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Très peu d'actes de violence conjugale sont dénoncés à la police

durée 16h41
11 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTREAL — La grande majorité des personnes qui subissent des actes de violence conjugale ne signalent pas à la police les gestes subis. Une nouvelle analyse dévoilée jeudi par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) montre que 74 % des femmes et 83 % des hommes s'abstiennent de le faire.

L'analyse de l'ISQ s'est basée sur les données populationnelles de 2021-2022 de l'Enquête québécoise sur la violence commise par des partenaires intimes à laquelle quelque 13 500 femmes et 10 900 hommes ont participé.

Cette enquête avait révélé qu'au Québec, 40 % des femmes et 26 % des hommes ayant été dans une relation intime ou amoureuse au cours de leur vie ont déjà subi au moins un acte de violence de la part d’un partenaire ou un ex-partenaire. Cela représente environ 1,3 million de femmes et 858 000 hommes.

Dans l'analyse de l'ISQ de jeudi, on apprend que pour 9 % des femmes et 5 % des hommes, une intervention policière a eu lieu en raison d'actes de violence criminels subis au cours des 12 mois précédant l’enquête.

Les données policières indiquent que 25 401 infractions contre la personne commises en contexte conjugal ont été déclarées par la police au Québec en 2022, soit environ 70 par jour. Ces données concernent les infractions criminelles qui ont été détectées, signalées et enregistrées par la police au Programme de déclaration uniforme de la criminalité.

Lorsqu'il y a eu une intervention policière, elle est principalement survenue après le conflit, plutôt que durant l’incident. Dans la plupart des cas, c’est la victime qui a elle-même contacté la police.

Parmi les femmes pour qui une intervention policière a eu lieu au cours de l’année précédant l’enquête, 59  % ont déclaré avoir été très ou plutôt satisfaites de l’intervention. De plus, environ deux femmes sur trois ont indiqué que la fréquence des gestes de violence subis avait diminué ou que ceux-ci avaient cessé après l’intervention.

Pourquoi les femmes signalent-elles plus à la police?

L'ISQ a examiné 21 actes de violence dans son analyse, autant psychologique, que sexuelle et physique. On a notamment demandé aux participants si la personne a menacé de vous blesser ou vous tuer ou de le faire pour un de vos proches; si la personne vous a secoué, agrippé ou poussé violemment.

Pour les violences psychologiques, cela comprend si la personne vous a harcelé au téléphone, par texto, par courriel ou sur les médias sociaux; si la personne a rejeté sur vous la faute de son comportement violent; si la personne vous a dit que vous étiez fou ou folle, stupide, bon ou bonne à rien.

Quant aux violences sexuelles ou de coercition reproductive et sexuelle, on a entre autres demandé si la personne vous a obligé à vous livrer à des actes sexuels contre votre gré; si la personne a refusé d’utiliser un condom lorsque vous vouliez en utiliser un.

Les gestes de violence conjugale sont plus susceptibles d’être signalés à la police quand la victime est une femme. L'analyse met de l'avant plusieurs hypothèses pour expliquer ce constat. Premièrement, les gestes de violence subis par les femmes sont souvent plus graves que ceux subis par les hommes. En ce sens, la gravité de la violence peut faire en sorte que la dangerosité de l'événement nécessite une intervention d’urgence, ce qui pourrait expliquer pourquoi la police est davantage contactée par des femmes.

De plus, les hommes qui subissent de la violence sont davantage stigmatisés. Cela peut donc être plus difficile pour eux d'admettre être victimes de violence de la part de son ou sa partenaire.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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