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Un parc éolien approuvé en N.-É. menace des oiseaux en voie de disparition

durée 12h56
10 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

HALIFAX — Un parc éolien de 13 turbines récemment approuvé par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse inquiète les responsables fédéraux, qui disent qu'il n'y a pas suffisamment d'informations sur l'impact que le projet aura sur la sterne de Dougall, un oiseau marin, et d'autres espèces en voie de disparition.

Le ministère de l'Environnement de la Nouvelle-Écosse a approuvé le 4 mai le parc éolien de Wedgeport, sur la côte sud-ouest de la province. Également ce jour-là, une évaluation environnementale réalisée par Environnement Canada et le Service canadien de la faune a été rendue publique.

Les agences fédérales notent dans leur rapport que 75 % de la reproduction de la population des sternes de Dougall au Canada se produit à environ 15 kilomètres du parc éolien proposé. Elles affirment que les animaux en voie de disparition «pourraient être vulnérables» aux turbines alors qu'ils survolent la zone du projet à Little River Harbour, en Nouvelle-Écosse, à la recherche de nourriture.

Les oiseaux marins ont une apparence distinctive, avec des calottes noires, des becs rouges à leur base et une queue fourchue. Le Service canadien de la faune a signalé que leur nombre a plongé au point où l'espèce est considérée en péril.

Les autorités fédérales signalent également des inquiétudes concernant d'autres oiseaux, notant que le promontoire de la région – un morceau de terre étroit qui s'avance dans l'eau – abrite des «habitats importants connus pour les oiseaux» et est utilisé pour le repos, le ravitaillement et l'hivernage. Ils disent que les oiseaux de rivage et les canards se déplacent dans la zone à une altitude qui les expose à un risque de collision avec les éoliennes, en particulier au crépuscule et à l'aube.

Les experts fédéraux disent qu'il n'y a pas suffisamment d'informations pour évaluer les impacts du projet sur les oiseaux, et ils demandent la création de cartes détaillant les trajectoires de vol des différentes espèces, qui révéleraient si elles sont à risque de collisions avec des éoliennes.

John Kearney, un chercheur en environnement qui a utilisé des méthodes acoustiques pour cartographier les fortes densités d'appels d'oiseaux dans la région de Little River Harbour, se dit déçu que le gouvernement progressiste-conservateur ait approuvé le projet éolien.

Il a déclaré dans une entrevue lundi qu'il restait préoccupé par le fait que les oiseaux meurent d'épuisement dans le but de rester à l'écart des énormes moulins à vent – ou par un traumatisme contondant s'ils les percutent. M. Kearnet a souligné qu'Environnement Canada a déclaré qu'il y a des oiseaux migrateurs et que l'on doit les cartographier. «Et une fois qu'ils auront fait cela, ils devront montrer qu'ils prennent des mesures pour éviter les dommages et la mort lorsque [les oiseaux] traversent le couloir», dit-il. 

Daniel Eaton, de la société Elementary Energy de Vancouver, qui est chargé de développer le projet éolien, n'a pas voulu commenter les observations spécifiques des agences fédérales dans le cadre de l'évaluation environnementale commandée par son entreprise.

Dans un courriel, il a déclaré que la province avait défini les conditions du projet, notamment que des études soient réalisées sur les types d'oiseaux qui vivent dans la région, ce qui, selon lui, éclairerait les futures mesures de conservation. La province a également exigé que l'entreprise produise une étude de deux ans sur la mortalité des oiseaux et des chauves-souris causée par les éoliennes.

«Nous nous attendions à recevoir les conditions d'approbation pour l'évaluation environnementale du projet de parc éolien de Wedgeport, qui sont généralement conformes aux autres approbations de parcs éoliens en Nouvelle-Écosse et dans tout le Canada», a écrit M. Eaton. 

La société a précédemment déclaré que d'ici 2025 – la première année potentielle d'exploitation – le projet devrait compenser 112 750 tonnes d'émissions de carbone, soit à peu près l'équivalent de la production annuelle de 25 000 voitures à essence.

L'enquête sur le terrain de la société a identifié 100 espèces d'oiseaux à l'intérieur et à l'extérieur de la zone du projet, et environ 16 000 oiseaux individuels. Elementary Energy a également prédit que le projet entraînerait environ 36 décès d'oiseaux par an, citant un modèle développé en 2016 par Scottish Natural Heritage, un organisme consultatif en environnement. 

Cependant, M. Kearney et la Société des oiseaux de la Nouvelle-Écosse ont critiqué ce modèle. Ils ont fait valoir que ses données acoustiques fournissent des preuves comparatives solides que le modèle proposé se trouve au milieu d'un couloir de migration.

Le ministère fédéral a refusé d'accorder une entrevue à l'un des experts ou de faire d'autres commentaires.

Michael Tutton, La Presse Canadienne