Un entrepreneur montréalais raconte ses expéditions pour protéger la biodiversité


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — De la préservation des gorilles au Congo, en passant par la protection de la forêt amazonienne, l’entrepreneur et écologiste montréalais Dax Dasilva affirme avoir vu de ses propres yeux que tout n’est pas perdu pour la planète.
Dans le livre «Echoes from Eden» à paraître le 2 septembre, le fondateur de Lightspeed raconte ses expéditions où il a observé le travail d’organismes environnementaux sur le terrain. Au total, le philanthrope a consacré 40 millions $ pour soutenir 10 projets.
«Tous ceux avec qui nous avons collaboré, les communautés autochtones, les écologistes, ils font une énorme différence, a insisté l’homme d’affaires dans une entrevue récente. Nous avons été capables de protéger la nature. Nous avons vu des animaux revenir et des écosystèmes restaurés.»
M. Dasilva déplore ce qu’il perçoit comme une résignation collective devant les défis environnementaux qui se dressent devant nous. «Je crois qu’il y a cette idée dans les médias et parmi les gens que l’environnement ne peut tout simplement pas être sauvé», dit-il.
«Ce que j’ai vu prouve le pouvoir de nos gestes et que nous pouvons avoir de l’espoir, si nous passons à l’action», enchaîne-t-il.
L’entrepreneur espère que son témoignage, coécrit avec le journaliste Eric Hendrikx, incitera les lecteurs à ne pas baisser les bras.
Le portrait est loin d’être rose, admet M. Dasilva. «Quand vous allez dans ces endroits, vous voyez beaucoup de choses difficiles. Vous voyez de la déforestation. Vous voyez des animaux dans les marchés (braconnage), mais vous voyez aussi des endroits où vous avez des victoires importantes.»
L’heure est plus au recul environnemental dans les sphères politiques au moment où les gouvernements occidentaux abandonnent ou assouplissent leurs politiques environnementales.
Ces reculs l’inquiètent-ils? D’emblée, M. Dasilva se porte à la défense de la décision du gouvernement Carney d’abandonner la taxe carbone. «Je pense que ça ne nous aurait menés nulle part. Il y a des idées qui sont bien intentionnées, mais qui n’ont pas d’avenir.»
Il croit que les gouvernements devraient se concentrer sur «les projets environnementaux qui fonctionnent».
Il donne l’exemple des projets qu’il soutient. «Nous avons fait d’importantes restaurations de forêts et de rivières. Je pense que c’est une meilleure utilisation de notre temps et de nos ressources pour combattre les réchauffements climatiques qu’une bourse du carbone ou que n’importe quelle taxe.»
Les opinions sont diversifiées dans le milieu environnementaliste, où de grandes fortunes en passant par des militants anticapitalistes tentent à leur façon de trouver des solutions.
De nombreux experts soulignent que notre société de consommation entraîne la destruction de la nature.
Comment M. Dasilva concilie-t-il ses valeurs avec son rôle de dirigeant d’un fournisseur de solutions technologiques aux commerçants et aux restaurateurs? «Nous allons toujours avoir besoin de produits et de manger», répond l’entrepreneur.
«Je pense que nos clients sont plus indépendants et locaux, poursuit-il. Ils sont plus connectés à leur communauté, ce qui leur donne une plus grande sensibilité aux enjeux environnementaux. Ces entreprises ont le droit d’être concurrentielles par rapport aux gros détaillants et aux multinationales.»
À ses risques et périls
Dans son livre, M. Dasilva témoigne de moments où il s’est trouvé dans des situations dangereuses.
En Haïti, où il visitait des opérations de reboisement, l’homme d’affaires raconte qu’un garde du corps lui a demandé de quitter sa chambre précipitamment pour se sauver en voiture. Le véhicule s’est retrouvé face à des hommes armés qui leur bloquaient la route. Heureusement, le garde du corps les connaissait et l’équipe d’écologistes a pu prendre un autre chemin.
Qu’est-ce qui pousse une personne fortunée, qui vit dans un pays sécuritaire, à s’exposer à de tels risques alors qu’un simple chèque aurait pu suffire? «Recevoir un document PDF du projet n’est rien par rapport à se rendre sur place», juge-t-il
«Je voulais être un vrai partenaire pour ces gens que je considère comme des héros, répond-il. Je ne passe pas toute mon année dans la jungle. J’y vais une semaine ou deux pour absorber le plus d’informations possible. Au moins, ça me permet de comprendre ce contre quoi ils doivent se battre.»
Parlant de ses modèles, il y a l’éthologue Jane Goodall, qui signe d’ailleurs la préface du livre. L’homme d’affaires fait partie du Conseil de l’espoir de la Jane Goodall Legacy Foundation et les recettes du livre iront à la fondation.
«Elle est très drôle, affirme-t-il. Elle a un bon sens de l’humour. Elle est extrêmement humble, même si elle est très connue.»
Il dit avoir été impressionné par la force de caractère de cette femme de 91 ans. «J’ai vu son horaire. J’ai voyagé avec elle et j’ai vu comment cela peut être épuisant. Elle le fait avec une mission en tête. Pour moi, c’est très inspirant.»
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne