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Un ancien diplomate critique la façon dont Ottawa a géré les allégations sur l'Inde

durée 22h57
22 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

BANFF, Alb. — Un ancien haut-commissaire de l'Inde au Canada critique la manière dont Ottawa a divulgué les allégations selon lesquelles le gouvernement indien serait impliqué dans le meurtre d'un citoyen canadien.

Vikas Swarup, qui a également travaillé au ministère indien des Affaires étrangères et a écrit le livre sur lequel est basé le film «Le Pouilleux millionnaire», était initialement réticent à discuter de l'état des relations entre le Canada et l'Inde lors de son discours au Global Business Forum à Banff, en Alberta, vendredi.

«Je dirais au Canada, s'il vous plaît, prenez du recul, réfléchissez bien. Vous n'aviez pas besoin de rendre cela public», a déclaré M. Swarup.

«Cela aurait facilement pu être résolu au niveau diplomatique entre les deux gouvernements. Mais une bombe a explosé. Nous devons ramasser les morceaux et passer à autre chose», a-t-il ajouté.

Lundi, le premier ministre Justin Trudeau a accusé l'Inde d'être impliquée dans le meurtre d'un homme recherché par les autorités de ce pays. Hardeep Singh Nijjar, militant sikh et citoyen canadien, a été abattu en juin devant un temple sikh dans une banlieue de Vancouver.

La situation s'est aggravée au cours des derniers jours, les deux pays s'expulsant mutuellement leurs représentants. L'Inde a également temporairement suspendu tous les services de visa pour les citoyens canadiens.

M. Swarup a fait valoir que le Canada doit continuer à diversifier ses marchés et qu'il n'existe pas de meilleur partenaire en Asie que l'Inde.

«Nous sommes des démocraties fédérales. Nous respectons l'État de droit, c'est pourquoi je rejette complètement les allégations qui ont été faites ici. Laissez la vérité sortir dans le cadre d'une enquête publique. Cela ne me pose aucun problème.»

Au moment de son assassinat, M. Nijjar était en train d'organiser d'un référendum non officiel au sein de la communauté sikhe sur l'indépendance de l'Inde. Il avait nié l'accusation de l'Inde selon laquelle il était un terroriste.

Les revendications pour une patrie sikhe indépendante, connue sous le nom de Khalistan, ont commencé par une insurrection dans l'État indien du Pendjab dans les années 1970, et cette partie a été écrasée par une répression du gouvernement indien qui a tué des milliers de personnes.

«Depuis l'époque où j'étais haut-commissaire ici, bien avant cela, nous avions remis au Canada dossiers après dossiers sur l'activité croissante de ce que nous appelons les éléments pro-Khalistani, PKE, au Canada», a déclaré M. Swarup à l'auditoire.

«Je n'ai aucun problème avec l'existence d'un mouvement Khalistani au Canada. Mon problème, c'est quand ce mouvement se tourne vers l'incitation, la violence, la haine.»

Victor Thomas, président et chef de la direction du Conseil de commerce Canada-Inde, a indiqué il y a quelques semaines qu'il était en Inde pour le B20, une conférence d'affaires organisée en prévision de la réunion des dirigeants mondiaux du G20. Il a fait savoir qu’un accord commercial préliminaire était en cours de négociation, avant que tout soit bouleversé.

«J'étais de retour en Inde. Lundi à 1h03 du matin, tout d'un coup, je reçois quelques messages qui commencent à arriver sur mon téléphone. Ensuite, j'ai reçu beaucoup de messages sur mon téléphone. J'ai été éveillé toute la nuit», a raconté M. Thomas.

«Bien sûr, notre premier ministre avait quelques commentaires à faire et depuis lors, si vous revenez en arrière, notre accord commercial (…) a été retiré et le Canada s'est retiré.»

M. Thomas est d'avis que l’impact économique d’une rupture est indéniable.

«Pourquoi est-ce important ? C'est important parce que l'Inde a accueilli pour la première fois le G20. L'Inde était également au cœur de notre stratégie indo-pacifique que nous avons publiée à la fin de l'année dernière, a-t-il expliqué. Beaucoup de choses ont changé cette semaine».

Bill Graveland, La Presse Canadienne