Un spectacle à ne pas manquer
Dehors novembre: revivez la création de cet album phare des Colocs
L’un des albums les plus marquants de la musicographie des Colocs est sans contredit Dehors novembre, écrit à l’automne 1996 dans un chalet de l’Estrie. C’est donc sans surprise que le spectacle du même nom, qui sera de passage à la salle Pauline-Julien le 30 novembre prochain transportera les spectateurs au cœur de la création de cet album phare de la francophonie.
Ce théâtre musical a été conçu à partir des souvenirs de Vander, un des très proches collaborateurs de André Dédé Fortin. « Il a été le dernier bassiste du groupe et a participé activement à la création de cet album mythique qui a eu lieu dans un chalet de Saint-Étienne de Bolton. À l’époque, lui et Dédé se sont réunis dans ce chalet pour créer, sans tabous et avec sensibilité, les pièces les plus marquantes de Dehors novembre. Le spectacle plonge le spectateur dans ce processus créatif hors du commun », raconte Marilyne Bastien la productrice du spectacle qui signe aussi la mise en scène avec Vander.
De leur siège, les spectateurs entreront dans l’intimité du duo qui fera découvrir entre confidences et discussions passionnées sur le Québec et la vie l’histoire derrière la composition des chansons ainsi que le cheminement créatif de l’auteur qu’était André Dédé Fortin. La mise en scène, minimaliste et constituée de trois décors, soit la chambre, la cuisine et la pièce de création viendra contribuer à renforcer cette intimité entre les protagonistes et la foule.
C’est le comédien Hubert Proulx qui redonnera vie à André Dédé Fortin que plusieurs admirateurs n’ont pas oublié malgré son décès prématuré. « C’est un spectacle hybride qui oscille entre le théâtre et le documentaire. On y évoque des souvenirs et des anecdotes liés à la création de l’album et Hubert interprète quelques titres comme Le répondeur et Belzébuth. Des projections d’archives viennent appuyer les propos », ajoute-t-elle.
Pourquoi la production a-t-elle porté son choix sur cet acteur ? Parce qu’il interprète le texte à vif, à cœur ouvert. « Ses émotions sont vraies, c’est un chat de ruelle qui a été égratigné par la vie. Le choix était tout naturel pour nous. Il a la même complicité entre lui et Vander que celle qui liait ce dernier à Dédé », confirme-t-elle.
Pas un spectacle hommage
Attention, bien que le spectacle porte sur un album des Colocs, il n’est en rien un hommage. « C’est une production théâtrale à part entière. Elle a pris naissance grâce à Vander qui donne des conférences dans les écoles à propos de son vécu. Il prend aussi part à des nuits de la poésie où il récite des textes et il a eu envie de trouver un comédien pour les interpréter et les jouer à nouveau. C’est vraiment sa vision et ses souvenirs qui sont mis en valeur dans le spectacle », confie-t-elle.
Faire découvrir l’humain derrière l’œuvre
Le spectacle n’est peut-être pas un hommage à André Dédé Fortin, mais les gens qui y assisteront découvriront cet interprète sensible aux autres. Qu’est-ce qu’elle a appris sur Dédé Fortin en travaillant sur Dehors novembre? « Beaucoup de choses. Ça a renforcé l’image que j’avais de lui, soit qu’il était un homme engagé socialement. Je ne l’ai pas connu personnellement, mais comme les gens de ma génération, j’ai écouté la musique des Colocs en grandissant. Il était généreux avec les autres et n’hésitais pas à tendre la main au besoin. C’était une personne très ouverte au multiculturalisme et un grand humaniste. C’est ce que l’on constate dans le spectacle », mentionne Mme Bastien.
Pour illustrer ses propos, elle cite un exemple de l’ouverture d’esprit du chanteur des Colocs. « À son arrivée au Québec, Boucar Diouf s’est dit heureux de pouvoir s’identifier à la musique de ce groupe et surtout à la chanson Tassez-vous de d’là en raison des paroles écrites et chantées en Wolof, la langue du Sénégal.»
Des chansons toujours d’actualité
Dehors novembre offre une belle occasion pour les nouvelles générations de découvrir Les Colocs et leurs chansons qui tournent encore à la radio aujourd’hui. « Plusieurs enseignants du Cégep viennent assister au spectacle avec leurs étudiants pour leur faire connaître cette musique et leur faire comprendre pourquoi elle est encore d’actualité de nos jours », lance-t-elle.
Un geste de générosité à l’image du leader des Colocs
Fait intéressant : la famille de André Dédé Fortin a donné son aval à la production du spectacle. « Nous ne l’aurions pas fait sans cette approbation. Nous voulions aussi pousser plus loin le concept. Nous remettrons donc 10% de tous les revenus issus de la tournée du spectacle à la Fondation Dédé Fortin qui porte son nom ou ses fondations amies qui font la prévention du suicide. Tout comme Dédé, nous voulions aider ceux qui sont dans le besoin via cette contribution », image-t-elle en précisant que la tournée se prolonge sur toutes les scènes de la province jusqu’en décembre 2023.
Ce soutien financier offert à une cause du Québec n’est pas une première pour Mme Bastien. « C’est dans le mandat de l’entreprise pour laquelle je travaille de redonner au suivant. Avec Dehors novembre, il était normal de remettre une partie des profits à la Fondation Dédé Fortin. Je fais pareil pour tous les projets sur lesquels je travaille en choisissant une cause en lien avec le spectacle.»
Notons que pour la salle Pauline-Julien, le 10% sera remis au Centre de crise de l’Ouest-de-l’Île.
Enfin, pourquoi faut-il aller voir le spectacle Dehors novembre à la Salle Pauline-Julien? « Par devoir de mémoire. Parce qu’il faut se souvenir culturellement de cette époque, de ce Québec que Dédé aimait tant. Il faut aussi le faire pour connaître notre histoire et découvrir ou redécouvrir ces textes qui demeurent encore très actuels à ce jour », conclut-elle.
Pour se procurer des billets, au coût de 36 $, on peut le faire via ce lien.
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