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Transport en commun: une réduction du service peut mener à une «spirale de la mort»

durée 08h42
1 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

HALIFAX — Les villes canadiennes devraient s'adapter et donner la priorité au service si elles veulent maintenir et renforcer leurs systèmes de transport en commun à une époque de baisse de l'achalandage et de problèmes de main-d'œuvre.

Tandis que des villes comme Montréal et Halifax réduisent leurs trajets d'autobus pour économiser de l'argent ou faire face à une pénurie de personnel, un consultant en recherche sur le transport en commun et boursier postdoctoral à l'Université de Toronto affirme que ces décisions contribuent à une «spirale de la mort» des transports.

Willem Klumpenhouwer affirme que lorsque les trajets sont diminués, le transport en commun devient alors moins fréquent et pratique, ce qui entraîne une baisse de l'achalandage. Et lorsqu'il y a moins de passagers qui paient des billets, les villes perdent des revenus et sont enclines à réduire davantage les itinéraires.

C'est ce que l'on appelle une «spirale de la mort», souligne-t-il.

Ce même cycle affecte la main-d'œuvre du transport en commun, a dit M. Klumpenhouwer, car à mesure que les opérateurs de transport en commun quittent leur emploi, le personnel restant est invité à travailler plus d'heures.

 «Cela entraîne une plus grande attrition et moins d'embauches», a-t-il expliqué. 

Conditions difficiles des employés

Shane O'Leary, président de la section locale 508 de l'Amalgamated Transit Union, qui représente les opérateurs de transport en commun à Halifax, a dit que la ville avait perdu du personnel à un rythme sans précédent au cours de la dernière année, tandis que les travailleurs font face à des heures de travail prolongées et à des usagers du transport en commun contrariés par réductions de services.

M. O'Leary a donné l'exemple d'une personne en route pour le travail qui attend un autobus qui ne se présente pas comme prévu.

«Maintenant, je fais face à la possibilité d'être en retard au travail ou je m'inquiète pour la garde des enfants, et à qui dois-je m'en prendre?», A-t-il déclaré.

«Évidemment, je m'en prends à l'opérateur de transport en commun parce qu'il est le premier que je vois et je le lui reproche. C'est ce qui se passe», a-t-il soutenu, qualifiant cela de «cercle vicieux».

Le président du syndicat souligne que les interactions avec des usagers du transport en commun en colère compliquent la tâche des opérateurs, dont beaucoup travaillent de 60 à 70 heures par semaine pour gérer la pénurie de personnel en cours.

Des réductions partout au pays

À Halifax, à partir de cette semaine, trois itinéraires ont été suspendus, tandis que trois autres sont en cours d'ajustement et des trajets sont supprimés de 30 itinéraires. La porte-parole de la Ville, Maggie-Jane Spray, a fait valoir que ces réductions de service «permettront aux passagers de mieux planifier leurs voyages» et de «réduire également la charge de travail et le stress des employés pour améliorer la rétention».

À Montréal, la Société de transport de Montréal (STM) a annoncé en janvier qu'elle réajusterait certains de ses horaires en raison du «contexte actuel», ajoutant qu'elle ne pouvait plus garantir un temps d'attente de dix minutes ou moins entre les autobus aux heures de pointe. 

La STM prévoit réduire ses dépenses de 18 millions $, mais elle a assuré que cela n'affecterait pas le service.

Le budget de Toronto, qui a été approuvé à la mi-février, proposait une réduction de 5 % du service de transport en commun par rapport à l'année dernière, ou une réduction de 9 % par rapport aux niveaux d'avant la pandémie. 

M. Klumpenhouwer a déclaré que presque toutes les villes canadiennes ont connu une baisse spectaculaire de l'achalandage à cause de la COVID-19, ajoutant que de nombreuses villes voient encore moins d'usagers qu'avant la pandémie. 

La baisse de l'utilisation des transports en commun est probablement liée à l'ajustement des habitudes de déplacement et au passage au travail à distance, et il a dit que les agences de transport en commun devraient réaménager les itinéraires en conséquence.

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne