Par Alexandra Loiselle-Goulet
Quand la chanson parle d’elle-même
Par Alexandra Loiselle-Goulet, Blogueuse
Nous avons tous une chanson. Tu sais celle qui te bouleverse dès les premières notes ? Celle qui te donne des frissons de la tête aux pieds ou tout simplement celle qui te donne l’impression de raconter ton histoire ? J’ai découvert la mienne en septembre 2015.
La peur au ventre
À la fin de l’été 2015, nous étions en attente de la chirurgie de ma fille. J’avais l’angoisse dans le tapis. Je pleurais très ou trop souvent, c’est selon. J’ai toujours fait confiance à la vie, mais cette fois-ci, je ne l’avais pas facile.
Je priais beaucoup que ma fille nous revienne. Je me disais constamment, « mais ça arrive même aux meilleures familles alors ça se peut… »
La peur me tuait à petit feu. Elle prenait toute la place dans ma tête, dans ma vie. Je n’étais que l’ombre de moi-même.
La première écoute
Un matin, au retour de la garderie, j’entends les premières notes. J’ai tout de suite reconnu la voix de cette artiste que j’affectionne. Pour une rare fois, j’ai réellement écouté les paroles… Elles m’ont rentré dedans comme un poignard.
Plus la chanson avançait, plus les larmes ne cessaient de couler. J’en avais de la misère à respirer. Dans mon auto, le toit tournait, la musique résonnait dans mes oreilles et dans mon cœur comme un hymne à ma peine. Je me suis promis de ne plus jamais écouter : Ton départ de Marc Dupré.
La dernière fois, je me suis fait une promesse.
Le hasard n’existe pas
J’avais tenu ma promesse. Je n’ai jamais réécouté cette chanson. Mais la vie en avait décidé autrement. Le matin de l’opération, l’infirmière nous a amenés dans une salle adjacente. Nous y avons rencontré l’anesthésiste. Il nous expliqua qu’il allait donner un liquide pour endormir coco avant qu’elle nous quitte. Je l’avais dans mes bras et je la sentais partir… devenir si molle…
Pendant que je pleurais, l’infirmière a monté le son de la radio sur le bureau. À ce moment, Marc Dupré chantait « J’ai peur de ton départ, du dernier au revoir, c’est encore bien trop tôt… »
Le karma me niaise ! Je n’ai jamais tremblé à ce point… j’avais le goût de hurler ! Il disait exactement ce que je ressentais à ce moment précis.
Deux années ont passé
Un matin du mois d’avril, mon grand-père m’annonça que le médecin lui donnait 3 mois à vivre. (il est maintenant décédé) Ma vie s’écroulait. Je sais, la vie est ainsi faite, on nait et l’on meurt. Mais pas lui… il est indestructible.
C’est l’homme de ma vie. Je n’étais pas prête, je ne le serai jamais. Je l’aime d’un amour si fort. Tu t’imagines que j’ai beaucoup pleuré cette journée-là. Le lendemain, je vais mettre de l’essence dans ma voiture avant le travail. J’entre pour payer et il y a une file d’attente.
La chanson fatidique commence ! Non non pas ce matin, pas possible… mes larmes coulent à une vitesse d’enfer… tout le monde me regarde. « Bien, voyons, qu’est-ce qu’elle a elle à matin ! Franchement ! » Mais que veux-tu que je fasse ? Je me vois bien sortir de là et aller prendre l’air, mais je dois payer la damnée d’essence !
Pour revenir à mon karma, je n’avais jamais vu une file aussi longue un lundi matin 7 h. Pis lui qui continue de chanter « C’est toi qu’il me faut pour tenir ici-bas… » Insoutenable. Je te jure, j’ai presque lancé mon argent au commis tellement je voulais sortir ! Rendu dans ma voiture, j’ai pleuré longtemps, très longtemps.
L’histoire de cette chanson
Marc Dupré a écrit cette chanson en collaboration avec Amélie Larocque. Tu peux l’entendre sur l’album « Là dans ma tête ». Va l’écouter, tu m’en redonneras des nouvelles si tu ne l’as connais pas.
Ils parlent d’une maman en phase terminale du cancer. Elle doit y laisser un conjoint et des enfants. Et pour être honnête avec vous, c’est ma plus grande phobie. Quitter ma petite famille que j’aime tant. Pour toutes ces raisons, cette chanson fait vibrer mon ADN. La musique sert à ça non ?
Si tu es dans le deuil, je suis de tout cœur avec toi.
J’ai une pensée si spéciale pour Kim Guertin, sa famille et ses amies. Elle est une connaissance du secondaire. Elle est décédée du cancer, cette semaine. Cette chanson me fera penser à elle, maintenant. Un ange de plus au ciel.
Courage
Alexandra
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