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Tribunal: une employée avec un handicap visuel victime de harcèlement psychologique

durée 15h37
14 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Une travailleuse ayant un handicap visuel a bel et bien été victime de harcèlement psychologique, après avoir subi des remarques désobligeantes, voire vulgaires de la part d'une directrice, a statué le Tribunal administratif du travail.

Pour effectuer des tâches administratives, la travailleuse devait utiliser un logiciel et une visionneuse afin de grossir les caractères, notamment.

La directrice de l’organisme pour lequel la plaignante travaillait a fait plusieurs références à son handicap visuel et au fait qu’elle avait recours au transport adapté, note le Tribunal.

À une occasion, lorsque le conjoint de la plaignante est venu la chercher en voiture au travail, la directrice a lancé: «je ne comprends pas comment une petite madame handicapée comme vous a été capable de se trouver un homme comme lui», relate le Tribunal dans sa décision.

La directrice a notamment dit à la plaignante: «cesse de penser avec ton cul». À une occasion, elle l'a traitée d’idiote.

Une autre fois, lorsque la plaignante demeurait près d’elle, elle lui a demandé si elle restait là «pour sentir l’odeur de mes pets».

Une autre fois, la directrice lui avait demandé de ne pas lui transférer d’appels, puisqu’elle ne voulait pas être dérangée. Mais ayant reçu un appel qu’elle croyait être important, la plaignante le lui avait transféré. La directrice lui avait alors lancé qu’elle ne voulait pas être dérangée et qu’elle aurait pu être en train de se masturber, relate le Tribunal.

Lors des audiences, d’autres témoins ont corroboré le témoignage de la plaignante, ont évoqué un climat tendu et le fait que la directrice avait un ton grossier et méprisant.

Le Tribunal conclut que ces propos «ne sont pas qu’un simple manque d’élégance, mais révèlent un manque de respect et une vulgarité qui n’ont pas leur place dans un milieu de travail civilisé».

La directrice a témoigné brièvement devant le tribunal, affirmant n’avoir jamais fait allusion ni au handicap de la plaignante ni au logiciel qu’elle utilisait. Elle a dit avoir noté de l’agressivité chez la plaignante.

Mais le Tribunal conclut que le témoignage de cette directrice «n’a qu’une très faible valeur probante» et que pour l’essentiel, elle se contente de nier les faits.

«À la lumière de la preuve, il appert sans nul doute qu’il y a eu répétition de comportements, paroles, actes et gestes dénigrants, blessants et humiliants», conclut le Tribunal. Il ajoute que la conduite de la patronne a porté atteinte à la dignité et à l’intégrité psychologique de la travailleuse.

Le Tribunal a donc déclaré que la travailleuse a été victime de harcèlement psychologique et a déclaré que l’employeur a fait défaut de respecter ses obligations de prévenir et de faire cesser le harcèlement. Il a réservé ses pouvoirs pour déterminer éventuellement des mesures de réparation appropriées.

Lia Lévesque, La Presse Canadienne