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Une étude abandonnée en raison de la pêche à l'anguille sans permis en N.-É.

durée 14h58
11 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

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Par La Presse Canadienne, 2023

HALIFAX — Les pêcheurs autochtones et non autochtones de bébés anguilles déplorent l'annulation d'une étude de longue haleine sur l'espèce en raison d'une pêche chaotique et sans permis.

Le pêcheur Stanley King a indiqué que la pêche illégale des bébés anguilles en Nouvelle-Écosse a empêché l'étude annuelle sur l'East River par les pêcheurs commerciaux, le ministère fédéral des Pêches et un groupe à but non lucratif.

«Lorsque les braconniers descendent sur la rivière, ils enlèvent ces anguilles avant qu'elles ne puissent atteindre notre zone d'étude. Nous obtenons donc des données erronées et cela rendrait le stock beaucoup plus bas qu'il ne l'est réellement», a-t-il expliqué dans une entrevue mercredi.

«C'est le grand défaut (du ministère des Pêches) de laisser les braconniers agir en toute impunité.»

Le gouvernement fédéral a fermé la pêche aux bébés anguilles au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse pendant 45 jours le 15 avril après des rapports de braconnage et de violence entre pêcheurs, mais la pêche continue. Les bébés anguilles - connues sous le nom de civelles - valent plus de 4000 $ le kilogramme; elles sont pêchées la nuit et transportées vivantes en Asie où elles sont cultivées pour l'alimentation.

Pendant ce temps, la nation Wolastoqey – qui détient également des permis pour pêcher les anguilles – dit qu'elle regrette que les données sur la santé de la population de bébés anguilles en Nouvelle-Écosse ne soient pas enregistrées cette saison. Le chef Allan Polchies fils, de la Première Nation de Sitansisk, s'est dit également déçu que le gouvernement fédéral n'ait pas soutenu une étude sur la santé des stocks dans le sud-ouest du Nouveau-Brunswick.

«Le manque de données recueillies pour éclairer les décisions concernant cette pêche en Nouvelle-Écosse est problématique, mais la situation est pire dans le territoire de Wolastoqey où il n'y a aucune étude d'indice», a-t-il déclaré dans un courriel.

La nation Wolastoqey a demandé à plusieurs reprises du soutien pour établir une étude qui éclairerait les décisions sur la santé de la pêche sur son territoire, a affirmé le chef Polchies fils. Il a plaidé en faveur d'une pêche dirigée par les Premières Nations avec la participation potentielle de pêcheurs commerciaux non autochtones en attendant des études de conservation.

M. King a fait savoir que l'étude sur la rivière d'essai de la Nouvelle-Écosse avait commencé en 1996, dans le but de mesurer la quantité de civelles se déplaçant dans les eaux. Les anguilles sont capturées, mesurées et comptées avant d'être relâchées pour remonter la rivière pour frayer. La zone d'étude est située à environ 70 kilomètres au sud-ouest d'Halifax.

L'étude fournit des données au ministère fédéral des Pêches pour l'aider à estimer l'abondance de la population et à comparer les niveaux de récolte annuels au fil du temps.

M. King soutient depuis des semaines qu'Ottawa doit renforcer considérablement son application du moratoire afin que la pêche sans permis cesse sur l'East River et d'autres rivières de la province. Chaque jour, il publie de nouvelles images prises la nuit par des caméras cachées montrant la pêche pratiquée sur les rivières.

La ministre des Pêches, Joyce Murray, a déclaré lundi aux journalistes à Ottawa que la pêche à la civelle était «devenue incontrôlable» en raison de la valeur des prises et de la facilité relative d'acquérir l'équipement et d'accès à la pêche. Elle a cependant indiqué que les affirmations selon lesquelles le gouvernement n'appliquait pas le moratoire étaient fausses, ajoutant que les agents des pêches travaillaient avec la Gendarmerie royale du Canada et qu'ils «effectuaient des arrestations et confisquaient les produits». 

En 2012, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a désigné l'anguille d'Amérique comme espèce menacée après l'avoir inscrite comme espèce préoccupante en 2006.

Michael Tutton, La Presse Canadienne