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Un livre sur la tragédie de Fort McMurray remporte un prestigieux prix britannique

durée 07h47
17 novembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

LONDRES — Un livre sur un incendie qui a ravagé une ville canadienne et qui a été considéré comme un signe avant-coureur du chaos climatique a remporté jeudi le principal prix britannique de littérature non romanesque.

L'ouvrage «Fire Weather : A True Story from a Hotter World» de John Vaillant a reçu le prix Baillie Gifford de 50 000 livres (84 000 $ CAN) lors d'une cérémonie à Londres.

Le président du jury, Frederick Studemann, a déclaré que le livre racontait «une histoire terrifiante», se lisant «presque comme un thriller» sur fond de «science profonde».

Il a qualifié «Fire Weather», qui a également été finaliste du National Book Award américain, de «récit extraordinaire et élégamment rendu d'une terrifiante catastrophe climatique qui a englouti une communauté et une industrie, soulignant notre relation toxique avec les combustibles fossiles».

M. Vaillant, qui vit en Colombie-Britannique, raconte comment un gigantesque incendie de forêt a englouti la ville pétrolière de Fort McMurray en 2016. L'incendie, qui a brûlé pendant des mois, a chassé 90 000 personnes de leur domicile, détruit 2400 bâtiments et perturbé le travail dans les sables bitumineux polluants et lucratifs de l'Alberta.

M. Vaillant a indiqué que la leçon qu'il avait tirée du brasier était que «le feu est différent aujourd'hui, et nous l'avons rendu différent» en raison du changement climatique provoqué par l'homme.

Selon lui, le jour où l'incendie s'est déclaré, début mai, il faisait 33 degrés Celsius à Fort McMurray, qui se trouve à environ 1000 kilomètres au sud du cercle polaire arctique. Le taux d'humidité était de 11 %.

«Il faut aller dans la Vallée de la mort en juillet pour obtenir un taux d'humidité de 11 %, a dit M. Vaillant à l'Associated Press. Transposez ces conditions à la forêt boréale, qui est déjà inflammable, et à une ville pétrolière, qui est essentiellement construite à partir de produits pétroliers ― du bardage en vinyle aux bardeaux de goudron, en passant par les pneus en caoutchouc et les barbecues à gaz. Ces maisons ont donc brûlé comme une raffinerie.»

M. Vaillant a ajouté que l'incendie avait produit une chaleur rayonnante de 500 Celsius ― «plus chaude que Vénus».

Le Canada a connu de nombreux incendies dévastateurs depuis 2016. Cette année, le pays a connu la pire saison de feux de forêt jamais enregistrée, avec des incendies détruisant de vastes étendues de forêts nordiques et recouvrant de brume une grande partie du Canada et des États-Unis.

«Cela a de graves conséquences pour notre avenir, a rappelé M. Vaillant. Les Canadiens sont des gens de la forêt, et la forêt commence à signifier quelque chose de différent aujourd'hui. L'été commence à avoir une signification différente. C'est profond, c'est comme une histoire de science-fiction ― quand l'été est devenu un ennemi.»

Créé en 1999, le prix Baillie Gifford récompense des livres en langue anglaise de tous pays traitant de l'actualité, de l'histoire, de la politique, des sciences, du sport, des voyages, des biographies, des autobiographies et des arts. Il a permis de faire connaître à un public plus large une gamme éclectique de livres fondés sur des faits.

M. Vaillant a battu cinq autres finalistes, dont le récit maritime «The Wager», de l'auteur américain à succès David Grann, et «The Song of the Cell», du médecin-écrivain Siddhartha Mukherjee.

La société d'investissement Baillie Gifford, qui parraine le prix, a dû faire face à des protestations de la part de groupes de défense de l'environnement en raison de ses investissements dans des entreprises du secteur des combustibles fossiles. La lauréate de l'année dernière, Katherine Rundell, a donné son prix pour «Super-Infinite : The Transformations of John Donne» à une association de protection de la nature.

Les juges ont assuré que ni le commanditaire ni les critiques à son égard n'avaient influencé leurs délibérations.

L'historienne Ruth Scurr, qui faisait partie du jury, a déclaré qu'elle ne se sentait pas «compromise» en tant que juge du prix.

«Je n'ai aucun scrupule à être un juge indépendant pour un prix du livre, et je suis personnellement ravie que le lauréat attire l'attention sur ce sujet», a-t-elle lancé.

Jill Lawless, The Associated Press