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Un rapport sur le mouvement antiavortement fait 12 recommandations au gouvernement

durée 13h09
9 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Dans un rapport qui dresse un portrait inédit du mouvement antiavortement au Québec, dévoilé mardi par la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN), une équipe de chercheurs fait 12 recommandations au gouvernement du Québec afin de renforcer l'accès à l'avortement et contrer l'influence du militantisme antiavortement.

Le document d'une centaine de pages intitulé «Quand le consensus vacille: état des lieux du mouvement contre l’avortement au Québec», fait l'analyse des réseaux, des stratégies, des discours et de la présence du mouvement antiavortement dans différents milieux. On parle entre autres des systèmes de santé, juridique et politique, du milieu communautaire et des communautés religieuses.

Dans leur travail, les chercheurs se sont appuyés sur sept groupes de discussion, sur des observations de terrain et sur une veille numérique d’un an. Ils en concluent que le mouvement antiavortement est structuré, présent dans divers milieux et qu'il est capable d’adaptation. On observe par ailleurs une évolution des stratégies pour se présenter de façon bienveillante, et le langage utilisé se diversifie également.

Le rapport souligne que «les mobilisations visant à restreindre l’accès à l’avortement ne sont pas uniquement portées par des personnes qui s’y opposent de manière catégorique». Dans un communiqué, Véronique Pronovost, doctorante en sociologie à l’UQAM et autrice principale du rapport, explique que ce «repositionnement discursif, combiné à une présence accrue dans les réseaux communautaires, politiques et numériques, contribue à renforcer l’ancrage et la portée des actions du mouvement au Québec».

La première des 12 recommandations adressées au gouvernement du Québec est qu'il s'abstienne d’intervenir sur le plan législatif en matière d’avortement. Cela fait référence au projet de loi 1 du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barette, qui contient une disposition qui vise à introduire la protection du droit à l’avortement. Dans les derniers jours, plusieurs acteurs issus du mouvement féministe ont fait valoir qu'il s'agit d'une fausse bonne idée puisque cela ouvre la porte à ajouter des amendements qui pourraient, par exemple, ajouter un nombre de semaines de grossesse minimal pour l'interruption volontaire de grossesse.

Le rapport suggère aussi que Québec assure la cohérence entre les politiques de sécularisation et les pratiques de financement et de collaboration publique. «Certaines composantes de l'État, notamment au sein du réseau scolaire, maintiennent des formes de collaboration ou de reconnaissance envers certaines organisations antiavortement», peut-on lire dans le document.

On précise que ce décalage «met en lumière une incohérence structurelle» en donnant une «légitimité institutionnelle et un soutien matériel à des acteurs religieux militant en faveur de la restriction de certains droits reproductifs».

Parmi les autres recommandations phares, les experts veulent que les contraceptifs sur ordonnance soient gratuits pour tous. Ils prônent aussi la création d'un comité chargé d’élaborer des normes minimales d’accès aux services d’avortement ainsi qu'une équipe volante spécialisée en matière d’avortement de troisième trimestre.

Les autres recommandations sont de:

- Rétablir l’accès à l’avortement de troisième trimestre pour les personnes sans couverture publique.

- Renforcer la formation universitaire sur l’avortement.

- Diffuser une information centralisée et à jour sur l’accès à l’avortement.

- Pérenniser le financement des organismes pro-choix.

- Renforcer l’éducation à la sexualité en intégrant des contenus sur l’avortement et en développant l’esprit critique.

- Assurer le renouvellement du Plan d’action gouvernemental sur l’accès à l’avortement.

- Financer la recherche sur les oppositions partielles au droit à l’avortement.

Le rapport de recherche a été financé par le Secrétariat à la condition féminine dans le cadre du Plan d’action gouvernemental sur l’accès à l’avortement (2024-2027).

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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