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Une application destinée aux vétérans nommée en l'honneur d'une victime à James Smith

durée 20h46
11 novembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

Earl Burns était un vétéran de l’armée canadienne qui a tenté de protéger sa famille et la communauté de la nation crie de James Smith, en Saskatchewan, jusqu’à son dernier souffle.

Une application à but non lucratif en préparation a été baptisée en son honneur. L’application de clavardage The Burns Way permettrait aux anciens combattants d’entrer instantanément en contact avec des pairs militaires formés, tout en comblant les lacunes des services pour ceux qui vivent dans des zones rurales ou qui sont isolés.

«Chez Burns Way, tout tourne autour de l’idée que des êtres humains soutiennent d’autres êtres humains et qu’il faut faciliter cette idée de connexion», a expliqué John MacBeth, fondateur et chef de la direction du développeur TryCycle Data Systems.

Lorsque son équipe et lui ont appris que M. Burns était un ancien combattant, il leur est apparu évident que ce dernier incarnait «la vaillance, le courage et le sens du devoir» dont l’application devait porter le nom.

M. Burns est l’une des 11 personnes tuées en septembre 2022 lorsque son ancien gendre est passé de maison en maison pour poignarder des membres de la nation crie de James Smith et du village voisin de Weldon. Dix-sept autres personnes ont été blessées.

Alors âgé de 66 ans, M. Burns a été poignardé avec sa femme dans leur maison. Lorsque l’agresseur a pris la fuite, M. Burns l’a poursuivi dans un bus scolaire, mais il est mort le long d’une route.

M. MacBeth a ajouté que des enfants se trouvaient également dans la maison à ce moment-là et que M. Burns les a sauvés.

«Earl Burns s’est tenu dans l’embrasure de sa propre porte et a défendu les enfants qu’il protégeait, littéralement, au péril de sa vie.»

M. Burns a servi dans le régiment d’infanterie Princess Patricia's Canadian Light Infantry. Après avoir quitté l’armée, il est devenu père et grand-père. Il a participé à des rodéos. Il a également acheté son propre bus scolaire et a conduit des élèves tous les jours à l’école dans la réserve.

M. Macbeth a indiqué que la famille de M. Burns — et plus particulièrement sa femme, Joyce Burns, qui a survécu à l’attaque — a donné son accord pour que son nom soit utilisé pour l’application.

La famille aura également «un siège à la table», a-t-il déclaré.

TryCycle a passé 15 ans à essayer d’améliorer les soins de santé des Autochtones, a rappelé M. MacBeth. La société a déjà lancé une application similaire appelée Talking Stick, qui offre un soutien anonyme par les pairs aux Canadiens autochtones.

«The Burns Way est en fait une réimagination de ce que nous faisons», a souligné M. MacBeth.

The Burns Way est conçue pour offrir un «espace anonyme et sans jugement», où les messages seraient automatiquement supprimés à la fin de la discussion. Un utilisateur ayant besoin d’une attention immédiate et professionnelle serait invité à entrer en contact avec un responsable de l’assistance par le biais d’une autre plateforme.

Selon M. MacBeth, les téléphones cellulaires sont aujourd’hui omniprésents.

Il y a trois semaines, l’entreprise a fait une présentation dans une légion à Ottawa. «Il y avait beaucoup d’anciens combattants âgés. Tous les anciens combattants présents avaient un téléphone intelligent.»

Pour ceux qui n’ont pas de téléphone cellulaire, un ordinateur peut également se connecter au service.

L’application, dont la sortie est prévue pour 2024, sera disponible en anglais, en français, en espagnol et dans dix langues autochtones, a ajouté M. MacBeth.

Il a précisé que l’entreprise recherchait actuellement un financement fédéral pour l’application. Sept ou huit organisations d’anciens combattants ont déjà signé et d’autres sont en attente.

Un porte-parole de la Légion royale canadienne a affirmé qu’elle était heureuse de soutenir le projet et qu’elle plaidait en faveur d’un financement gouvernemental pour l’aider à fonctionner.

«Nous pensons que, lorsque (l'application) fonctionnera comme prévu, elle sera très utile aux anciens combattants, car elle leur permettra de bénéficier du soutien anonyme d’une personne ayant les mêmes antécédents et expériences culturels et spirituels qu’eux», a déclaré Nujma Bond dans un courriel.

Chuck Isaacs, sergent métis à la retraite et président de l’Association des anciens combattants autochtones de l’Alberta, a conclu qu'il s'agit d'«un pas en avant que de permettre aux peuples autochtones de contribuer à la guérison de tous les soldats».

Jamin Mike, La Presse Canadienne