Un album de calligraphie chinoise a été vendu aux enchères pour plus d'un million $

TORONTO — Un album de calligraphie vieux de plusieurs siècles, ayant appartenu à la collection impériale chinoise et découvert dans une cave canadienne, a été adjugé à plus d'un million $ lors d'une vente aux enchères au Canada, soit plusieurs fois son estimation.

La maison de ventes Heffel Fine Art a précisé que cet album de calligraphie «extrêmement rare», réalisé à l'encre sur soie, était l'œuvre de Zhao Mengfu, calligraphe et peintre chinois de renom de la dynastie Yuan, la seule dynastie impériale chinoise d'origine mongole, qui a régné il y a environ 700 ans.

Les enchères, qui se sont tenues jeudi à Toronto, ont débuté à 15 000 $ et ont atteint 900 000 $, pour finalement s'établir à 1 081 250 $, frais d'acheteur inclus.

La maison de ventes avait estimé que cet album de 37 pages, orné de brocart de soie recouvrant des cadres en bois, se vendrait entre 20 000 $ et 30 000 $.

April Yin, spécialiste en art asiatique chez Heffel, a indiqué que cette vente avait «insufflé une énergie considérable au marché canadien de l'art asiatique», puisqu'il s'agit de l'œuvre la plus chère jamais vendue aux enchères en ligne de Heffel, qui existe depuis plus de 25 ans.

Elle a précisé que l'album est remarquable, car il porte quatre sceaux impériaux et qu'il a appartenu à la collection du palais de l'empereur Qianlong, conservée à la Cité interdite.

La maison de vente aux enchères a mentionné que l'album figure dans le Shiqu Baoji, également présenté comme la collection d'art de la famille impériale Qing, qui recense certaines des œuvres d'art les plus précieuses et a été personnellement sélectionnée par l'empereur Qianlong (1736-1795).

«Il faisait autrefois partie de la collection du palais de l'empereur Qianlong et est officiellement répertorié dans l'inventaire des œuvres d'art de la cour impériale Qing, une distinction réservée aux œuvres les plus précieuses de l'histoire de l'art chinois», indique un communiqué.

«Une œuvre d'art chinoise de cette qualité est extrêmement rare sur le marché canadien», poursuit le communiqué.

Mme Yin a expliqué que l'album avait appartenu à Wang Yiling, banquier durant la période de la République de Chine (1911-1949), qui avait constitué une collection de peintures et de calligraphies chinoises.

Les descendants de M. Wang ont ensuite immigré au Brésil, à Taïwan et en Amérique du Nord, emportant avec eux la collection de leur père. Mme Yin a souligné que son équipe avait été invitée par la famille de M. Wang à visiter leur maison en début d'année, où ils ont découvert l'album. Celui-ci était resté des décennies dans la cave familiale à Vancouver avant d'être révélé au public.

Elle a indiqué ne pas pouvoir divulguer l'identité de l'acheteur en raison du secret professionnel, mais a ajouté que la vente aux enchères avait attiré des acheteurs du monde entier.

«Peut-être le reverrons-nous plus tard dans un musée ou sur le marché ; c'est alors que le monde découvrira qui l'a acquis», a-t-elle avancé.

Mme Yin estime qu'il n'est pas surprenant de voir le prix exorbitant atteint par l'album de calligraphie, étant donné l'importance culturelle indéniable de l'œuvre de Mengfu, d'autant plus que l'album, initialement dans le catalogue d'art personnel de l'empereur Qing, a ensuite été acquis par d'éminents collectionneurs.

«Des œuvres présentant ces caractéristiques atteindraient probablement des prix élevés sur le marché chinois de la calligraphie et de la peinture», a affirmé Mme Yin, ajoutant qu'il était enthousiasmant de constater un tel engouement pour l'art asiatique au Canada.

«C'est tout simplement incroyable que, lorsqu'une œuvre d'une telle importance culturelle et historique apparaît, tout le monde en parle, en discute et se dispute les enchères», a-t-elle ajouté.

Mme Yin a précisé que le précédent record des ventes aux enchères en ligne de Heffel remontait à 2022 et avait été établi par la «Grande Vague de Kanagawa», également connue sous le nom de «La Vague», une estampe sur bois de l'artiste japonais Hokusai, vendue à moins de 700 000 $.

Nono Shen, La Presse Canadienne