Le temps des fêtes, pour beaucoup, c’est synonyme de party, de bonne bouffe, de moment en famille ou entre amis. Mais ce n’est malheureusement pas le cas pour tous.

Cette année, j’aimerais vous jaser de ces personnes qui, sans que vous le sachiez, font semblant lors de vos soupers des fêtes que vous croyez « réussies ».

La personne (nommons-là Chantale) qui vit avec de l’anxiété sociale

Ce n’est pas parce que Chantale sera entourée de gens qu’elle connait que l’anxiété sociale ne pourra pas se manifester, au contraire. Des semaines avant cette période fatidique, le hamster de Chantale se mettra à courir dans tous les sens.

Qu’est-ce que je vais mettre ?

J’ai pris du poids, qu’est-ce que les gens vont dire ?

Est-ce qu’on va s’intéresser à moi ou vais-je être seule dans mon coin ?

Vont-ils aimer mes cadeaux ?

Est-ce que ma maison sera assez décorée ? Est-ce que ma nourriture sera assez bonne ?

Est-ce que je serais assez ou serais-je juste trop ?

Chantale est déjà épuisée puis on est juste la première semaine de décembre. Plus les fêtes approcheront, plus les symptômes de Chantale augmenteront.

Irritabilité

Anxiété

Chaleur

Cœur qui bat plus rapidement

Autodévalorisation

Envie de tout sacrer-là pis de rester en pyj seule avec son latte.

Pour Chantale, cette période de l’année est stressante et même envahissante. La peur du jugement la hante même la nuit !

Conseil : tu as une Chantale dans ton cercle rapproché ? Use de bienveillance et d’extra gentillesse. Fait-lui des compliments, rassure-là sur son buffet et sur l’ambiance de sa fête. Aide-là aux préparatifs. Ces petits mots et gestes pourront certainement lui rendre la vie plus facile.

La personne (nommons-là Julie) qui vit avec un trouble alimentaire

Noël, c’est synonyme de « let’s go ! On mange jusqu’au temps que le bouton de son pantalon revole dans le bol à punch ! »

Mais c’est aussi la période de culpabilisation alimentaire.

Dans son fil Facebook, Julie commence déjà à voir plein de pubs de coach qui lui donne

LE truc pour perdre les kilos mangés durant les fêtes. Ces personnes jurent à Julie qu’avec une pilule miracle, elle pourra avaler un éléphant sans que ça paraisse sur sa digestion.

Bon, tout ça part d’une bonne intention, mais Julie à un problème alimentaire. Julie commence déjà à se priver de nourriture sachant qu’elle devra rentrer dans sa robe et qu’elle devra manger des aliments « interdits ». C’est amusant les partys, mais pour Julie, c’est un cauchemar. Elle a tellement pas envie que la famille lui dise :

Ben voyons Julie, tu es mince comme un fil ! Une portion de gâteau te fera pas de mal !

Julie ! On dirait que tu vas casser en deux si je te serre trop fort ! Manges-tu à ta faim ?

Te fais-tu encore vomir comme dans l’temps ? Ta mère m’avait dit ça m’semble ben !

Conseil : Julie est consciente de sa problématique. Elle essaie de se soigner et elle va même à des rencontres en psychothérapie. Julie avance, mais elle restera toujours fragile en cette période. Dis-lui donc à la place que tu es contente de la voir puis que tu t’es ennuyé ? Pis, je t’en prie, les remarques sur son poids, avale-les en même temps que ta crème de menthe.

La personne (nommons-la Sylvain) qui vit avec une problématique de dépendance Sylvain a toujours aimé l’alcool. Pour lui, c’était une manière de calmer l’anxiété qu’il vit depuis son enfance. En plus, lorsqu’il recherchait une bonne dose de dopamine, rajouter du Bailey’s dans son café, lui en procurait un coup ! Son estime de lui-même n’a jamais été au top, mais lorsqu’il avait bu une bouteille de vin, il se dégênait, solide.

Sylvain est maintenant dans les AA. Il est fier de lui, car il a plusieurs jetons dans ses poches. Il regarde en avant et pour la première fois, il voit de l’espoir. Cette période festive est difficile pour lui, car depuis longtemps, il ne la vivait jamais à jeun. Il est au courant que les autres ne peuvent se priver d’un verre à cause de lui. Cependant, le stress est à son comble.

Vais-je être capable de résister ?

Si je me trompais de bière et que je consommais celle alcoolisée ?

Si j’étais incapable de supporter les blagues de matante Rosette sur mon célibat ?

Si....

Ne pas boire lorsque la majorité le fait, ça prend une grande force mentale.

Conseil : rassurez Sylvain sur le fait que vous avez prévu plein d’options sans alcool pour lui et au passage mentionnez-lui donc à quel point vous êtes fier de son nouveau parcours ?

La personne (nommons-le Henri) qui vit une grande solitude

- Faites plaisir à votre famille en achetant ce bidule !

- Spécial pour 4, régulier pour 1 pour un repas cuisse !

- Prenez un verre entre amis au nouveau bar du centre-ville !

Henri se fait garrocher (n’ayons pas peur des mots) sa solitude en plein visage. Pour les fêtes encore une fois, il sera seul devant sa télé. Il aurait tant aimé être en famille ou entre amis, mais sa famille ne lui parle plus depuis des années (pour des raisons qui ne regarde que lui mes curieux). Et ses amis, eux, festoient en famille.

Henri se sent malheureux. Il a un vide à l’intérieur qui ne veut pas se remplir. Il mange son plat surgelé en écoutant le Bye Bye. Est-il en dépression ? Il a tous les symptômes. Il n’osera donc pas appeler son entourage.

-  Ça se fait pas s’imposer !

- Les gens veulent être entre eux, voyons !

- Je suis tellement négatif dernièrement ! Je veux pas gâcher leur party !

Henri se replie alors sur lui-même et entrevoit la prochaine année de manière sombre. Il jongle même avec l’idée de se suicider. Ce serait mieux pour tout le monde qui dit !

Conseil : tu as un Henri dans ton entourage ? Amène-le chez toi. Il te dira peut-être non, mais insiste. Fais-lui voir que tu l’aimes. La solitude dans cette période de l’année peut être dévastatrice. Un de plus ou un de moins, ce n’est pas dramatique, n’est-ce pas ? Et lorsque les vœux du Nouvel An arriveront, tu seras heureux d’avoir Henri à tes côtés et de pouvoir le serrer dans tes bras.

Le temps des fêtes, c’est un moment de partage, de bienveillance et de chaleur humaine. Pense à ce que tes proches peuvent vivre. Ta façon d’agir pourrait faire toute une différence dans leur vie. Réchauffer les cœurs, c’est un peu ça le vrai esprit des Fêtes.