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Une nouvelle chaire de recherche pour mieux traiter l'épilepsie chez les enfants

durée 07h00
28 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTREAL — Une première Chaire de recherche en épilepsie pédiatrique voit le jour au CHU Sainte-Justine, à Montréal. L'objectif est de mieux comprendre les causes de la maladie et de trouver de meilleurs traitements pour ceux qui en sont atteints, notamment en contrôlant mieux les crises d'épilepsie.

La chaire de recherche a officiellement été lancée vendredi, au CHU Sainte-Justine, grâce à la volonté de deux parents endeuillés par le décès de leur fils, qui est décédé des suites d'une épilepsie réfractaire.

À la mémoire d'Édouard Boivin, qui n'avait que neuf ans au moment de son décès, Claude-André Boivin et Laurence Gauvin-Couture ont créé en 2021 une fondation portant le nom de leur fils. Ils ont réussi à amasser 2,5 millions $ qui ont servi à mettre sur pied la nouvelle chaire de recherche en épilepsie pédiatrique.

L'épilepsie est en fait plusieurs maladies différentes avec un spectre de sévérité. Des patients vont parfois présenter dix crises par jour pendant des années, et d'autres n'auront que deux crises dans toute leur vie.

La Dre Elsa Rossignol est la titulaire de cette première chaire de recherche en épilepsie pédiatrique. Depuis 20 ans, elle se consacre à ce sujet. Dans son laboratoire au CHU Sainte-Justine, la Dre Rossignol a réussi à mieux identifier certaines causes d'épilepsie chez les enfants.

«Quand on regarde les dix dernières années, on voit les progrès assez clairs que nos travaux et ceux d'autres collègues ont permis de faire pour mieux diagnostiquer la maladie, identifier les causes de la maladie chez bon nombre de familles. Et maintenant, on est vraiment rendu à trouver de meilleurs traitements», indique la chercheuse.

La Dre Rossignol mentionne que le don de la Fondation Édouard Boivin est exceptionnel. «C'est absolument salvateur pour nous, dit-elle. Ça nous permet d'aller plus loin maintenant qu'on a de bons modèles. On veut premièrement continuer à explorer les mécanismes sous-jacents pour mieux comprendre pourquoi l'épilepsie et les troubles cognitifs se développent. Mais on ouvre aussi maintenant une avenue plutôt thérapeutique [...] très clinique, basée sur ces modèles, avec le souhait éventuellement de pouvoir transiter certains de ces nouveaux traitements vers des patients avec des essais cliniques.»

La Dre Rossignol souhaite explorer plusieurs aspects thérapeutiques, notamment avec des molécules et des approches un peu plus innovantes, comme la transplantation de cellules progénitrices.

«Ce sont des choses qu'on considère qui pourraient éventuellement amener un soulagement, un bénéfice pour les patients avec épilepsie en termes de réduire la fréquence intensive des crises, mais aussi les atteintes cognitives et comportementales», précise la neuropédiatre.

Une avenue prometteuse

Dre Rossignol décrit un peu plus en détail la transplantation de cellules progénitrices, qui semble prometteuse. Réimplanter certaines cellules progénitrices pourrait éventuellement donner lieu à des interneurones dans certaines régions clés du cerveau des modèles développés par Dre Rossignol.

«Pour voir si justement on peut avoir un bénéfice similaire qui se maintient dans le temps avec une amélioration au niveau de la cognition du comportement, de la fréquence et la sévérité des crises épileptiques. Et ça, c'est un projet qu'on a à cœur depuis des années, mais qui a une possibilité d'avoir une transition clinique éventuellement. Il y a déjà un essai clinique qui est en cours en Europe pour une forme adulte d'épilepsie avec des transplantations. Ce n'est pas encore clair quel type de cellules pourraient être transplantées chez l'enfant et chez quel patient, mais ça fait partie des choses qu'on veut vraiment mieux clarifier avec la chaire Édouard Boivin», explique Dre Rossignol.

«À travers nos sept modèles, on commence justement ces expériences très bien ciblées. Quand, où et quel type de cellules on doit transplanter pour améliorer les crises et le développement cognitif», ajoute-t-elle.

L’épilepsie touche 1 % de la population, soit 100 000 adultes et 30 000 enfants au Québec. Pour un tiers d’entre eux, aucun médicament n’est efficace. Dre Rossignol se veut tout de même rassurante. Les deux tiers restants répondent bien au traitement, et même chez les patients qui répondent moins bien, le risque de décès demeure faible. La majorité des enfants vont survivre à leur épilepsie, mais ils peuvent quand même avoir des séquelles cognitives.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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