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Une femme voit sa peine prolongée de 12 mois pour avoir séquestré des gardes

durée 20h29
19 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — Une femme crie, condamnée à la prison à vie en Nouvelle-Écosse, a vu sa peine prolongée de 12 mois pour avoir séquestré illégalement deux gardiens de prison. Cette décision reconnaît toutefois un possible mauvais traitement de la part du système judiciaire.

Serena Tobaccojuice, l'une des détenues ayant purgé la plus longue peine au Canada, est incarcérée depuis plus de 25 ans. Elle était auparavant connue sous le nom de Serena Nicotine.

Son avocat, Jeremiah Raining Bird, a demandé une libération complète, arguant que son passé traumatique et son identité autochtone n'avaient jamais été pris en compte par les tribunaux.

Tobaccojuice avait 15 ans lorsqu'elle a tué la directrice d'un foyer de groupe à North Battleford, en Saskatchewan, en 1997. Deux ans plus tard, elle a été condamnée à la prison à vie comme une adulte.

En novembre dernier, elle a plaidé coupable à deux chefs de séquestration pour un incident survenu à l'Établissement Nova pour femmes en 2022.

M. Raining Bird a déclaré que Tobaccojuice était déçue par la sentence prononcée par le juge Ian Hutchison au tribunal provincial de Truro, car celle-ci retarde encore son admissibilité à la semi-liberté.

«Comme l'a souligné le tribunal, elle faisait des progrès et continue d'en faire», a affirmé M. Raining Bird lors d'une entrevue après le prononcé de la sentence.

«Je pense qu'une fois qu'elle aura eu le temps de digérer cette affaire, elle continuera à progresser.»

Le juge a indiqué que la peine aurait été de 15 mois, mais qu'il avait conclu que la procédure, qui avait duré près d'un an, violait son droit à un procès dans un délai raisonnable. Il a donc réduit la peine de trois mois.

M. Raining Bird a précisé que Tobaccojuice cherchait de l'aide médicale auprès du personnel lorsqu'elle a plié une pince à épiler en pointe et s'en est servie pour empêcher deux gardiens de quitter une unité.

Il a déclaré qu'elle avait ensuite retourné l'arme contre elle-même, avant d'être aspergée de gaz poivré et menottée moins de 20 minutes plus tard par les gardiens.

Tobaccojuice a déjà été condamnée à plusieurs reprises pour prises d'otages en prison.

En 2000, elle a pris une infirmière en otage sous la menace d'un couteau au Centre psychiatrique régional de Saskatoon. Plus tard la même année, elle a retenu une gardienne de prison captive, lui brûlant le visage avec une cigarette et mettant le feu à ses cheveux.

M. Raining Bird a soutenu qu'il était inquiétant que ce soit la première fois que les tribunaux aient accès à un rapport Gladue concernant Tobaccojuice avant le prononcé de la sentence. Un rapport Gladue décrit le parcours et les expériences d'un accusé autochtone et peut être présenté comme argument lors de la détermination de la peine.

Le juge Hutchison a déclaré qu'il y avait «des inquiétudes quant à la durée des peines d'emprisonnement précédemment imposées, étant donné l'absence du rapport Gladue».

«Le tribunal se demande si la durée des peines imposées aurait été moins longue si un rapport Gladue avait été mis à la disposition du jury et des juges.»

Dans sa décision orale, le juge a fait référence à une lettre de la sénatrice canadienne Kim Pate, qui avait été présentée par la défense.

La lettre indique que, pendant ses huit années de détention, Tobaccojuice «a été isolée dans des conditions extrêmes, sans services, sans programmes et même sans vêtements de base».

«Elle a également été fréquemment soumise à des mesures de contention chimique et physique, à des traitements illégaux et involontaires, et à des transferts à travers le pays», précise Mme Pate dans la lettre.

L’avocat de la Couronne, Andy Melvin, a dit respecter la décision du juge dans cette affaire complexe.

«Il a dû être difficile pour le juge de concilier les intérêts divergents, et l’un d’eux concernait certainement les facteurs Gladue et la manière de condamner Tobaccojuice de façon appropriée en tant que délinquante autochtone.»

M. Melvin a ajouté qu’un autre facteur était la dissuasion et son impact potentiel sur les personnes incarcérées ou travaillant dans les établissements correctionnels.

«Il est essentiel que les gens sachent que, s’ils commettent un tel acte dans un établissement correctionnel, ils en subiront les conséquences, ce qui est extrêmement important pour la protection du public, des détenus et du personnel», a-t-il fait valoir.

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne

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