Une «erreur administrative» met en péril le statut d'une mère et de sa fille en N.-É.


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Par La Presse Canadienne, 2025
HALIFAX — Diana Calderón, une mère célibataire originaire de Colombie, cherche désespérément à offrir à sa fille des moments de normalité depuis que leur vie a été bouleversée en août.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a informé Mme Calderón le 6 août du rejet de son permis de travail, car son employeur depuis environ deux ans, Santé Nouvelle-Écosse, n'avait pas payé les frais de conformité de 230 $ – un paiement que l'autorité sanitaire provinciale affirme avoir payé.
«J'ai cru que j'allais m'évanouir. Et puis, j'ai vu une autre lettre pour ma fille», a raconté Mme Calderón lors d'une entrevue lundi, retenant ses larmes.
Cette lettre, également envoyée par le ministère fédéral et adressée à Sofia, 14 ans, indiquait qu'elle n'était plus autorisée à étudier au pays en raison du refus du permis de travail de sa mère. La mère et la fille disposaient de 90 jours à compter du rejet, jusqu'au 4 novembre, pour entreprendre le coûteux processus de demande de nouveau permis de travail, sous peine d'être contraintes de quitter le pays.
Mme Calderón a immigré au Canada avec sa fille en 2022 dans l’espoir de lui offrir un endroit stable où apprendre et grandir.
Jennifer Lewandowski, porte-parole de Santé Nouvelle-Écosse, a déclaré que l'autorité sanitaire avait examiné le permis de travail refusé en août et qu'il «était devenu évident qu'il s'agissait d'une erreur administrative devant être corrigée rapidement». Mme Lewandowski a précisé que l'autorité sanitaire avait payé la totalité des frais le 12 décembre 2024.
Diana Calderón a expliqué avoir tenté à plusieurs reprises de joindre IRCC pour les alerter de l'erreur. Elle a indiqué avoir seulement reçu un avis de réouverture de son dossier, mais que personne au ministère fédéral n'avait reconnu l'erreur la concernant.
Puis, lundi soir, un porte-parole du gouvernement a envoyé un bref courriel à La Presse Canadienne, indiquant que le permis de travail de Mme Calderón était désormais approuvé et valide jusqu'en septembre 2027.
Mme Lewandowski et Mme Calderón ont dit n'avoir appris cette nouvelle que lors d'une conversation téléphonique avec La Presse Canadienne.
«Je n'arrivais pas à y croire. J'ai ressenti un choc et un immense soulagement», a confié la première intéressée.
Malgré la nouvelle déclaration du ministère, lorsqu'elle a consulté le portail fédéral de l'immigration mardi, sa demande était toujours affichée comme «en cours de traitement», a-t-elle rapporté.
L'autorité sanitaire ne pouvait pas inviter Diana Calderón à retourner au travail tant qu'elle n'avait pas reçu cette confirmation du gouvernement fédéral, a déploré Jennifer Lewandowski.
Demande refusée «à juste titre»
IRCC a assuré à La Presse Canadienne que la demande de Mme Calderón avait été «à juste titre» refusée en août, affirmant que les frais de conformité de l'employeur n'étaient pas au dossier.
Il n'a pas expliqué pourquoi ces frais n'y figuraient pas.
Le ministère a également confirmé avoir reçu une correspondance de Diana Calderón à ce sujet ce mois-ci et en août, et qu'un agent n'avait réexaminé sa demande que lundi.
«Ils ont constaté que le reçu pour les frais de conformité de l'employeur avait été soumis et ont rouvert le dossier en conséquence», a expliqué le porte-parole Rémi Larivière, dans un courriel.
Celui-ci a ajouté que les documents sont «généralement» imprimés et envoyés par la poste le lendemain d'une décision.
Le ministère n’a pas immédiatement répondu aux questions concernant l’indemnisation de l'immigrante pour les six semaines de travail perdues ou les frais d’un consultant en immigration.
La mère compte pour l'instant sur ses économies pour payer le loyer et d’autres dépenses essentielles.
En tant que seule source de revenus pour elle et sa fille, Mme Calderón a rappelé qu’elle «a besoin de travailler».
Bien qu’on ne sache pas encore quand leur vie pourra reprendre un cours normal, Diana Calderón a déclaré que le soulagement ressenti depuis la réponse d’IRCC aux médias concernant son cas lui a apporté une certaine tranquillité d’esprit.
Katie Enman, consultante en immigration canadienne réglementée travaillant sur le dossier de Mme Calderón, a déclaré lundi soir que la situation de la famille montre clairement que l'approche à huis clos du système fédéral d'immigration en matière de gestion des permis de travail doit être réformée.
«Malgré des semaines d'efforts de la part de la requérante, de son employeur et de sa représentante (moi-même), incluant de nombreux courriels et appels téléphoniques à des représentants du gouvernement, dont nos députés locaux, personne à IRCC ne semblait vraiment intéressé à entendre notre dossier jusqu'à présent», a exposé Mme Enman.
«Le cas de Diana est un autre exemple d'un système défaillant où une erreur du gouvernement a entraîné d'importantes conséquences financières et émotionnelles pour une mère et sa fille.»
Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne