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Un voyage au Mexique marque le début d'une saison de déplacements chargée pour Carney

durée 20h20
15 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

7 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney se rendra à Mexico cette semaine, premier d'une longue série de voyages officiels au cours de ce que les diplomates aiment appeler la «saison des sommets».

Voici un aperçu des destinations où Mark Carney accumulera les kilomètres en avion cet automne.

18 et 19 septembre: Mexico

La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a indiqué lors d'une conférence de presse le 12 septembre que M. Carney se rendrait à Mexico jeudi et passerait la majeure partie de la journée au Palais national pour diverses réunions. Les deux dirigeants devraient également participer à une conférence de presse commune.

Elle a souligné que le premier ministre aurait «quelques réunions» vendredi avant de rentrer chez lui le même jour. Le bureau de M. Carney n'a pas encore annoncé officiellement ce voyage.

Cette visite intervient alors qu'Ottawa cherche à accroître ses échanges commerciaux avec le Mexique en réponse à l'incertitude entourant les droits de douane américains, et que les deux pays se préparent à la renégociation de l'accord commercial continental liant les trois économies.

Le chef conservateur Pierre Poilievre a accusé les libéraux de ne pas avoir réussi à conclure un accord commercial bilatéral avec le Mexique. Le gouvernement affirme n'avoir jamais cherché à conclure une entente bilatérale avec le Mexique excluant les États-Unis.

Interrogée sur la possibilité pour Mme Sheinbaum et M. Carney de discuter de la renégociation imminente de l'accord commercial Canada-États-Unis-Mexique, Mme Sheinbaum a indiqué que le Mexique et le Canada s'engagent dans de nombreux échanges commerciaux et investissements bilatéraux.

Elle a déclaré qu'elle comptait travailler avec M. Carney sur «divers thèmes», notamment «le renforcement du commerce maritime et portuaire».

L'état des relations bilatérales a connu des hauts et des bas. Le Mexique a pris note des propos virulents tenus par le Canada après que le président américain Donald Trump a qualifié les deux pays de sources de trafic de fentanyl l'année dernière.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, avait mentionné en novembre dernier que «nous comparer au Mexique est la chose la plus insultante que j'aie jamais entendue», tandis que le premier ministre de l'époque, Justin Trudeau, avait exprimé ses inquiétudes concernant les investissements chinois dans les chaînes d'approvisionnement mexicaines.

Mme Sheinbaum avait répliqué quelques jours plus tard, déclarant que son pays «doit être respecté, en particulier par ses partenaires commerciaux» et que le Canada «ne pourrait que souhaiter avoir la richesse culturelle du Mexique».

22 septembre: Nations unies à New York

Mark Carney devrait assister à l’Assemblée générale des Nations unies lors de la période annuelle où les chefs de gouvernement se rendent à New York pour s’adresser à leurs pairs depuis la tribune de marbre vert.

Bien que le bureau de Mark Carney n’ait pas confirmé ses dates de voyage, il est largement attendu qu’il participe à un événement le 22 septembre à New York, où la France reconnaîtra officiellement l’État palestinien.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également annoncé, le 11 septembre, qu’il coorganiserait avec M. Carney un événement à l’ONU consacré au sort des enfants ukrainiens enlevés par la Russie. Ottawa codirige les efforts visant à réunir les familles.

Le bureau du premier ministre a précisé que cet événement est prévu pour le 23 septembre.

Mark Carney profitera probablement de sa visite à l'ONU pour exposer sa vision du Canada sur la scène internationale, en tant que pays œuvrant à la défense de l'ordre mondial fondé sur des règles, établi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cet ordre subit actuellement une pression sans précédent, la Chine et la Russie s'alliant à la Corée du Nord, tandis que l'administration Trump s'aliène des alliés de longue date.

26 au 28 octobre: Sommet de l'ASEAN en Malaisie

Le Canada a intensifié ses relations avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), un groupe informel de dix économies à croissance rapide, avides de matières premières canadiennes.

Le Canada et l'ASEAN ont déclaré vouloir conclure un accord de libre-échange avant la fin de l'année. La vice-présidente de la Fondation Asie-Pacifique, Vina Nadjibulla, a fait savoir lundi que la mi-2026 serait un échéancier plus réaliste.

Un accord avec l'ASEAN pourrait contribuer à faire avancer le projet d'Ottawa de vendre de petits réacteurs nucléaires à l'Indonésie pour alimenter en électricité des îles isolées confrontées aux mêmes pénuries d'énergie que certaines régions du Canada.

Il pourrait également contribuer à développer les échanges commerciaux facilités par l'importante diaspora philippine du Canada. Les Philippines utilisent la technologie satellitaire canadienne pour détecter les navires impliqués dans la pêche illégale ou les violations territoriales en mer de Chine méridionale.

Selon les analystes, le simple fait d'être présent au sommet de l'ASEAN et d'avoir des discussions bilatérales avec les dirigeants démontre la volonté du Canada d'être un partenaire fiable, ce que le gouvernement fédéral décrit comme une rupture avec son engagement intermittent avec la région au cours des dernières décennies.

Mark Carney a confirmé, lors d'un appel téléphonique avec son homologue malaisien le 3 juillet, sa participation au sommet de l'ASEAN à Kuala Lumpur. La Malaisie s'attend également à la présence de Donald Trump.

On ne sait pas encore si le président chinois Xi Jinping participera au sommet de l'ASEAN, ou à tout autre sommet majeur cet automne. On ignore également si M. Carney a l'intention de solliciter une rencontre avec M. Xi.

Alors que le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a exhorté M. Carney à discuter avec Xi Jinping afin d'obtenir de Pékin qu'il abandonne ses droits de douane sur le canola, Ottawa adopte une approche prudente pour approfondir son engagement avec la Chine et évite de précipiter les discussions.

31 octobre: Forum de l'APEC en Corée du Sud

Le Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) regroupe 21 économies des deux côtés du Pacifique qui travaillent ensemble à l'élimination des obstacles au commerce. Il comprend la Chine, la Russie, le Pérou et l'Australie.

Les «économies» représentées à l'APEC comprennent la région administrative spéciale de Hong Kong, sous contrôle chinois, et Taïwan, que de nombreux États ne reconnaissent pas comme un pays distinct.

Les dirigeants en visite ont tendance à utiliser le sommet annuel comme toile de fond pour des discussions bilatérales, plutôt que de publier des déclarations de politique communes. Certains échanges entre les dirigeants de l'APEC contribuent ensuite à éclairer les travaux techniques des experts en commerce.

Le sommet se tient à Gyeongju, près de l'extrémité sud-est de la Corée du Sud.

À seulement 120 kilomètres se trouve le chantier naval Hanwha, que M. Carney s'est engagé à visiter. Hanwha est l'une des deux entreprises qu'Ottawa envisage comme fournisseur pour un important achat de sous-marins; l'autre est en Allemagne.

Mark Carney pourrait retourner au Canada entre ses visites en Malaisie et en Corée du Sud, ou prendre le temps de visiter un autre partenaire clé, comme le Japon, ou un marché cible du Canada en Asie du Sud-Est.

22-23 novembre: Sommet du G20 en Afrique du Sud

Le premier ministre Carney avait mentionné en juin qu'il avait hâte de se rendre à Johannesburg pour le sommet des principales économies mondiales.

Donald Trump, qui a annoncé le 5 septembre qu'il n'assisterait pas au sommet, a déjà évoqué des allégations de discrimination anti-blanche en Afrique du Sud.

Le Canada a joué un rôle majeur pour convaincre ses alliés de contribuer à mettre fin au système d'apartheid en Afrique du Sud et a ensuite aidé le pays à rédiger sa constitution et à concevoir ses principales institutions.

Mais Ottawa et Pretoria ont des avis très divergents sur l'invasion russe de l'Ukraine. L'Afrique du Sud a continué de soutenir l'économie de Moscou, invoquant le rôle de l'Union soviétique dans le soutien aux pays du Sud.

L'Afrique du Sud a également fait pression sur Ottawa pour qu'il reconnaisse l'État palestinien pendant plus d'un an, avant que M. Carney n'annonce son intention.

On ignore si Mark Carney se rendra dans un autre pays africain lors de son séjour sur le continent. Son gouvernement a été peu explicite sur la stratégie africaine qu'Ottawa a discrètement dévoilée dans les derniers jours du mandat de Justin Trudeau, et n'a engagé aucun nouveau financement pour ce plan.

Cette stratégie appelle le Canada à élargir son champ d'action au-delà du développement afin de tirer parti des retombées du boom démographique et économique prévu pour l'Afrique.

David Hornsby, professeur à l'Université Carleton spécialisé sur l'Afrique du Sud, a avancé que M. Carney devrait profiter de sa visite pour annoncer des partenariats en matière de diversification commerciale et de technologie.

«Il existe une formidable synergie et une formidable opportunité de collaborer sur des défis fondamentaux qui nous concernent tous», a-t-il souligné, ajoutant avoir entendu parler de «nombreuses tergiversations» sur la manière dont le Canada pourrait nouer des liens plus étroits avec l'Afrique du Sud.

L'agence de presse publique russe RIA Novosti a rapporté le 19 juin que l'Afrique du Sud avait invité le président russe Vladimir Poutine au sommet, malgré le fait qu'en tant que membre de la Cour pénale internationale, l'Afrique du Sud ait l'obligation d'arrêter M. Poutine pour crimes de guerre.

L'agence a noté que le président russe enverrait très probablement un délégué à sa place, comme il l'a fait à chaque sommet depuis 2021.

Un voyage non confirmé: la COP30 au Brésil

Le cabinet du président brésilien Luiz Inácio da Silva a annoncé en juin que M. Carney se rendrait en Amazonie pour le sommet environnemental de la COP30.

Un communiqué en portugais publié le 11 juin indique que le président a invité Mark Carney au sommet en raison de son expérience professionnelle dans le financement climatique.

«Le premier ministre a salué le leadership du Brésil et a confirmé sa présence à Belém», indique le communiqué.

Le cabinet de M. Carney n'a pas encore précisé s'il participera au sommet des dirigeants de la COP30, qui se tiendra les 6 et 7 novembre.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne

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