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Une crise du logement encore plus difficile pour la communauté LGBTQ+

durée 11h10
21 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Les communautés LGBTQ+ sont plus susceptibles de vivre de la discrimination lorsque vient le moment de trouver un logement. Le Québec étant aux prises avec une pénurie de logements, la recherche peut s'avérer encore plus ardue pour les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), à l’automne 2022, le taux d’inoccupation des logements locatifs pour l’ensemble des centres de 10 000 habitants et plus au Québec était de 1,7 %, le seuil d'équilibre étant établi à 3 %.

Il est donc déjà difficile pour toute personne de trouver un logement, mais des gens issus de l'immigration, des familles monoparentales ou des personnes LGBTQ+ se voient souvent refuser un logement parce que le propriétaire préférera un autre candidat.

La directrice générale de la Coalition d’aide à la diversité sexuelle de l’Abitibi-Témiscamingue, Julie Fortier, explique que les formes de discrimination vécues par les personnes de la communauté LGBTQ+ sont souvent informelles.

«Si on parle du contexte de logement, je ne pense pas qu’un propriétaire va dire: "Je ne te donne pas le logement parce que tu es une personne trans". Mais on entend des histoires que pour aucune raison les personnes qui vivent ce genre de discrimination ne seront pas choisies en premier pour un logement», indique Mme Fortier.

Que la personne en recherche de logement soit homosexuelle ou trans, «ce n’est pas ce qui va faire en sorte qu’elle va payer son loyer ou qu’elle sera une bonne locataire ou non», fait-elle valoir.

«On ne devrait pas mélanger tout cela», souligne Mme Fortier.

Aurélie Dauphinais, membre du conseil d'administration de Jeunesse Lambda, un organisme montréalais à but non lucratif créé pour et par les jeunes de la communauté LGBTQ+, se désole aussi de la situation.

«J’aimerais ça pouvoir dire que les propriétaires ne font pas de discrimination par rapport à l’identité de genre ou sexuelle. C’est illégal, mais c’est quand même dur de pouvoir défendre ce droit-là. Donc c’est possible qu’un propriétaire remarque qu’une personne est transgenre et ne veut pas l’avoir dans son logement», mentionne-t-elle.

Les personnes qui vivent toute forme de discrimination en lien avec le logement peuvent se tourner vers le Tribunal administratif du logement ou encore la Commission des droits de la personne.

Il est toutefois souvent difficile de prouver avoir été victime de discrimination.

«Malheureusement, la manière dont la preuve doit être établie — comment on peut prouver qu’il y a discrimination — disons que ce n’est pas vraiment fait pour les locataires, parce qu’au final il faut vraiment qu’un propriétaire dise ouvertement: "Je ne veux pas te louer l’appartement parce que tu es une personne transgenre". Ça doit être à ce point-là noir et blanc pour qu’un recours soit possible», affirme Celeste Trianon, également impliquée auprès de Jeunesse Lambda.

Selon elle, faire des inspections et mettre en place des formations obligatoires pour les propriétaires sont des solutions qui pourraient prévenir la discrimination. «Actuellement, la porte est assez ouverte pour qu’une personne puisse se faufiler entre la loi et honnêtement ça ne devrait pas être comme ça», se désole Mme Trianon.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne