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Un kayak inuvialuit et d'autres objets sont dévoilés au Musée canadien de l'histoire

durée 16h55
9 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Un kayak inuvialuit vieux de plus d'un siècle a été dévoilé mardi au Musée canadien de l'histoire à Gatineau en même temps que plusieurs autres objets inuits inestimables restitués au Canada par la collection du Vatican.

Ce kayak, fabriqué à la main à partir de bois flotté, de peau de phoque et de tendons, figurait parmi les artefacts destinés à être rapatriés par des représentants inuits qui avaient bénéficié d'une visite privée des collections du Vatican dans le cadre de l'exposition Amina Mundi lors d'un voyage à Rome en 2022.

Le président de Tapiriit Kanatami inuit, Natan Obed, faisait partie de cette délégation, qui s'était rendue à Rome pour accepter les excuses du pape François concernant le rôle de l'Église catholique dans le système des pensionnats autochtones du Canada.

M. Obed a rapporté que le pape lui avait confié, lors d'une conversation, que «si des objets ont été pris de force ou sans consentement», cela équivaut à un vol.

Les 62 objets figuraient parmi les milliers envoyés à Rome par des missionnaires du monde entier pour une exposition organisée par le pape Pie XI en 1925. M. Obed a indiqué qu'on ignore comment ce kayak s'est retrouvé au Vatican, mais qu'il était sans doute essentiel au bien-être d'une communauté et servait à la chasse au béluga.

Mardi, des chefs inuits ont présenté certains des objets restitués à un petit groupe de représentants autochtones et de journalistes. Outre le kayak, l’exposition présentait également des objets inuits de plus petite taille, comme une louche, des étuis à aiguilles et un couteau ulu.

M. Obed a précisé que les objets ne seront pas exposés au public dans l'immédiat, car un groupe de conseillers inuits travaille à retracer l'origine de chaque artefact jusqu'à sa communauté. Les artefacts seront conservés pour le moment au Musée canadien de l'histoire, dans un entrepôt sécurisé à température contrôlée.

Les représentants ont pu toucher les objets tandis que Paul Irngaut, président par intérim de Nunavut Tunngavik, expliquait leur importance culturelle.

«Je suis convaincu que certains conservateurs ont dû être assez choqués de nous voir manipuler l’objet, le soulever et manier la pagaie, a lancé M. Obed. Et je crois que cela fait aussi partie du processus de réconciliation. Les normes qui régissent vos institutions ne sont pas nécessairement celles de notre société quant au respect de notre histoire vivante et de nos objets culturels importants.»

«Souvent, nos liens se tissent littéralement par le toucher et la sensation, par ce lien ininterrompu entre un objet créé il y a 100 ans et la pratique qui perdure aujourd’hui», a-t-il ajouté.

Darrel Nasogaluak, aîné et président de la communauté Tuktoyaktuk, a expliqué que le kayak avait été construit sans systèmes de serrage modernes pour cintrer la structure, mais avec les matériaux disponibles.

La délégation autochtone a rencontré le pape François à Rome un an après que la Première Nation Tk’emlúps te Secwépemc a annoncé la découverte de possibles sépultures anonymes sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique. Cette nouvelle a suscité l’indignation internationale et un élan national en faveur de la réconciliation avec les peuples autochtones.

Lors de leur visite à Rome, les délégués ont pu examiner en privé certains objets conservés par l’Église, dont certains n’avaient pas été exposés au public depuis des décennies.

Des chefs autochtones, dont M. Obed, la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse Nepinak, et la présidente du Conseil national des Métis, Victoria Pruden, étaient présents à Montréal samedi pour assister au déchargement des artefacts, placés dans de grandes caisses, de la soute d’un avion-cargo d’Air Canada.

Des groupes autochtones ont signé un protocole d’entente sur la façon d’identifier les 62 artefacts remis par le Vatican. Quatorze de ces objets ont été attribués aux Inuits, bien que M. Obed a indiqué que deux ne semblaient pas être d’origine inuite.

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne

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