Le Centre des Femmes La Moisson, situé à L’Île-Perrot, a dévoilé vendredi sept œuvres créées en collaboration avec l’artiste visuelle Céline Poirier et des femmes de l’organisme communautaire. 

C’est sur le côté du centre, sur ce petit lot de terrain, que les œuvres du projet Toi, moi, nous, elles ont finalement pu être exposées au public ce vendredi matin, au grand bonheur des participantes et des acteurs du milieu. 

Tout a commencé avant la pandémie, en janvier 2020. La salle était pleine de femmes du centre qui consacraient leur temps aux différentes toiles. La pandémie est toutefois venue bousculer les choses. 

L’artiste maîtresse du projet, Céline Poirier, s’est malgré tout repositionnée en envoyant régulièrement à chacune des participantes un petit boîtier contenant le matériel nécessaire pour la confection de l'œuvre. « Ça a été tout un défi », lance-t-elle. 

Cette initiative a cependant été stimulante sur le plan artistique. « Ça a été extraordinaire parce que je n’ai pas vu ce qu’elle faisait, je recevais les boîtiers et j’étais émerveillée chaque fois de voir ce qu’elles avaient fait. Une fois le collage terminé, on a continué en présentiel après à travailler sur les tableaux en petits groupes », explique-t-elle.

L’une des toiles, qui s’apparente à une courtepointe, a une valeur sentimentale pour les intervenantes et participantes rencontrées, qui en étaient toutes très fières. « Cette toile-là pour nous, elle a vraiment une signification spéciale parce qu’elles ont fait des petits bouts chez elles », observe Karine Giguère, coordonnatrice du centre La Moisson.

Redonner aux autres organismes

C’est ainsi après des mois de travail que les œuvres ont pu être dévoilées. De ce nombre, trois seront exposées à l’extérieur et deux à l’intérieur du Centre des Femmes La Moisson.

Les deux autres toiles ont été créées spécialement pour deux organismes, soit La Passerelle, qui offre de l’hébergement et du soutien aux femmes et enfants victimes de violence conjugale, ainsi que La Sortie, qui se consacre aux victimes d’exploitation sexuelle et de traite humaine. 

« C’est vrai qu’ensemble, les femmes, on peut faire beaucoup de choses. Il ne faut pas arrêter, il faut continuer de se battre et c’est ce que ça représente, l’espoir, l’espoir pour tout le monde », témoigne Lyne Collette, coordonnatrice chez La Sortie, en regardant la toile. 

Du côté de La Passerelle, la directrice générale, Véronique Girard, s’est dite particulièrement touchée par ce projet alors que la situation pour les femmes victimes de violences conjugales est plus que déplorable à l’heure actuelle avec un 15e féminicide cette année survenu plus tôt cette semaine. « Cette œuvre sera très bien accueillie à la maison d’hébergement. C’est magnifique », mentionne-t-elle. 

Un éveil artistique

Pour Danielle Chagnon, participante au projet avec le centre La Moisson, ce fut une expérience très enrichissante, qui lui a permis de vivre le moment présent sans penser à l’extérieur au plus fort de la pandémie. « C’est important pour chaque individu d’essayer de se trouver une échappatoire ou quelque chose qui nous fait du bien et pour ça m’en a fait énormément [...] Le centre des femmes a changé ma vie », a-t-elle dit avec émotion et amour lors du vernissage. 

Le projet a été rendu possible grâce au soutien financier du Conseil des Arts et de la Culture de Vaudreuil-Soulanges (CACVS), représenté ce vendredi par son président, Jean-Yves Poirier, également maire de Saint-Polycarpe et cousin de l’artiste Céline Poirier. 

« Je suis très fier d’être ici ce matin pour assister au dévoilement de ce projet [...] qui intègre et utilise la culture comme un outil de changement positif », a-t-il déclaré. 

Lors du vernissage, étaient également présents différents acteurs de la communauté dont le maire de L’Île-Perrot, Pierre Séguin, l’attaché politique de la députée de Vaudreuil, Stéphane Labrie, ainsi que la députée de Soulanges elle-même, Marilyne Picard, qui s’est dit touchée par cette initiative. « Depuis le début, ça me tient vraiment à cœur le Centre de Femmes La Moisson. J’ai une amie qui a bénéficié de l’hébergement de la Passerelle. Je vois à quel point ils aident les gens, ce sont des organismes essentiels dans la région », conclut-elle. 

Mme Picard rappelle finalement l’importance de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide auprès des organismes communautaires ou d’autres instances publiques.