Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Traverser la période des Fêtes en l'absence d'un être cher

durée 11h00
23 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le temps des Fêtes peut être une période particulièrement difficile pour les personnes endeuillées. Elles n'ont pas nécessairement le cœur aux célébrations. Il existe cependant des moyens pour «adoucir» ce moment de l'année l'absence d'un être cher se fait davantage ressentir, selon deux expertes.

La période des Fêtes, synonyme de réjouissances et de rassemblements, peut être source de stress chez les personnes ayant perdu un proche, expose la travailleuse sociale, Sophie Chartrand.

«Il y a comme une pression sociale d'être joyeux dans le temps des Fêtes», dit celle qui se spécialise dans l'accompagnement de personnes endeuillées.

Dans son cabinet des Laurentides, elle constate que l'anticipation est grande chez ses patients à l'approche de Noël.

«Souvent, les personnes en deuil me disent: ‘‘j'aimerais ça m'endormir le 22 décembre, puis me réveiller le 5 janvier, pour ne pas avoir à vivre toute cette période-là et cette pression-là’’», relate Mme Chartrand.

La psychologue Josée Jacques constate que les personnes endeuillées peuvent craindre de se faire poser des questions et de parler de ce qu'elles vivent.

Comme premier conseil, Mmes Chartrand et Jacques invitent à exercer sa liberté de choisir.

«Parfois, on s'impose beaucoup de choses dans le temps des Fêtes, mais quand on est en deuil, c'est très difficile d'être dans les grands rassemblements. Ça peut faire du bien, des fois, de se donner le droit de choisir», dit Mme Chartrand.

Cela peut s'exprimer de plusieurs manières. Oser refuser des invitations, privilégier les petits groupes ou réduire le temps que l'on passe dans un souper, par exemple, afin de respecter son énergie.

«Si j'ai de la peine et que j'ai besoin d'avoir un moment dans la nature, peut-être que je ne suis pas obligée d'aller au réveillon habituel chez une tante. Je vais réinventer ma façon de faire: me rendre dans un chalet, aller me promener dans un parc près de chez moi», mentionne Mme Jacques, qui se spécialise auprès des gens qui vivent des transitions significatives, comme un deuil.

Écouter ses besoins de solitude est important, alors que «le deuil est un travail très intérieur», mais il faut éviter de s'isoler, souligne Mme Chartrand.

Il s'agit de trouver un équilibre entre s'accorder des moments de solitude et de socialisation.

«Il n'y a pas de formule parfaite, indique Mme Jacques. S'isoler, ça peut aider dans certaines circonstances, mais ça ne nous permet pas toujours de prendre soin de nos besoins de liens ou d'affections.»

Revoir les traditions

Les deux spécialistes ont écrit ensemble, il y a quelques années, un texte portant sur le deuil et les célébrations de Noël et du jour de l'An, intitulé «Quand le temps des Fêtes rappelle l'absence».

Elles soulignent que les personnes endeuillées peuvent se permettre de revoir les traditions ou les rituels.

Il est possible de faire «les choses autrement, tout en gardant certaines traditions qui peuvent être réconfortantes», comme cuisiner le plat préféré de la personne disparue, évoque Mme Chartrand.

Prévoir des rituels personnalisés pour honorer l'être cher est aussi à considérer. «Ça peut être d'allumer une bougie au centre de la table ou d'avoir une boule de Noël en la mémoire du défunt», suggère Mme Chartrand.

Il faut éviter de faire comme si le décès n'était jamais survenu, avance Mme Jacques. Parler du défunt durant une soirée causera peut-être des larmes pendant un instant, mais cela permettra de créer des liens et, au bout du compte, faire du bien, dit-elle.

Les deux femmes recommandent également de se donner le droit d'avoir du plaisir durant cette période, malgré la présence d'une certaine culpabilité.

«Il n'y a pas une personne qui peut être dans la souffrance 24 heures sur 24, affirme Mme Chartrand. C'est vraiment important de se donner le droit d'avoir des moments de répit. Le temps des Fêtes peut permettre ça aussi, d'être un peu dans la joie, même si on n'a pas le cœur à la fête nécessairement.»

Mme Jacques invite les gens à se questionner sur ce que leur être cher aimerait voir d'eux durant cette période de célébrations.

«En général, les gens vont dire; ‘‘il m'aimait et il voudrait que je sois plus paisible ou que je profite de ce moment-là avec des gens que j'aime’’», relate la psychologue.

Être une oreille attentive

Aux proches d'une personne endeuillée qui souhaite apporter soutien et réconfort, il est recommandé d'éviter de donner des conseils. Il faut plutôt adopter une attitude de bienveillance et avoir une oreille attentive.

«C'est de respecter le rythme de chacun. Et de demander à la personne ce qu'elle souhaite, qu'est-ce qui est difficile pour elle, est-ce qu'elle a envie qu'on parle du défunt ou pas, est-ce qu'elle a envie qu'on fasse un rituel, qu'est-il qui lui ferait du bien», énumère Mme Jacques.

Elle réitère qu'il est néanmoins important d'éviter de faire comme si rien ne s'était passé.

«Juste de mentionner le nom de la personne décédée, souvent, ça fait très plaisir aux endeuillés parce qu'ils ont souvent peur que les autres autour oublient l'être cher», affirme Mme Chartrand.

Par ailleurs, Mme Chartrand estime que le temps des Fêtes peut aussi être l'occasion de réfléchir à la suite des choses pour son deuil et d'identifier les besoins pour l'année à venir. Elle rappelle qu'il existe différentes ressources offrant de l'aide et de l'accompagnement.

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge