classique à son retour du travail. On ne se limitait pas seulement à ce style musical, on écoutait pas mal de tout chez nous », se rappelle-t-elle d’emblée.
Était-elle destinée à faire carrière en musique? Tout porte à croire que oui, puisque les arts en général ont toujours fait partie de sa vie. « Plus jeune, je pratiquais le ballet et j’ai commencé le violon à l’âge de 9 ans après avoir eu la visite d’une harpiste dans ma classe au primaire. Elle m’a inspirée en me donnant envie d’apprendre un instrument. J’ai donc fait mon choix et je me suis tournée vers le violon que je joue encore aujourd’hui », ajoute-t-elle en précisant qu’elle se dédiera à l’apprentissage de la harpe plus tard dans sa vie et seulement pour le plaisir.
À ce parcours se greffe des études collégiales en Arts et lettres au Cégep de Valleyfield avec comme profil majeur les arts visuels et une mineure en théâtre. Pendant son cursus scolaire, elle prend part à Cégep en spectacle, en plus d’enseigner le violon à l’école À la portée qui prenait place sur la rue Victoria.
Parallèlement à son enseignement scolaire régulier du primaire au Cégep, la jeune femme poursuit des études en violon au conservatoire de l’Université McGill de Montréal, un lieu qui a depuis fermé ses portes il y a peu de temps, mais qui a accueilli des générations de musiciens au fil des ans. Elle a par la suite entrepris des études en musique à l’université.
La musique, le meilleur médium pour connecter avec le public
Après ses études, Mélanie a enchaîné les contrats à titre de musicienne pigiste professionnelle. « J’ai décidé de poursuivre dans cette voix après mes études collégiales parce que la musique c’est le médium avec lequel j’ai le plus de facilité à m’exprimer et à entrer en contact avec le public. Par la suite, j'ai approfondi ma réflexion et j'ai compris que pour être en mesure de mieux m'épanouir dans différents volets, la direction d'orchestre était une bonne avenue pour moi. J’ai donc poursuivi mes études en direction d’orchestre à la maîtrise et au doctorat. Mais c'est assez ardu d'obtenir ce genre de poste. C'est un très long processus d'embauche », confie-t-elle.
Depuis quelques mois, la Néo-Brunswickoise d'adoption est le visage officiel du seul orchestre symphonique professionnel de cette province, assumant à la fois les rôles de directrice musicale et cheffe d'orchestre pour la quarantaine de musiciens professionnels qui le forme. Pendant la saison, l’orchestre présente des spectacles dans trois villes importantes de cette province soit : Saint-John, Fredericton et Moncton.
Pour obtenir ce poste convoité, Mélanie a dû faire preuve de patience et de beaucoup de persévérance. « Les opportunités de ce genre sont rares et quand elles s'ouvrent, on compte les CV par dizaine. Pour ma part, le processus d'embauche s'est échelonné sur deux ans. J’ai été sélectionnée comme finaliste et j'ai dû faire un essai la saison suivante avec l'orchestre qui faisait office d'audition. Avant j'avais fait une entrevue, mais cet essai se voulait une façon de voir comment je réagissais dans le feu de l'action et mes interactions avec les musiciens», se remémore-t-elle.
Pour pourvoir un siège comme celui occupé par Mélanie, un orchestre doit le prévoir 1, 2 ou 3 ans à l'avance. Il faut beaucoup de patience et de persévérance pour s'y rendre.
Diriger un orchestre, oui mais?
En quoi consiste exactement le travail de Mélanie? Dans les grands orchestres, on peut travailler comme directeur musical ou chef invité. Le directeur musical développe la vision artistique de l’orchestre et dirige aussi les concerts. Il peut arriver qu’un chef soit invité pour diriger un programme durant la saison. Être chef invité, c’est un travail ponctuel, à contrat. Être directeur musical, c’est un travail à temps plein. L’un n’exclut pas l’autre.
En tant que directrice musicale, elle doit faire preuve d'un esprit créatif. Comment? En élaborant la programmation des spectacles présentés par l'ensemble musical, notamment dans le choix des pièces et des solistes. Son rôle l'oblige aussi à collaborer avec d'autres organismes pour que l'orchestre puisse s'ancrer dans sa communauté ainsi qu'à développer et maintenir les relations avec les donateurs et médias.
Quant au volet cheffe d'orchestre, il implique que Mélanie dirige l'orchestre sur scène, dans les répétitions ou encore lors de spectacles spéciaux qui nécessitent un travail en collégialité avec d'autres groupes musicaux. « Lorsqu'on bouge les bras, on transmets avec notre baguette pleins d'informations aux musiciens comme le tempo souhaité, le phrasé, les articulations et les nuances. C'est tout un langage à connaître.»
En terminant, est-ce vrai que le métier de Mélanie est glamour? « Non. On dort souvent dans des hôtels, on est souvent loin de la maison et on doit s'adapter aux décalages horaires. Bien sûr, il y a la reconnaissance, mais on doit beaucoup travailler en amont aussi. Le bonheur est proportionnel à l’effort», nuance celle qui ne changerait pas de métier malgré tout.
Comment entrevoit-elle son avenir dans cinq ans? « Je veux continuer de démocratiser la musique et de la faire connaître et découvrir au plus grand nombre de gens possible. J'aimerais m'attaquer à plus de défis musicaux, à un nouveau répertoire et garder ma grande curiosité pour ce domaine.»